La Chronique de Michèle Chabelski. “Le lachon Hara”

Bon
  lundi

   On compte 7 péchés capitaux.

Mais il existe dans la Bible un péché encore plus capital: c’est le lachon hara, autrement dit la médisance.
Il est interdit d’exposer une information négative sur quelqu’un, car ça souille trois personnes à la fois : celui qui parle, celui qui écoute, et celui qui est calomnié.

    Petit  flash back.

     Une bande de copines terminent la soirée, sereinement réunies  après un dîner conforme aux préceptes de la religion.
La viande est cacher, les laitages  soigneusement écartés , et les crevettes , interdites , restent un fantasme  qui fait saliver celles qui ont  inconsidérément péché ( pas les crevettes,  hein! )       Faut suivre..

 Le bon dieu est heureux, la digestion s’amorce paisiblement.

Et soudain quelqu’un demande:
Au fait? Que devient Julia?

  Julia?
     Un cri!

   Cette garce, cette espèce de crétine qui a fait voeu de connerie éternelle, mariée pour la vie avec la rosserie et la malfaisance...

Et soudain la locutrice croise ses deux mains sur sa bouche  en jetant  des yeux implorants vers le ciel et murmure : lachon hara.. lachon hara...

Car elle vient de prendre conscience qu’elle a lourdement péché ( pas la crevette, faut suivre) et craint  évidemment la punition divine…

Puis elle retire les mains de sa bouche et poursuit gaiement :

 Elle m’a fait éclater tous  les boutons de la robe que je lui avais prêtée, je l’avais prévenue: Si tu comptes y mettre tous tes bourrelets , ça va bugger et…
   Et ça n’a pas résisté !!

Et soudain, elle reprend conscience du regard plus que désapprobateur de D…, recroise ses  doigts sur sa bouche en roulant des yeux pleins de terreur, lachon hara, lachon hara...

  Non, pas de tsunami en vue…
 D… n’a peut-être rien entendu…

    Il devait être occupé à châtier une pécheresse fumant le Chabbat…

    Une copine intervient:

      Sa  soeur , cette pute, va se marier avec un Argentin qui...

 Un Argentin?
Juif?

     Bah, elle s’en fout, dans Argentin, y a argent, et c’est la seule chose qui…

Elle est brusquement épouvantée …
Regarde autour d’elle…

    Lève les yeux vers le plafond.
    Vers Dieu , quoi… Qui l’entend depuis son bureau aux murs de verre…
Croise les mains sur sa bouche pour s’empêcher de poursuivre…
Marmonne: lachon hara.. lachon hara...

   Mais non, Zenobie ! qu’est-ce que tu vas penser!

Le lachon hara, c’est la calomnie, le dénigrement, le ragot, quoi…
Ça, ce n’est qu’une description objective d’un profil psychologique finement analysé,  un témoignage objectif d’une situation vécue in situ, voyons…

   T’inquiète Zenobie :
      Dieu fait la différence entre un péché très capital et une petite conversation insouciante et légère ..
.

    Tu peux ôter les mains de ta bouche…
T’as pas perdu un jour de villégiature au Paradis…

  Garde ton auto culpabilisation pour  Kippour où tu confesseras tous tes péchés, tu peux ôter les mains de ta bouche, de toute façon D… entend  autant les pensées que les mots, alors tu peux continuer à tailler tes costumes d’hiver sans bouclier sur les lèvres, sois rassurée, Zenobie, ta copine ragote sans doute autant sur toi…

   Le lachon hara , plus grave que la luxure et la gourmandise ?

  Que cette journée ne laisse échapper que du miel de vos bouches suaves et bienveillantes…

     Git chabes

 Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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1 Comment

  1. Certes. Mais Contradictions et non-sens ne sont-ils pas un marqueur d’humanité ? Cohérence et bon sens ne peuvent être l’exclusivité de qui que ce soit. Reprocherions-nous à certains « riches » de compter leurs sous à la manière de « pauvres », aux humanistes revendiqués de bafouer des valeurs humaines, Etc.
    Chacun fait ce qu’il peut en sa qualité d’être humain. Et en cela chacun a droit à un peu d’indulgence.
    Quant à D..il est sûrement très utile à ceux qui n’ont rien d’autre que lui comme ultime espérance; et tous ces petits actes de religiosité du quotidien que certains continuent à observer en silence, et pouvant paraître insignifiants dans la hiérarchie des normes religieuses ou simplement éthiques, ces petits actes sont peut-être les seuls faits d’estime de soi qui leur restent, « une promesse divine », dans une société qui ne valorise au quotidien que ce qui paraît briller.

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