Entre le honteux tweet de Matilde Panot, la cheffe des Insoumis à l’Assemblée Nationale, qui ne trouvait rien de mieux à dire le jour de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv que d’accuser Macron de pétainisme, et la honteuse proposition de résolution déposée par 38 députés de la NUPES pour dénoncer le soit-disant régime d’apartheid pratiqué par Israël, se manifeste la même logique antisémite dont le philosophe Jankélévitch nous fournit la clé dans son texte “Imprescriptible”.
“Six millions d’êtres humains exterminés parce qu’ils étaient juifs : — Nous ne rendrons pas à nos contemporains le service de les débarrasser du jour au lendemain de ce petit souci… Ce serait trop facile ! Nous ne les aiderons pas à cesser d’y penser. Comme il s’agit de la plus monstrueuse entreprise d’extermination de toute l’histoire humaine, on ne doit pas s’étonner si nous en parlons sans cesse, au risque de déranger les bonnes consciences.
J’ai lu récemment dans un journal, sous je ne sais plus quelle signature, qu’il était bien temps de se taire et de changer de sujet, et, par exemple, de parler maintenant des « Palestiniens ». Le journaliste serait-il jaloux de nos malheurs ? Car je crois, entre nous, que les néo-antisémites sont un peu jaloux de nos persécutions, nos souffrances leur font un peu envie. Oui, ils sont jaloux de nos malheurs ! Les Israéliens ont tort d’être victorieux, mais les Juifs ont tort d’avoir été malheureux… Aujourd’hui tout le monde prétend être persécuté, comme tout le monde est occupé à singer les maquis, la Résistance, la clandestinité. Mais il n’y aura jamais qu’un seul Auschwitz, et il n’y aura jamais qu’un seul ghetto de Varsovie.”
ll s’agit d’un passage d’une allocution prononcée en avril 1969 au Mémorial du Martyr inconnu à l’occasion de la Journée nationale de la Déportation et de la révolte du ghetto de Varsovie. Depuis, la liste des persécutés en compétition avec la Shoah s’est considérablement allongée. Il faudrait publier un palmarès chaque année.
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