Michèle Chabelski. Mon admiration pour “Anatomie d’une chute” de Justine Triet

Bon

Lundi

  A star is born

 Non je ne vais pas évoquer un remake du célèbre film.

 Je veux juste tenter de vous faire partager l’admiration que m’a inspiré:

    “Anatomie d’une chute”

  De Justine Triet

 Avec Sandra Hüller

Swann Arlaud

Milo Machado Graner

Un film transgenre en quelque sorte:

   Un thriller au départ, avec classiquement un mort et une question : suicide ou assassinat ?

 Qui change rapidement de genre en devenant l’autopsie d’un couple qui s’est aimé mais s’est fait écraser par le temps, l’asymétrie des chemins parcourus, la jalousie, la violence, l’usure érotique…

 Le tout avec pour témoin le fils, Daniel , 11 ans, qui remplace son regard mutilé par une écoute  d’une sensibilité d’exception relayée par une maturité hors du commun.

  Alors bien sûr on pourrait parler de “film procès”  puisque l’essentiel des scènes ont lieu dans un prétoire.

 Justine Triet voulait être avocate. 

Elle a bien fait de changer d’itinéraire professionnel puisqu’elle est une cinéaste virtuose. 

Mais toujours passionnée par les salles d’audience et le vol en piqué des formules et des ripostes entre l’accusation et la défense.

   Un procès vise en général à établir la vérité.

   Il n’en sera rien ici.

    On ne saura jamais vraiment comment est  tombé Samuel dans une chute qui lui a coûté la vie.

  On s’en passera.

    Il y a certes une fin  que je ne vous dévoilerai pas, bien entendu, mais de vérité décryptée, point.

  Peu importe. 

  On aura passé 2 h 30 d’intense bonheur cinématographique étoilées du brio de Justine Triet et de son co-scénariste et mari, Arthur Harari.

    Le procès de cette femme accusée de meurtre en présence de son jeune fils devient presque immédiatement le procès d’un couple qui s’est perdu.

 Et la virtuosité de la cinéaste transparaît à chaque plan quand elle vrille son scalpel dans les entrailles du couple que l’amour semble avoir déserté.

Elle fouille, fore, fourrage, incise et crève les abcès avec un talent qui laisse le spectateur scotché à son fauteuil.

  Film qui ne cache pas son coté féministe dans un combat où la faiblesse est incarnée par un homme dépressif, instable, dépourvu de l’ossature psychique qui  permet de se réaliser, un homme qui se perçoit comme   un raté face au succès professionnel de son épouse, et qui rumine en outre une culpabilité dont on connaîtra rapidement l’origine.

   Froideur d’un procès piloté par un avocat général implacable vs la brûlure interne d’un couple disloqué dont les éclats éprouvent durement le jeune fils…

  La fabuleuse Sandra Hüller, actrice allemande, impose au film l’anglais qui est la langue commune de la jeune femme et de son compagnon.

 Cette langue ne trouble en rien les dialogues parfaitement sous titrés, elle ajoute au contraire une humanité à cette femme exilée sur une terre qui n’est pas la sienne.

 A la fois hiératique, calme, exprimant avec une apparente sincérité ses réponses dans une langue  qu’elle ne maîtrise pas puisqu’on l’oblige à parler français, durement secouée par les preuves présentées inopinément à la Cour, elle traverse le film en lui offrant une sensibilité  et une beauté qui met en lumière la relation toxique qui l’oppose à son mari.

 L’enfant tente de diluer sa souffrance dans le piano dont il égrène les notes de manière obsédante, répondant en écho à la musique tonitruante qui donne le la à ce film…

 Tous les acteurs mettent leur âme et leurs tripes dans leur incarnation de personnages carbonisés de douleur… Swann Arlaud, l’avocat, convaincant même en anglais, Milo Machado Graner promis à un magnifique carrière malgré son jeune âge, Antoine Reinartz, avocat général aussi onctueux que cinglant, et bien sûr Sandra Hüller qui aurait mérité une récompense à elle toute seule. 

Mais la Palme d’Or interdit toute autre récompense au film primé.

  Récompense bien méritée.

   Il est depuis cette semaine sur les écrans. 

N’hésitez pas…

© Michèle Chabelski

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