Raphaël Nisand. Israël. Une nouvelle ère vraiment?


Le premier ministre qui a bénéficié de la plus grande longévité Benjamin Netanyahou a finalement été remplacé par la plus petite des majorités, une voix par Naftali Bennett. On cherchera vainement la différence de fond pouvant exister entre Netanyahou chef du plus grand parti de droite le Likoud et Bennettchef d’un parti dissident appelé Yamina, ce qui veut dire la droite.

On peut bien se souvenir qu’en France aussi les plus grands changements se sont produits par de très courtes majorités, à l’instar de l’amendement Wallon qui a instauré la République par le plus petit des scores en 1875.

Pourtant, cette fois-ci la mission de la nouvelle majorité semble bien compliquée. Il faut d’abord observer que comme à l’accoutumée il y a eu de nombreux marchandages dans cet archipel politique qu’est devenue la démocratie israélienne.
Sur 60 parlementaires qui se sont déclarés favorables au gouvernement, 28 sont devenus ministres afin de contenter tout le monde. Un parlementaire majoritaire sur deux devenant ministre, on peut difficilement faire mieux ou pire …

Il faut bien sûr observer que la défection de l’un ou l’autre des parlementaires ferait immédiatement tomber le gouvernement. 

Ceux qui disent qu’Israël serait sorti de l’instabilité gouvernementale vont donc un peu vite en besogne et on peut au contraire penser que le bail du nouveau gouvernement n’est pas forcément de 4 ans.

Israël est donc entré depuis deux ans dans une sorte de 4ème République avec un régime des Partis exacerbé et une forme d’impuissance politique qui ne laisse pas d’inquiéter, à l’heure où l’Etat juif fait face à tant de périls. 

Il y a de nombreuses personnes de grande valeur dans le nouveau gouvernement mais sa représentativité à sa naissance est trop éclatée et trop faible pour encaisser les cahots de la route du pouvoir. 

En tant qu’ami d’Israël ne participant pas à la vie quotidienne du pays, on doit bien sûr s’incliner devant le choix fait par le peuple et le saluer car seul le peuple sait ce dont il a besoin mais on peut aussi se poser de légitimes questions .

En politique, il est souvent préférable d’avoir des majorités nettes et cohérentes surtout lorsque l’orage s’annonce. L’union nationale n’est jamais un vain mot mais que penser de la désunion nationale ? 

Dans cette aventure à laquelle le pays se livre il y a sans doute une part de responsabilité qui incombe à Netanyahou. Il est en effet étrange pour l’observateur lointain de voir que tant de ses anciens ministres se sont éloignés de lui au point de préférer faire alliance avec tous sauf Netanyahou. 

Etrange aussi qu’un groupe qui représente 5 % de la knesset Yamina ait le poste de premier ministre. Le plat de lentilles est plus qu’appétissant et on comprend Bennett de l’avoir rêvé et accepté. 

Aujourd’hui Netanyahou est congédié comme le fut De Gaulle en 1946 parce qu’il s’érigeait contre le régime des Partis.

L’avenir nous dira s’il y aura un 1958 pour Netanyahou.

 © Raphaël NISAND 
Chroniqueur sur Radio Judaïca 

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8 Comments

  1. Il est vrai que le peuple est souverain et il décide. Sauf que dans notre cas de figure, le peuple n’a pas décidé de ce puzzle, il a été trahi. Je connais beaucoup d’électeurs de Yamina Bennett, de Tikva Hadacha (Gidéon Saar) et même d’Avigdor Liberman qui ne pensaient pas une seconde que leurs votes aboutiraient à une configuration pareille.

  2. Je ne suis pas si pessimiste.Si defection il y a ,elle viendra de la droite (je pense en particulier a Zeev Elkin ,coutumier du retournement de veste ) mais je ne le souhaite pas .Et je ne suis pas fan de Bennett .
    Israel a besoin de se reunir ,de cesser de vivre dans les incitations a la haine .
    C’est la grace que je nous souhaite.

  3. Malgré sa précarité, cette réussite pour former une coalition parlementaire incluant des Arabes est de bon augure.
    Entre autres, cette initiative audacieuse était nécessaire pour sortir d’une situation figée où les partis religieux orthodoxes prenaient de plus en plus d’importance alors que de nombreux citoyens laïques souhaitent voir, au contraire, la mise en route d’une politique visant une séparation progressive entre la religion et l’Etat.
    Ces citoyens-là ne pensent pas que la laïcité soit incompatibles avec la judaïté.

      • Réponse à Esther : et dans le christianisme, vous comprenez le principe de laïcité ?
        Si oui, votre propos est donc irréfléchi.
        Car une personne, née de parents juifs, peut être amenée, au cours de sa vie, à proclamer qu’elle est agnostique, et que par conséquent elle conteste toute obligation religieuse.

  4. Netanyahu a reussi a former une coalition avec 36 ministres bien plus que les 28 qu’on reproche à l’actuel gouvernement. Bennet est Premier Ministre malgré qu’il est le chef d’un “petit” parti. Et alors? Bibi lui a proposé le même poste en rotation il y a quelques semaines. Serait-il bon comme Premier Ministre avec Bibi et mauvais sans Bibi? Bibi a proposé une alliance au parti arabe et à présent reproche a la nouvelle coalition d’avoir fait de même. Bibi a fait beaucoup de bonnes choses pour le pays et certaines mauvaises. Le pire, à mon avis, c’est de s’imaginer que sans lui le pays ne peut plus fonctionner. Le “moi je” et “moi seulement” n’a plus été accepté et a été prouvé par 4 élections consécutives qui ne lui ont pas permis de former un gouvernement.

  5. Ça ne présage rien de bon tout ça ! Il serait peut-être temps de changer le mode de scrutin qui donne une importance injustifiée aux petits partis !

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