Je suis allé à un baptême, hier, à la Chapelle Notre-Dame du Sacré-Coeur dans la Basilique Notre-Dame à Montréal.
C’était le première fois que j’assistais à une telle cérémonie.
L’intérieur de la chapelle m’a impressionné. Il y avait juste une dizaine de personnes, un prêtre assez âgé, suffisamment alerte pour nous expliquer d’une forte voix ce que signifiait le baptême, l’accueil d’une nouvelle âme au sein de la communauté des croyants, et des engagements pris au nom de l’enfant.
Il rappela la prière “Notre Père”, celle qu’on avait inculquée à un petit juif lors de son séjour d’une année, à l’âge de 7 ans, pour cause de tuberculose, dans un préventorium de l’île d’Oléron.
Cette prière, censée être le signe fraternel et quotidien de tous les chrétiens, puisqu’ils s’adressent tous au même père en requérant de celui-ci le pain de ce jour, résonnait ce dimanche dans cette chapelle comme quelque chose d’étrange, de tellement inusité, qu’on était surpris de l’entendre.
Le prêtre était très conscient de cela, car il rappelait à chaque fois les mots qu’il fallait prononcer.
J’avais l’impression d’être dans un corps moribond. Une immense chapelle pour si peu de gens. Qui va à l’église de nos jours ? De moins en moins de gens. Je pensais au parti communiste français, une structure qui perdure, elle est morte depuis des décennies, mais certains de ses membres l’ignorent encore.
L’Église connaitra-t-elle le même destin ? Elle continue d’exister en se berçant de l’idée qu’elle est toujours vivante. Ça prendra sûrement quelques siècles encore avant le constat officiel. Je regrette sincèrement sa disparition programmée, mais il me semble clair qu’elle n’est plus porteuse d’aucun message fort, puisque qu’aucune foule ne sort plus de ses murs, éblouie ou transformée.
© Léon Ouaknine
Léon Ouaknine a créé au Québec le premier centre de recherche universitaire en gérontologie sociale et mis sur pied la “Fondation pour le Bien-Vieillir”. Auteur, il a notamment publié Il n’y a jamais eu d’abonné au numéro que vous avez appelé ! Conversations entre un père et sa fille, un livre sur les tragédies sans fins engendrées par les religions, ou Ni d’ici, ni d’ailleurs : le Québec, les juifs et moi’.
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