À propos de “La Marche contre l’antisémitisme”: Une erreur doublée d’une faute…


Ceux qui me connaissent le savent par cœur, je suis un opposant de longue date du Front National de Jean-Marie Le Pen, devenu le Rassemblement National de Marine Le Pen. Je n’ignore pas qu’en son sein, jusqu’à des étages élevés du parti, l’antijudaïsme est présent. Qu’il a même été, d’une certaine manière, la raison principale de l’engagement de certains militants dans ce parti. Je sais aussi – qui l’ignore aujourd’hui ? – que le FN a été cocréé avec des ex-Waffen SS, que Jean-Marie Le Pen a été condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme et apologie de crimes de guerre et crimes contre l’humanité… 

Et pourtant, je considère que le Président et le gouvernement, par la voix d’Olivier Veran, ont commis une immense faute en demandant aux organisateurs de la manifestation contre l’antisémitisme prévue dimanche, qui doit marcher entre l’Assemblée nationale et le Sénat, de refuser la participation du Rassemblement National. Ou, tout au moins, d’établir un “cordon sanitaire” (triste expression) séparant les partis “traditionnels” du RN.

Je m’explique. Je suis pour cette manifestation, je suis pour qu’elle réunisse le maximum de personnes de tous bords, de tous milieux et de toutes religions, au contraire de la première manifestation au Trocadéro, à l’instigation du CRIF, qui n’avait réuni pour l’essentiel que des membres de la “communauté juive”. Le mot d’ordre de Yaël Braun-Pivet (elle-même victime permanente d’un antisémitisme crasse) et de Gérard Larcher n’évoquait pas les Partis mais les citoyens de tous horizons voulant dire stop à l’antisémitisme. 

On ne peut pas être dupe sur la tentative de certains partis, dont le RN, de se saisir de ce sujet brûlant de l’antisémitisme pour faire avancer leurs pions sur l’échiquier politique national, ce qui – on en convient – n’est pas la question. Mais reproche-t-on à EELV, qui va participer, ses positions plus qu’ambigües sur Israël et son droit à se défendre ainsi que son invitation de Médine ? Pense-t-on sérieusement que l’ex-Macroniste et ami des islamistes Taché a plus sa place dans cette manifestation que Marine Le Pen, irréprochable, contrairement à son père, par rapport aux Français de confession juive ? Et Olivier Faure qui, a longueur de tweets, s’aligne sur les positions anti-israéliennes radicales de LFI pour sauver la Nupes et sa voiture de fonction, pense-t-on à l’exfiltrer du cortège où il risque de rencontrer certains problèmes (euphémisme) ? Quant au PCF du sémillant Roussel, qui a invité le ban et l’arrière-ban des mouvements terroristes palestiniens à la fête de l’Huma, journal plaidant 365 jours sur 365 pour le mouvement BDS et relayant les mots d’ordre d’éradication de toute présence juive en terre d’Israël de la mer au Jourdain, doit-on leur demander de rester chez eux ou d’aller à la piscine ? Non, bien sûr ! On ne sonde pas les reins et les cœurs dans un tel contexte, faire nombre doit être la seule règle envisageable ! 

Présence ou absence ?

Et puis parlons de LFI ! Qu’est-ce qui est le plus scandaleux : voir le RN manifester pour la République et contre l’Antisémitisme ou accepter que le parti-secte de Mélenchon refuse de s’y associer ?

La réponse est dans ma question. Sur LCI ce matin, l’imam de Bordeaux a dit que participer à une manifestation de cet ordre, transpartisane et transreligieuse, de soutien à une communauté qui a subi à cette heure plus de 1 200 actes odieux contre elle sur le sol français (officieusement au moins 2 800), était “une obligation morale“. On peut donc en conclure que LFI ne se sent pas obligé et n’a pas le premier sou de cette morale nécessaire pour contester dans la rue les effets pervers et secondaires d’une guerre contre le Hamas pour lequel, il est vrai, il ne cesse de prendre parti, tandis que Mélenchon passe son temps à écrire des tweets odieux dénonçant en creux les Juifs, ses patrons de médias, ses relais d’opinion, ses prétendues forces qui agissent dans l’ombre contre la France et les “vrais” Français… Du Doriot dans le texte ! 

Enfin, je voudrais tordre le cou à une info qui est reprise sans fin depuis deux jours dans les médias. Mélenchon et Le Pen qui avaient voulu manifester après le meurtre de Mireille Knoll de la Place de la Nation à l’Avenue Philippe Auguste, en passant par le Boulevard Voltaire, auraient été tous deux copieusement sifflés et hués par les manifestants avant d’être promptement exfiltrés pour éviter de mauvais coups, ou pire encore… 
Il se trouve que j’étais sur place, Boulevard Voltaire, quand l’un après l’autre sont arrivés à quelques dizaines de mètres de moi, Mélenchon arrivant en petit comité (avec deux nervis, Clémentine Autain, Adrien Quatennens et quelques autres) par la rue des nouveaux immeubles industriels. 
Oui, presque aussitôt nous avons entendu des gens huer et siffler. “Ces gens” c’était pour l’essentiel des militants de la Ligue de Défense Juive qui, j’en suis témoin, ont applaudi Marine Le Pen et ont même tenté de l’entourer pour la protéger quand celle-ci répondait aux questions d’un JRI pour le journal de 20h de France2. Je ne peux pas dire que j’en aie été heureux mais, par souci d’honnêteté intellectuelle, je me dois d’affirmer que seuls donc les membres de LFI ont été hués et cela n’a pas duré plus de deux ou trois minutes puisqu’ils ont aussitôt tourné les talons et ont décampé.    

La vérité est qu’on ne peut rien attendre de Mélenchon et de son Parti qui n’ont même pas pu caractériser de “terroriste” le massacre du 7 octobre et ont justifié de parler de “crime de guerre” car il fallait – comme l’AFP et d’autres – éviter d’utiliser le mot “terrorisme”. Combien de médias ont-ils vraiment travaillé la question quand ils ont interrogé des membres de LFI ? Si cela avait le cas, ils leur auraient rappelé que Mélenchon lui-même, après l’attentat il y a quelques mois contre des kurdes à deux pas de son appartement parisien, avait écrit : “”Tristesse et colère devant l’attaque terroriste visant le centre culturel kurde Ahmet Kaya à Paris. Il y a 10 ans presque jour pour jour, étaient assassinées trois dirigeantes kurdes en plein Paris. Ça suffit ! Protection de nos alliés kurdes ici et là-bas”.  L’adjectif terroriste était donc alors parfaitement utilisable et légitime !

Un rejet contre-productif

Bref, revenons à la manifestation. Appeler à manifester en nombre et considérer qu’un Parti arrivé par deux fois au second tour des élections présidentielles, disposant de plus de soixante députés et représentant grosso modo un tiers de l’électorat français, n’a pas sa place dans une telle manifestation est une erreur doublée d’une faute… 
A cette heure, et en particulier depuis le 7 octobre, j’entends des amis de confession juive me dire qu’ils voteront sans doute, la prochaine fois et pour la première fois, pour Marine Le Pen. Parmi eux, il y en a même qui ont voté à gauche toute leur vie… La conséquence du désarroi, de la solitude, de la peur, qui les envahissent chaque jour un peu plus. 
De la colère aussi face au comportement odieux de la gauche sectaire et quand ils constatent tristement que 40 des leurs ont été assassinés sur le sol israélien le 7 octobre, sans deuil ni hommage national à l’heure où j’écris ces lignes, tandis que 8 ou 9 sont aux mains du Hamas dans les tunnels de Gaza. Leur stupéfaction suivie de larmes s’est transformée en une colère sourde d’être à nouveau sur le sol français les victimes de l’antisémitisme islamiste. 

Cette manifestation promettait de mettre un peu de baume sur leurs plaies… L’erreur et la faute du Président, dont on ignore s’il descendra dans la rue comme Mitterrand le fit pour “l’affaire de Carpentras” me semblent aussi patentes que terribles ! 

© Geka

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5 Comments

  1. Mitterrand est descendu à Carpentras dans la rue uniquement pour manifester contre la Droite et non pour les Juifs. Je m’étais refusé, avec des amis, de participer devant cette récupération abusive (une fois de plus..).

  2. Macron continue sa politique d ‘éliminations de ses adversaires politiques au lieu de rassembler la nation.
    L ‘ antisémitisme est utilisé par l ‘ extrême centre pour affaiblir ses oppositions.

    Un exemple :
    ” Antisémitisme : Emmanuel Macron cible les ambiguïtés du RN et de LFI ”
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/emmanuel-macron-president/antisemitisme-emmanuel-macron-cible-les-ambiguites-du-rn-et-de-lfi-2027643

    Dans l ‘antisémitisme c ‘est comme dans le cochon : rien ne se perd, tout est bon.

  3. Belle analyse, fouillée, argumentée, avec laquelle je suis en phase. Et pourtant, tout comme vous, je n’ai pas la moindre once de sympathie pour le RN et la “sphère” Le Pen.
    Cette manifestation doit permettre au peuple de France de hurler son rejet de ce cancer qu’est l’antisémitisme ; et ce quelles que soient les opinions politiques forcément diverses de tout un chacun. Point barre. En lui donnant une coloration de politique politicienne basée sur de l’exclusion de certains Macron prouve une fois de plus qu’il est à des années-lumière de l’âme de notre peuple.

  4. Il apparaît de plus en plus évident que cette manifestation voulue par les présidents des deux Chambres est une manœuvre politique destinée à déconsidérer le RN .
    Ses deux organisateurs attaquent le RN, de même Faure, Macron, et d’ autres politicards. J’ apprends que le CRIF embraye sur ces attaques.
    Cette manifestation est un coup monté.

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