A notre chère Paule Steiner, par Michel Gad Wolkowicz

Paule Steiner


Une grande tristesse. Notre amie Paule Steiner est décédée au soir du 16 janvier 2022 à Tel Aviv. Elle sera inhumée ce vendredi au Père Lachaise, ou elle reposera bientôt auprès de son cher mari Hugues Steiner trop tôt disparu. ( Voir ci-dessous )

Benjamin, son fils qui vit à Tel Aviv, m’a appelé pour m’annoncer la très triste nouvelle. 

85 ans ! C’est incroyable, je n’avais jamais pensé à son âge. Bien sûr à ses difficultés respiratoires douloureuses de ces dernières années, mais jamais à son âge. 
J’étais étudiant lorsque je l’ai connue à l’Université Paris-Diderot à l’UER Psychanalyse et psychopathologie clinique où j’ai suivi ses cours parmi d’autres. Elle était à la fois très belle et passionnante. Beaucoup plus tard, je l’ai reconnue dans l’assistance de l’amphi du séminaire de Schibboleth rue des Francs Bourgeois, et j’appréciais ses interventions vives, passionnées, que ce soit sous formes de questions ou de commentaires, pour autant toujours étayées, touchant au plus juste, au coeur des problématiques.

Je sais qu’outre ses activités à l’université, elle avait participé activement à des séminaires à la SPP, à Confrontations (inter-analytiques)), à des Seminaires à l’EHESS (ethno-critique par exemple), en y apportant son intelligence, sa culture, sa créativité autant que sa rigueur, et son éthique exigeante d’intégrité intellectuelle, de vérité, du débat.

Paule nous a rejoint au Comité éditorial de Schibboleth-Actualité de Freud et nous nous sommes dès lors retrouvés très régulièrement tant à Paris qu’en Israël, que ce soit pour travailler, pour nos colloques, et en intimité entre amis. Evidemment souvent par téléphone ces derniers temps difficiles. Me reviennent avec émotion et joie aujourd’hui des dîners chaleureux chez elle ou chez nous ou chez des amis.


Ses communications, notamment à l’Université de Tel Aviv pour “Présence de la Shoah et d’Israël dans la pensée contemporaine” puis à “Si c’était Jérusalem » au Begin’s Heritage Center à Yerushalaïm, étaient empreintes d’une très large et extraordinaire culture, et d’un engagement formidable, psychanalytique, politique, dans le « Kultur arbeit » cher à Freud. 

Nous partagions beaucoup de choses, beaucoup d’intérêts, et passionnément l’amour d’Israël.

Paule était vraie, courageuse, audacieuse. Son amour pour son mari, ce qu’elle transmettait de son histoire, était bouleversant. Comme l’énorme force de son attention et de son amour pour ses enfants Benjamin et David, et pour ses petits-enfants.

Et restera l’image de sa 2cv improbable que nous essayions de retrouver au sortir de Schibboleth et après avoir dîné tard dans la soirée au Philosophe, rue Vieille du Temple. Vive, engagée et battante, fine, élégante, attentionnée, drôle, généreuse…

Nous t’embrassons très fort, Paule, et te rendrons hommage.

Avec affection et tendresse,

Barouch Dayan HaEmet
Mischa, Sabina, et pour les amis de Schibboleth – Actualité de Freud 

© Michel Gad WOLKOWICZ 

Rendez-Vous à l’Entrée du Cimetière du Père Lachaise, 21 janvier 2022, 14h, Rue du Repos. Paris.


Michel Gad WOLKOWICZ 
est Psychanalyste – APF – 
Prof. psychopathologie Paris Sud; Visiting Professor  Tel Aviv, Glasgow)
Président de l’Association Internationale Inter Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr) 
et de The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL) – מכון אינטר-דיסציפלינרי שיבולת , נוכחותו של פרויד;

14, rue des Bourdonnais, 75001-Paris
PH: +33142332517 / +33687454123
Golan: +972587874541 / +33177471628

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7 Comments

  1. Je suis très triste d’apprendre la disparition de Paule Steiner. qui fut également mon enseignante à Paris 7, lors de mes études de psychologie clinique. Très vite, son intelligence pleine de charme, son élégance, sa liberté intellectuelle me séduisirent, et furent une sorte de modèle identificatoire. Nous parlâmes souvent de la nécessité d’abandonner toute langue de bois pour laisser place à une créativité expressive. Elle m’encouragea du reste dans cette voie.
    Je la revois arriver en salle de cours, grande, féline, enroulée de ses châles dont elle aimait jouer avec grâce.
    Nous nous croisâmes, il y a quelques année prosaïquement dans un supermarché rue Delambre et nous reconnûmes. Quelques instants fugaces nous rapprochèrent et nous échangeâmes. Elle semblait fatiguée et lasse. Nous nous promîmes de nous revoir. Le temps passa trop vite, elle est partie maintenant. Au revoir, belle Dame. 💜

  2. Elle était une passionnée
    Je l’ai connu il y a 12 ans environ
    C’était devenue une excellente amie
    Je vais à son grand départ en ce jour
    triste pour ses fils et ses amis.

  3. Quel bel hommage et quelle magnifique photo !
    Je suis le cousin de son époux Hugues Steiner et nous nous étions rencontrés dans les années 80 après la naissance des jumeaux. Après le décès d’Hugues nous nous étions assez vite perdus de vue.
    Il y a bientôt 5 ans nous avons repris contact car j’avais entrepris de retranscrire les lettres écrites par Hugues et sa mère Marguerite Efraim à ma mère Blanche Efraim pendant leur détention avant leur déportation. Grâce à Paule eut lieu alors un petit miracle car elle avait conservé d’autres lettres récupérées par Hugues après la guerre. C’est la réunion de ces 57 lettres qui constitue la trame du livre que nous avons pu réaliser puis éditer dans la collection “Témoignages de la Shoah”:
    https://www.fondationshoah.org/memoire/lettres-blanchette-juin-1942-mars-1943-marguerite-efraim-et-hugues-steiner
    Durant 4 ans je suis donc resté en relation suivie avec Paule, passionnée par ce beau projet, et ma consolation est aujourd’hui qu’elle ait pu en voir l’aboutissement. Lorsque parler lui est devenu difficile il y a plus d’un an, elle avait trouvé Whatsapp comme moyen de communication.
    Paule était une femme de passion, de conviction et de volonté.

  4. Paule était ma soeur aìnée de 2 ans. Ses choix de vie et les miens nous ont tenus séparés pour la presque totalité des années qui ont suivi son départ du Canada pour sa résidence en Europe alors qu’elle avait à peine 20 ans. Nous nous sommes toutefois visités au cours de voyages intercontinentaux, Amérique-Europe-Afrique. Nos communications sont devenues émotivement difficiles, et j’ai dû renoncer il y a quelques années à mon souhait d’une amitié simple et pacifique avec la plus passionnée de mes soeurs. Je remercie sincèrement ceux qui ont publié ici article et commentaires qui me redonnent conscience de sa valeur, de ses qualités et de son apport à la communauté humaine. Pour sûr, elle était une grande et belle Dame.

  5. Chère Paule,
    T’ai-je jamais écrit depuis notre rencontre à Confrontation dans la houle qu’animait René Major ? Non. La nouvelle de ta disparition à Tel-Aviv ravive le souvenir de nos discussions, de nos accords et de nos désaccords amicaux et désordonnés. Déjà ton corps était dans une souffrance dont ta vaillance avait du mal à se départir. Et puis, j’ai eu la surprise de te revoir à Schibboleth, comme l’accord discret d’une cantate traversant le temps.
    Tu me pardonneras d’avoir été dans l’impossibilité de saluer ton passage sur terre vendredi.

    Marc Nacht

  6. Vous allez me manquer Madame Steiner; nous avons été voisins quelques années dans le 14e et je regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec vous, vous aviez l’air tellement passionnante ! Reposez en paix, il me reste un figuier qui me rappelera toujours nos échanges…

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