Le Thriller de l’été. “Liquidation à Pôle Emploi”, de Judith Bat-Or

Putain, tu commences à faire chier ! s’énerve Hugo dégrisé. Tu comprends pas le français ?! C’est vrai quoi, il l’a clairement envoyée paître. Poliment mais clairement. Alors, pourquoi insister ? Pourquoi le harceler ? Lui qui n’aspire pourtant qu’à quelques instants, pas volés, de plaisir innocent. Boire un coup devant la télé en se grattant les couilles après cette journée mouvementée, tellement chargée en émotions, c’est pas la lune non plus. Il a perdu sa mère quand même !

Blague à part, il n’a pas envie de réfléchir maintenant. Et de stratégiser. Alors, Laulau, zou, au dodo ! Arrête de me les brouter. Les poules, ça doit se coucher tôt. Et se tenir à carreau ! Si ça veut faire de vieux os… Remarque, pour lui, il vaudrait mieux qu’elle n’en fasse pas, des vieux os. Vu le genre de bonne femme, à lui prendre le chou et à fourrer son nez partout. Peut- être qu’il devrait d’ailleurs lui régler son compte sans tarder. Battre le fer tant qu’il est chaud. Parce qu’elle est chaude, en plus, Laulau ?! plaisante-t-il au passage. Eh bien, il se fera une joie de la refroidir. Mais pas ce soir, pitié ! Pas dans la précipitation. Il ne veut pas bâcler le travail. D’autant qu’il a la vie devant lui – Ce qui n’est pas le cas de toute le monde –, des kilomètres d’avance – avec tout ce qu’il sait et qu’elle ignore encore… Et surtout, il a trop la flemme ! D’un autre côté, agir vite pourrait lui épargner pas mal de complications. Éliminer la pouffiasse, avant qu’elle ne bavasse. Ça, c’est bien dit, petit ! Les vieilles peaux parlent toujours trop. Quel dommage de devoir choisir entre cœur et raison ! Ambition et bonheur. Les destins d’exception exigent tant de leurs serviteurs ! Dévotion, sacrifices…

Voilà, elle a gagné ! Elle lui a ruiné sa soirée. Il doit se remettre au boulot. Étudier ses options. Et préparer son plan d’action. Pas de repos pour les braves. Allez Hugo, courage !

Voyons, quelles sont les options ? Premièrement, le silence. Il coupe le jus, et basta. Misant sur l’effet lassitude. Elle finira par accepter que sa copine ne soit plus là. Y avait Zaza. Y a plus Zaza. C’est aussi simple que ça. Simple, mais dangereux. Cette espèce de Laulau, visiblement impraticable, risque de rappliquer ici à l’improviste. Le poussant à trouver une solution à l’arrache. Et si elle ameute les voisins ! Décidément trop dangereux. Option silence rejetée. D’accord, alors, répondre. Mais quoi ? Bon dieu ! Quelle prise de tête ! Il doit en terminer une fois pour toute avec elle. Aux grands maux les grands remèdes. Il n’y peut rien. Elle l’y oblige. Elle n’avait qu’à pas s’immiscer dans ses histoires de famille. Donc, comme ça, madame l’emmerdeuse, on veut accompagner Zaza ?…

Mais oui ! Bien sûr ! Évidemment ! Comment n’y a-t-il pas pensé immédiatement ? Pourtant, en offrant à Zaza de l’emmener à l’aéroport, elle lui a tendu une belle perche. Il accepte la proposition. Lui demande de venir la chercher demain à huit heures. Elle se pointe, sonne à l’interphone. « C’est Laulau, je suppose ? » lui dit-il, tout gentil garçon. Bien élevé jusqu’au bout des ongles. « Entrez, je vous en prie. Maman se pomponne encore. » Il lui ouvre à distance, l’attend, planqué derrière la porte. Et boum !, d’un coup sur la tête, il liquide la Laulau. Et avec elle, tous ses problèmes. En plus, une excellente manière de démarrer la journée ! Cette perspective le ravigote. Finalement, il aime bien bosser. Puis, le soir, en rentrant, il torche les obsèques. Enterre cette Laulau à côté de sa mère. Laulau et Zaza forever. Comme ce sera touchant ! Les vieilles gâteuses inséparables ! D’ailleurs, pourquoi à côté ? Pourquoi ne pas optimiser l’occupation de l’espace ? Il n’aura qu’à la jeter dans le même trou que sa Zaza. Après, ce n’est plus ses oignons. Elles y feront ce qu’elles voudront.

Sur ce clin d’œil cochon, il respire enfin, rassuré. Content de sa décision. L’exécution rapide et sans préliminaires sera moins jouissive que la mise à mort longue avec tortures préalables dont il aurait rêvé, mais il doit s’y résoudre. On ne fait pas toujours ce qu’on veut. Et ce n’est que partie remise. Il aura d’autres occasions. Ah oui ?! s’arrête-t-il, surpris par cette certitude apparue de nulle part. Pas le temps, maintenant, Hugo. On en reparlera. Il saisit le portable pour rédiger son message.

Mercredi 10 avril, 20h00

Oh merci, ma Laulau, d’accord. Bien sûr, si ça ne te dérange pas. Mais c’est vraiment gentil. Viens boire un café, tranquille, à la maison, à 8h. Et après tu m’emmèneras…

Elle l’emmènera où ? À Roissy ou Orly ? À quelle heure est son vol ? Et la destination ? Il doit vérifier sur le site Aéroports de Paris les départs autour de midi. Sauf qu’il n’a pas envie d’allumer son ordi. Mais ce n’est pas la peine non plus. Pourquoi se casser la tête ? Personne ne lui a demandé d’entrer dans les détails. « Après tu m’emmèneras. » Point. Et si elle veut en savoir plus, Zaza lui racontera demain en mangeant les croissants. Bonne idée les croissants ! Pour son petit déjeuner. Il les trempera dans son café en pensant à maman. « Et n’oublie pas les croissantsJ», tape-t-il, tout excité. Plan parfait. C’est plié. Laulau sera ravie et lui fichera la paix. Lui pourra retourner à son programme télé. Et demain est un nouveau jour. Envoyé.

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