Jeannette Bougrab. Un cri de soutien pour les Iraniennes et de rage contre les néoféministes occidentales

«Il ne faut pas se tromper sur le sens du voile. Il n’est ni un phénomène de société, ni un artefact de mode. Il sert une politique délibérée de genre qui a pour but d’asservir l’esprit et le corps féminin.»

Mahsa Amini est décédée le 16 septembre après avoir été arrêtée par la police des mœurs en Iran pour «port de vêtements inappropriés». L’ancienne secrétaire d’État souligne le courage des Iraniennes et déplore l’ignorance, voire la complicité, de mouvements occidentaux, qui voient dans le voile un signe de liberté des femmes.


“Ils ont tué mon ange”


«Ils ont tué mon ange» c’est le cri poignant d’une mère apprenant la mort de sa fille chérie, Mahsa, arrêtée quelques jours plus tôt par la police des mœurs en Iran. Son crime ? Quelques mèches de ses magnifiques cheveux bruns dépassant de son hijab.
Mahsa avait vingt-deux ans et la vie devant elle. Elle était kurde, originaire de l’ouest du pays. Elle était juste venue à Téhéran avec son frère pour voir de la famille avant sa rentrée universitaire. Mais à peine sortie de la station de métro, Mahsa fut brutalement arrêtée par une patrouille de la police des mœurs. Son frère a bien tenté d’empêcher l’arrestation arbitraire de sa sœur, suppliant la police, tentant d’expliquer qu’ils ne sont pas de Téhéran, qu’ils ne connaissaient personne. Mais ils n’ont rien voulu entendre. Le jeune homme fut passé à tabac et sa sœur jetée dans le fourgon de police où les coups ont commencé à pleuvoir.
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La police des mœurs est l’un des bras armés au service des Mollahs pour faire régner la terreur. Elle emploie des milliers d’agents de patrouille et ses effectifs n’ont eu de cesse de croître depuis sa création en 1979. Placées aux carrefours des rues, ces brigades mixtes se saisissent ainsi de toute passante habillée trop court, trop serré, trop découvert, autrement dit insuffisamment «pudique». Celles qui pratiquent le «bad hijab», qui s’affichent dans les lieux publics sans une parfaite tenue islamique, s’exposent aux sanctions prévues par l’article 638 du code pénal qui dispose: «Quiconque viole explicitement un tabou religieux en public en plus d’être puni pour l’acte doit également être emprisonné de dix jours à deux mois, ou doit être fouetté de 74 coups».
C’est pourquoi, quand je vois ces grandes marques occidentales de vêtements se lancer à coups de renfort publicitaire sur le créneau de la mode pudique, j’en ai la nausée car ils sont les complices de facto de ce qui se passe là-bas en banalisant ce qui est le symbole de l’enfermement du corps de la femme.

Car il ne faut pas se tromper sur le sens du voile. Il n’est ni un phénomène de société, ni un artefact de mode. Il sert une politique délibérée de genre qui a pour but d’asservir l’esprit et le corps féminin. Ce n’est pas un hasard si l’une des premières décisions prises par l’Ayatollah Khomeiny en accédant au pouvoir après quinze années d’exil fut d’imposer le port du hijab à toutes les femmes, et ce le 7 mars 1979, la veille de la journée internationale du droit des femmes instituée par les Nations unies deux ans avant. Alors, j’ai l’impression d’être en «Absurdie» lorsque j’entends en France que le voile serait une affaire de choix volontaire et qu’il participerait à l’émancipation des femmes.

Peu de temps après son arrivée au poste de police, Mahsa est transportée d’urgence à l’hôpital. Sa famille bouleversée a pu lui rendre visite avant qu’elle ne succombe. À l’heure des smartphones et des réseaux sociaux, il est difficile de cacher ce qui se passe au pays des Mollahs. Pour dénoncer l’infâme injustice dont leur enfant chérie fut victime, ses parents ont publié sur les réseaux sociaux les photos de Mahsa intubée sur son lit d’hôpital.

Depuis, on le sait, un mouvement de colère et de révolte a éclaté dans tout le pays. À l’Ouest à Sanandaj, capitale de la province du Kurdistan, à Saghez dont Mahsa est originaire ou encore à Téhéran dans les universités. Des femmes soutenues par des hommes retirent leur voile et le brûlent au cri de «mort à la République islamique». La police réprime violemment toutes ces manifestations, on compte plusieurs morts parmi ces personnes éprises par-dessus tout de liberté.
La cruauté de ce régime à l’endroit des femmes s’est intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrémiste religieux Ebrahim Raisi. En effet depuis le 5 juillet, une loi «sur le hijab et la chasteté» est entrée en vigueur. Elle impose de nouvelles restrictions vestimentaires aux femmes. Le foulard obligatoire ne doit plus seulement couvrir la tête, mais également le cou et les épaules. Le président a appelé à une application des plus strictes du code vestimentaire.
Les Iraniennes qui publient des photos d’elles sans hijab sont privées de droits sociaux pour une durée de 6 mois à un an. L’accès aux services publics est refusé pour celles qui ne respectent pas les nouvelles règles vestimentaires.
Le 12 juillet a été déclarée «Journée nationale du hijab et de la chasteté». Les femmes fonctionnaires peuvent être renvoyées si leurs photos de profil sur les réseaux sociaux sont jugées non conformes à la charia. Les Iraniennes qui publient des photos d’elles sans hijab sont privées de droits sociaux pour une durée de 6 mois à un an. L’accès aux services publics est refusé pour celles qui ne respectent pas les nouvelles règles vestimentaires. À Machhad, on a interdit aux femmes rebelles l’accès au métro.
Les arrestations se multiplient, facilitées par l’utilisation du nouvel outil technologique de reconnaissance faciale. Et pourtant les femmes n’abandonnent pas. Elles continuent de se photographier sans foulard. Elles ont même la témérité de publier ces photos sur les réseaux sociaux et ce malgré les risques encourus.
Sepideh Rashno, écrivaine et artiste en sait quelque chose. Elle a été arrêtée après avoir été filmée dans un bus sans son voile. Battue et torturée en détention, elle a été contrainte de présenter des excuses à la télévision. Dans les geôles iraniennes, le respect des détenus n’existe pas. Les témoignages de celles qui y sont passées sont glaçants. On les menace de les couper de leur foyer, de les faire renvoyer de leur travail. On les traite de hontes nationales, de collaboratrices de l’Occident, de prostituées. Elles sont injuriées. Elles reçoivent des coups. Elles subissent des attouchements sexuels. On les rackette. On convoque leurs proches. On accepte in fine de les libérer moyennant le versement d’une caution astronomique. Les familles étant le plus souvent dans l’incapacité de payer cette rançon légale, les femmes sont contraintes de rester embastillées comme le note tristement l’avocate Nassrin Sotoudeh, elle-même condamnée en 2019 à douze ans de prison et 148 coups de fouet pour avoir défendu des jeunes femmes qui avaient osé retirer leur voile dans la rue.
Le courage de toutes ces combattantes force l’admiration. Elles sont engagées sur la ligne de front. Ces authentiques féministes n’ignorent pas qu’elles ne bénéficieront pas du soutien de l’Occident trop préoccupé à organiser le port du burkini dans les piscines.
Comment ne pas penser à Vida Movahed qui, juchée sur une armoire électrique au croisement des avenues Enghelab et Taleghani, à Téhéran, avait osé retirer son voile blanc pour l’accrocher à un bâton et qui demeure comme aujourd’hui Masha l’un des symboles de la lutte contre le régime de coercition que les imams imposent au nom de l’islam. Vida avait 31 ans. Elle était maman d’un bébé. Et, pourtant, ce 27 décembre 2017, elle a décidé d’ôter publiquement son voile. Pour ce geste de protestation, elle a été emprisonnée pendant plus d’un mois, séparée de son enfant, de son époux sans savoir si elle pourrait un jour les revoir.

Le courage de toutes ces combattantes force l’admiration. Elles sont engagées sur la ligne de front. Ces authentiques féministes n’ignorent pas qu’elles ne bénéficieront pas du soutien de l’Occident trop préoccupé à organiser le port du burkini dans les piscines, et s’il y a soutien, ce dernier se résumera en de fades communiqués officiels de «déploration».

Le cinéaste iranien Asghar Farahdi, apprenant le décès de Mahsa, a écrit très justement sur son compte Instagram: «Tu dors sur un lit à l’hôpital, mais tu es plus éveillé que n’importe qui d’autres et nous sommes tous dans le coma. Nous nous sommes endormis contre cette cruauté sans fin. Nous sommes complices dans ce crime».

Allons-nous rester encore longtemps impassibles face à ceux qui oppriment les femmes au nom de leur Dieu ? Ce qui se joue aujourd’hui en Iran dépasse la question des femmes. Faut-il rappeler que la tentative d’assassinat contre Salman Rushdie n’est que l’exécution d’une fatwa de celui qui a, un jour, imposé le voile aux femmes ? La mort de Mahsa devrait ouvrir les yeux de ceux qui sont en réalité que les idiots utiles de l’islamisme.

Les auto-proclamées féministes occidentales n’ont de féministe que le nom. Elle sont en réalité des militantes d’extrême gauche et / ou déconstructionnistes. Elles se contre-foutent de la vie de ces femmes en Iran.
Toutes féministe qui n’est pas un minimum islamophobe, TERF et défenseuse de la société techno industrielle (traduire par non-écolo) sans laquelle il ne peut y avoir d’émancipation des femmes n’est pas crédible.
On attend avec impatience les commentaires de Mesdames Autain et Rousseau. On va attendre longtemps.

© Jeannette Bougrab

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Jeannette Bougrab est docteur en droit public de la Sorbonne, ancienne universitaire, ancienne présidente de la HALDE et ancienne Secrétaire d’État.

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1 Comment

  1. Le néo féminisme est un anti féminisme, mais qui qualifie ces ignobles personnages de “féministes” ? Ce sont les médias, les universités et les monde du spectacle occidentaux _ les mêmes qui qualifient des neonazie(e)s comme Houria Bouteldja, Rockaya Diallo ou BLM d'”antiracistes”, des partis néo fascistes comme le Parti démocrate US ou la NUPES de “partis de gauche” etc…Et ainsi de suite.
    L’Occident moderne représente vraiment l’empire de la désinformation : dans aucun autre endroit sur terre les feminazies ne seraient considérées comme féministes…Éventuellement, on leur prescrirait un Rendez-vous chez un psy. C’est l’une des deux raisons (en plus des tabous et de la censure) pour laquelle la désinformation occidentale est la pire au monde. Jamais un Taliban ne pourrait se dire féministe en Afghanistan…mais il lui suffirait de s’adresser à France Inter, Liberation ou New York Times pour pouvoir le dire…Et être aussitot cru par des dizaines de millions d’individus.

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