Daniel Sarfati. Leonard Cohen et Dominique Issermann: “I’m your man” 

Il n’y a pas que Suzanne et Marianne. 

Il n’y a pas que Janis Joplin rencontrée au Chelsea Hotel. 

A Hydra, en 1982, Leonard Cohen fait la connaissance de la photographe française Dominique Issermann. 

“_ Isserman, c’est un nom juif ?

    _ Mon père était juif, ma mère non. 

    _ Vous êtes donc à moitié non juive. 

    _ Oui, c’est ça. 

    _ Pourquoi vous ne viendriez pas dîner chez moi demain soir ?”

Leonard et Dominique vont avoir une relation amoureuse et professionnelle qui va durer sept ans. 

Dominique Issermann va réaliser plusieurs clips des chansons de Leonard Cohen. 

Dans l’un de ces clips, un train, des valises, des hommes en manteaux, qui vont vers le néant. 

“J’ai imaginé ce type, une sorte de leader charismatique qui pouvait emmener les foules, comme le Joueur de flûte de Hamelin.  Ce clip, c’est un peu ça : il les emmène, tout le monde lâche ses valises. A la fin, il les laisse sur la plage et ces gens partent vers nulle part, sans rien”.

Les chansons de Leonard Cohen sont hypnotiques. 

Mais ces valises abandonnées sur le quai d’une gare, ce train qui part, avalé par un gouffre ?

“Je n’y ai pas pensé au début, mais oui, cela renvoie aussi à la déportation, notre héritage commun”.

Leonard Cohen met deux ans à écrire et composer la chanson “Hallelujah”.

Il la reprend inlassablement. 

Il accumule les strophes. 

“Cette chanson, ça doit être la quarantième version que j’entends… “, se plaint Dominique. 

Leonard lui répond :

“Ce qui est dur, ce n’est pas de trouver les mots. C’est d’enlever les mots inutiles”.

Dominique va essayer d’apprendre le français à Leonard. 

Un français sans l’accent québécois auquel il est habitué. 

Ce qu’il affectionne particulièrement, ce sont des expressions comme “clair comme de l’eau de roche”, ou “le cul bordé de nouilles”.

Lui, n’a pas l’impression d’avoir le cul bordé de nouilles, plutôt d’être l’éternel loser. 

Leonard Cohen avait reçu une véritable éducation juive au cours de son enfance à Montréal.

Le Shabbat, Il allumait les bougies et faisait un repas en famille. 

Il lisait régulièrement des textes hébraïques. Mais c’est dans le bouddhisme qu’il va chercher des réponses autres que chimiques à sa profonde dépression. 

Cette pratique bouddhiste va s’accentuer après sa séparation avec Dominique Issermann. 

En 1988, Leonard Cohen lui dédicacera son album : “I’m your Man”.

All these songs are for you, D.I

© Daniel Sarfati

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. Les billets de Daniel Sarfati sont toujours intéressants , abordant un sujet personnel mais aussi universel qu‘il sculpte de sa plume élégante , tantôt humoristique ou ironique sans jamais une once de mepris , tantôt bouleversante , suscitant l’émotion du lecteur et sa réflexion .

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*