Richard Prasquier. Vladimir Kara-Mourza 

Vladimir Kara-Mourza 

Il a 41 ans, il est Russe orthodoxe, mais son nom, qui signifie “prince noir”,  témoigne d’une ascendance tartare. Son père était déjà un défenseur des droits de l’homme  et sa mère, dit-on, est juive. Emprisonné depuis un an, il vient d’être condamné à  Moscou à 25 ans de régime carcéral sévère pour haute trahison, donc, à terme, vraisemblablement à la mort, chez cet homme déjà handicapé par une neuropathie périphérique, séquelle non pas de une, mais de deux tentatives d’empoisonnement, en 2015 et en 2017 et qui a déjà perdu 20kg en prison.

Vladimir Kara Murza avait été arrêté en avril de l’an dernier pour désobéissance à la police et dissémination de calomnies sur l’armée russe. Puis, sans argument nouveau, on y a ajouté la rubrique de haute trahison, ce qui a donné un prétexte à l’extrême sévérité de la peine.

Son épouse, Evguenia, que j’ai rencontrée au gala de UN Watch où Vladimir Kara Mourza était honoré, est réfugiée aux États Unis avec leurs trois enfants.  Elle explique aujourd’hui que son mari, à qui ses amis avaient conseillé de partir, ne se sentait pas le droit moral de protester de l’extérieur en abandonnant ceux qui luttaient  contre la dictature à l’intérieur de la Russie . Evguenia reprend les mises en garde de son époux contre les tentations d’apaisement: « Satisfaire les dictateurs ne mène jamais à rien. Poutine attaquera de nouveau. Et si ce n’est pas l’Ukraine, la fois prochaine, ce sera la Moldavie ou un autre pays».

Kara Mourza est un militant de toujours de la démocratie parlementaire, longtemps journaliste dans le monde anglophone, proche du chef de l’opposition politique, Boris Nemtsov, qui fut assassiné près du Kremlin  en février 2015.  Il a contribué à l’adoption par le Congrès américain d’une loi, dite loi Magnistky en l’honneur de ce juriste russe qui, pour avoir dévoilé un réseau de fraude fiscale impliquant les plus hauts niveaux de la société fut arrêté, condamné, torturé  et laissé à agoniser en prison. La fermeté  de Vladimir Kara Mourza avait tellement impressionné à l’époque le sénateur John Mc Cain que ce dernier, sachant  sa mort prochaine,  avait demandé qu’il  soit l’un des porteurs de son cercueil.

A son procès, il a non seulement refusé de plaider coupable, mais, depuis la cage où il était enfermé, il prononça  à l’issue du verdict quelques phrases admirables qui ont pu être retranscrites et diffusées. Son seul regret, disait-il entre autres, était  de ne pas être parvenu à convaincre un nombre suffisant de ses concitoyens du danger que représentait  Poutine pour son pays et pour le monde.

La détermination de Kara Mourza évoque celle, plus spectaculaire médiatiquement, de Alexei Navalny, lui aussi emprisonné, mais pour une durée théoriquement nettement moins longue. Alors qu’on a pu extraire des éléments nationalistes dans le discours de Navalny et l’attaquer sur ce thème, cela n’a jamais été le cas avec Kara Mourza. 

Celui-ci fait penser à un autre prisonnier indompté, Natan Sharansky, incarcéré entre 1979 et 1986. La comparaison n’est pas fortuite. Vladimir Kara Mourza, dans sa jeunesse, est allé en Israël interviewer Sharansky,. De plus, son avocat a dit après le procès que son livre de chevet en prison  était l’ouvrage de Sharansky  sur son expérience pénitentiaire,  Fear no evil, « Je n’aurai pas peur » (d’après les paroles d’un Psaume).. Un des messages forts de ce livre est « rien de ce que les autres me font ne peut m’humilier, mais je pourrais éventuellement m’humilier moi-même si je n’agissais pas de façon digne. C’est une règle de vie exigeante, soigneusement respectée.

Interrogé à l’issue du procès de Vladimir Kara Mourza, Natan Sharansky a souligné que dans les années 80, le KGB d’Andropov et le régime soviétique lui-même n’avaient plus tout à fait le caractère impitoyable qu’ils avaient revêtu à l’époque de Staline. Malheureusement, ajoute-t-il, “je crois que peu à peu on se dirige en Russie vers la terreur des années 30”.

Ce sont là des paroles qu’il convient de méditer. Pour ceux qui renvoient dos à dos Russie et Ukraine, et pour ceux qui osent dire, comme je l’ai entendu,  que au fond , et contrairement aux Occidentaux, ni les Russes, ni les Chinois, ni les Iraniens n’ont jamais colonisé d’autres peuples, il faut qu’ils assument que les modèles nationaux de ces pays,  Staline, Mao et Khomeiny figurent parmi les grands assassins de leur siècle.

Honneur par contraste à l’homme inconnu qui tente d’arrêter un char sur la place Tien an Men, honneur à la manifestante anonyme iranienne, honneur à Vladimir Kara Mourza, héros d’une liberté dont, dans nos pays privilégiés, nous risquons d’oublier le goût.

© Richard Prasquier

https://world.hey.com/richard.prasquier

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6 Comments

  1. C’est tout ce que vous avez à raconter sur la Russie ? C’est vraiment de la petite propagande, du très bas niveau. Des arguments minables, insuffisants, inintéressants et surtout, l’aveu que vous êtes entièrement accaparés par votre mission de désinformation pro yankee. Ce qui est bien normal, venant d’une bande de fanatiques décérébrés comme vous l’êtes. Et c’est sûrement lucratif : ça rapporte combien à votre torchon ? On attend votre prochain article sur la profanation de la mosquée Al Haqsa. Il serait bon, que vous continuiez à cracher sur les palestiniens aussi, ne perdez pas le rythme !

    • Notre « torchon » est bien supérieur à tout ce que vous avez lu dans votre vie de fanatique !Votre haine pour Israël peut grandir et grossir mais, vous le savez bien, on s’en fout , on vous laisse vous défouler et puis on vous écrase !

  2. Etant un fan total d Yves Robert , je me souviens qu il avait crée un personnage nommé lui aussi ” Boully” , avec de gros bras et un petit pois a la place de la cervelle 🤠 mais sans la haine gratuite et nauseabonde que celui d aujourdhui nous impose .

  3. @boully @andre mamou Vous êtes aussi incohérents l’un que l’autre. Je trouve qu’il existe beaucoup de similitudes entre la propagande antisioniste et la propagande russophobe : bourrage de crânes haineux et diabolisation 24 h sur 24, réécriture complète de l’histoire, informations tronquées, méconnaissance du sujet (je doute fort que Richard Prasquier se soit beaucoup documenté sur la société et l’histoire russes contemporaines). Je ne suis pas un fanatique pro russe et vivre à Vorkouta n’est pas du tout mon idéal de vie, mais je suis parfaitement cohérent avec moi-même parce que je soutiens Israël et suis donc un ennemi des gouvernements racistes, antisémites et pro islamistes de l’Eurofascisme, du Royaume Désuni et des USSA et de l’idéologie fasciste qui y règne. Sans même parler des ukro nazis (qui sont une réalité secondaire par rapport au reste), une victoire militaire de l’OTAN (*) serait une victoire de tot ce qui existe de pire sur terre y compris des islamistes et antisémites désormais affublés du titre de “progressistes”.Je vous renvoie à l’article de Bat Ye’or que TJ avait publié.

    (*) qui n’arrivera pas :désolé d’en décevoir certains

  4. @Kinski ,
    Vous y allez un peu fort en comparant la propagande antisioniste , gorgée de petrole et d ideologie pseudo victimaire a celle qui effectivement accable la russie aujourdhui .
    Certes , l information vraie a presque totalement desertė les salles de redaction au profit du deroulement de differents ” feuilletons insipides ” qui instillent des ” informations” triées ou manipulées , voire carrement escamotées.
    Ces logorrhées ecrites au kilometre , et parsemées de données et d analyses orientées n ont pour seul but que de capter l attention du client/ auditeur/lecteur pour vendre les espaces publicitaires et le gloubi boulga qui sert les interets de nos maitres .
    Neanmoins il est impossible de comparer l injustiçe mediatique et politique que subit notre cause juive et sioniste de la part du monde chretien , qui n est qu un des prolongement de l enseignement du mepris, avec le comportement colonial d un regime russe despotique au dela de toute caricature , un regime violent , dedans et dehors ,qui persecute et assassine ses opposants , qui continue a menacer ses voisins , les attaque militairement , lorsque les methodes ignobles du FSB ne suffisent pas a obtenir leur allegeance .
    Bref vous avez compris , que , pour la premiere fois , je n etais absolument pas d accord avec la grande Bat yeor sur ce sujet .
    Sur le regime ukrainien , je n ai rien a dire , ce peuple gorgé d antisemitisme visceral m indiffere et leur sort m importe peu , mais il faut admettre qu ils ont exprimé une volonté de vie nationale qui merite d etre respectée .
    Bien cordialement
    TA

  5. @T Amouyal
    Je n’ai pas dit que la propagande antisioniste/antisémite et que la propagande russophobe étaient similaires !…mais qu’il y avait des similitudes. Je connais suffisamment bien la société et l’histoire russes pour ne pas accorder le moindre sérieux à toutes les logorrhées sur la “dictature” russe du “diable” Poutine sans pour autant prétendre que la Russie et Israel c’est la même chose ! Et pour les raisons évoquées plus haut et par d’autres que moi, il me semble indubitable que la victoire de l’OTAN (qui de toute façon n’aura pas lieu) serait une catastrophe pour l’humanité. Quand on connaît l’histoire russe contemporaine on ne peut nier un instant (sans pour autant approuvef la guerre en Ukraine) que la Russie des années 2020 se porte INFINIMENT mieux que la Russie des années 90 (qui était l’enfer sur terre).

    A l’inverse les dirigeants étasuniens et européens n’auront laissé pour souvenirs (en plus des nombreuses guerres qu’ils ont provoquées comme c’est le cas en Ukraine ou livrées eux-mêmes et la liste serait longue) que la collaboration active avec les nazis islamistes et décoloniaux, la barbarie (même sur des enfants comme ceux assassinés par Mohamed Merah ou la petite Lola) et la destruction systématique de tous les progrès acquis pendant des siècles : ils laisseront leurs pays dans le même état que ce qu’était la Russie des années 90.
    Très cordialement et amicalement.
    Charles Kinski

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