La Chronique de Michèle Chabelski. Pas de Muse, Pas de Chronique

Bon

  Jeudi

     Morphée m’ayant sauvagement agressée hier soir je n’ai rien vu venir…

   Soumise au sortilège du dieu du sommeil, dame, c’est irrésistible, je dormais.

   Mais pour être un dieu,  on n’en n’est pas moins homme.

   Et Morphée fit inopportunément la rencontre de la Muse…

   Mais si!

   Vous voyez!

    La muse!

   Celle qui se perche quotidiennement sur mon épaule et me souffle des apophtegmes que je tape souvent péniblement de mes doigts courts et gourds…

   Et tape que je te tape, clique que je te clique, des lettres surgissent sur mon écran parfois brumeux, et au final, je découvre, émerveillée, des mots, des phrases,  des idées même! Osons le dire !!

  Des souvenirs aussi, des indignations parfois, des attendrissements devant cette cohorte de petits humains qui me regardent de ces yeux brillants noyés de tendresse où scintille l’espérance du monde…

   Mais bon.

    On n’est pas là pour parler de moi, vous le savez bien…

   Mais de cette mésaventure bien handicapante qui m’échut la nuit dernière…

   Et met aux prises Morphée et Muse qui se cognèrent l’un à l’autre dans le lit où je revitalisais les forces vives dont je fais amplement usage le jour venu.

   Bref.

     Morphée, ayant achevé son œuvre, s’apprêtait à quitter le théâtre de ses agissements nocturnes quand il avisa une jeune et belle et accorte jeune personne, sorte de venus callipyge dont on connaît les inépuisables ressources intellectuelles, mais dont on ignore souvent les charmes esthétiques dont elle fut largement pourvue par la Fée Sexappil qui présida à sa naissance…

   Bref la Muse était dotée de tous les appas recto verso qui permettent la survie de l’espèce via cet enchevêtrement compliqué de sensations qui poussent à une copulation productive…

   Morphée en resta statufié…

     Rien d’exceptionnel à un Dieu statufié…

    Sauf que Morphée se rendit compte qu’il subissait à son tour l’envoûtement qu’il imposait d’ordinaire à ses créatures.

   Bref

   Morphée bandait.

      Et l’objet de son désir contemplait le produit de son œuvre, fougueuse et brûlante, pressée de s’accoupler à ce dieu si délicieusement inflammable…

     Morphée lui fit un clin d’œil.

     Elle répondit d’un sourire enjôleur lesté des promesses d’un enchantement quasi céleste…

   Il lui prit la main.

    Et comme c’était un dieu qui allait et venait à sa guise, contrairement aux Parisiens bloqués des heures dans les rues crasseuses et malodorantes de la capitale, il lui saisit la main donc , et s’enfuit à toute hâte sur le nuage céruléen qui devait les conduire aux rives de Cythère ,où la vie, ses œuvres et ses pompes devaient les mener là où la raison achève sa route…

   Bref

   Voilà pourquoi Mesdames et Messieurs, je dus ce matin me passer de l’indispensable assistance de la Muse qui folâtrait comme une gourgandine hâtivement séduite et me laissa sur le carreau comme une femme de ménage se faisant porter pâle en abandonnant une maîtresse de maison un lendemain de ripailles copieusement arrosées…

  Bref

 Pas de Muse

 Pas de chronique

   Je vous prie de bien vouloir excuser cette interruption momentanée de texte qui reprendra je l’espère, Barukh Hachem, au retour de l’indigne traîtresse…

   Que cette journée vous soit néanmoins douce et rieuse en cette veille de Chabbat…

      Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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