Catherine Massaut. “Pas de France sans l’Epée”

A mon Grand-Père Roumain, Alexandre Vasilescu, juriste, engagé volontaire pour la France dans la Légion Étrangère en 1914, nationalisé Français

A mon oncle, Charles de Llamby, Général d’Armée *****, Commandant de la Première Armée et Gouverneur Militaire de Strasbourg de 1983 à 1987


Introduction

Entre 2010 et 2020 pas moins de 18 attaques terroristes d’islamistes ont spécifiquement eu lieu contre les Forces de l’Ordre ou de l’Armée.

Pour n’en citer que quelques unes:

13 juin 2016 : l’assassinat de Magnanville : le Policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne, Jessica Scheider, Secrétaire au Commissariat de Mantes la Jolie, sont assassinés à coup de couteau à leur domicile devant leur enfant âgé de 3 ans.

20 avril 2017 : le Capitaine de Police Xavier Jugulé est assassiné par Karim Cheurfi qui lui tire dessus à la Kalashnikov dans l’habitacle de sa fourgonnette tandis que le Capitaine de Police était en mission de protection.

23 mars 2018 : le djihadiste Radouane Lakdim égorge le Lieutenant-Colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame lequel, en parfaite harmonie avec sa conscience militaire, s’était proposé en échange de l’otage civil détenu par l’assassin.

3 octobre 2019 : Michaël Harpon, un Informaticien qui travaille à la Direction du renseignement de la Préfecture de Police, a tué trois Policiers et un Agent administratif. Il est ensuite abattu.

27 avril 2020 : au volant d’une BMW, Youssef.T , animé par une idéologie anti-occidentale et ayant fait allégeance au groupe État islamique, heurte délibérément deux Motards de la Police nationale, les blessant grièvement aux jambes.

23 avril 2021 : une Fonctionnaire administrative non armée de la Police a été tuée à coups de couteau dans l’entrée du Commissariat de Rambouillet.

5 mai 2021 : le Policier Éric Masson, 36 ans, a été abattu de deux balles dans la poitrine et à l’abdomen, en pleine rue, par un dealer lors d’un contrôle sur un point de deal à Avignon. L’assassin est toujours en fuite. Il a, semble-t- il, été appréhendé.

Ce nouvel aspect du terrorisme islamique, d’attaquer et de tuer – par balles, voitures bélier ou par égorgement – des membres des Forces de l’Ordre est une façon terrible d’envoyer un signal de terreur à notre pays : le rempart de sécurité des citoyens français que sont nos Policiers et Gendarmes est fissuré et aucun civil n’est à l’abri d’une attaque meurtrière au nom d’Allah.

La récente décapitation sauvage et épouvantable du professeur de philosophie Samuel Paty, au sortir de son collège, et qui a bouleversé les esprits, en est un exemple criant.

Combien de morts faudra-t-il encore déplorer avant que le Gouvernement en place pose des actes fermes en matière de sécurité du territoire ?

Combien de temps encore faudra-t-il au Gouvernement en place pour s’extraire de l’idéologie progressiste qui le caractérise – en protégeant ceux qui s’auto-désignent comme les « victimes » de la société, en favorisant leur implantation sur le territoire national au nom d’une politique droits-de-l’hommiste dévoyée – pour prendre les mesures efficaces qui s’imposent urgemment afin de faire cesser tous ces assassinats ?

Face à l’impéritie et à l’attentisme munichois de nos Gouvernants depuis une vingtaine d’années à cet égard, les attentats djihadistes se sont multipliés -pour devenir quotidiens -, et en raison de la peur grandissante et légitime des citoyens français livrés aux barbares islamistes, mille Militaires dont une vingtaine de Généraux à la retraite ( S2) de l’Armée de Terre, de l’Air et de la Marine, ont signé une Lettre Ouverte, publiée sur le site Place d’Armes puis dans l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, et adressée au Président Macron, à son Gouvernement ainsi qu’aux parlementaires, afin d’alerter les Pouvoirs publics sur l’urgence qu’il y a, au vu du délitement du pays, de la Nation, de notre territoire, à prendre des dispositions fermes pour y mettre fin.

Les bonnes âmes poussent des cris d’orfraie : Coup d’Etat en préparation ! Putsh militaire en charentaises en vue…! Appel à l’insurrection ! Châtiment des coupables !

Le jeune Colonel de Gaulle à l’esprit aiguisé et clairvoyant observait déjà : Bouleversés par la crise, le Politique et le Soldat trouvent soudain insupportable cette dépendance réciproque dont ils se voient enchaînés… Et l’illustre Général de poursuivre :  … Il n’y a pas dans les armes de carrière illustre qui n’ait servi une vaste politique, ni de grande gloire d’Homme d’Etat que n’ait doré l’éclat de la Défense nationale … ( Charles de Gaulle, Le fil de l’épée et autres récits, Ed. Plon, p. 218 et 225).

Pouvoir politique et institution militaire sont destinés, en temps de paix comme en temps de guerre, à collaborer afin de déterminer la meilleure stratégie de défense nationale du pays.

Au terme de l’article 15 de la Constitution du 23 octobre 1958 : Le Président de la République est le chef des Armées.

Ce qui signifie que les plus hauts dignitaires de l’armée, qu’ils soient d’active ou à la retraite, sont soumis à l’autorité du Chef de l’État.

Ce qui signifie également qu’ils doivent respecter l’éthique de ce que l’on appelle le devoir de réserve qui leur interdit de manifester publiquement leur opinion, s’agissant notamment de la politique du Gouvernement en place placé sous l’autorité du Président de la République.

Pour la majorité des hommes et des femmes politiques qui se défient du personnel de l’armée, fussent-ils des Hauts Gradés, de Généraux qui ont servi le pays pendant des dizaines d’années, notamment en opérations extérieures particulièrement dangereuses en Bosnie, en Irak, en Afghanistan ou partout ailleurs sur le continent Africain, cet appel signe la violation de leur devoir de réserve auquel ils sont normalement astreints, en conséquence de quoi Ils doivent être sanctionnés.

À l’instar de ce qui se passe en matière de diffamation, où le texte objet du litige constitue le cœur du débat et de ce fait est soumis à une analyse minutieuse en demande comment défense, puis par les Magistrats en charge du dossier, Il y a lieu ici, dans le corps des développements à suivre, d’examiner avec circonspection la Tribune controversée, afin de déterminer si oui ou non, en émargeant au bas de ce texte, les Généraux et leur mille soutiens ont violé leur devoir de réserve.

Il est un fait que dans l’urgence d’une réponse immédiate, Madame Florence Parly, Ministre de La Défense, a annoncé des sanctions de façon bien prématurée afin de complaire à l’opinion politique de ses pairs macroniens, à défaut de prendre le recul nécessaire pour porter un jugement de valeur professionnel sur le sens de cette Lettre Ouverte.

Il convient d’ores et déjà d’observer que ce devoir de réserve présuppose en toile de fond un exécutif composé d’un Président de la République, Chef des Armées, Gardien du respect de la Constitution, doté d’un Gouvernement aux manettes qui agit dans l’intérêt du pays.

Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : la posture d’Emmanuel Macron et son éternel En même temps  constituant sa marque de fabrique traduisent un manque évident de vision politique claire pour la France. Il se contente d’effets d’annonce jamais suivis d’actions puisque la plupart du temps il se rétracte trois jours après pour donner des gages à un nouveau groupe social ou un nouveau groupe ethnique et satisfaire les revendications de minorités agissantes qui déstabilisent le pays.

L’intérêt de la France n’est pas sa vocation. Lui, l’ancien banquier de chez Rothchild, le young global leader adoubé par Klaus Schwab et Jacques Attali à Davos en 2016, qui n’a jamais accédé à la députation, qui dédaigne le peuple français à haute voix, Son inclination c’est l’Argent Roi. Nous avons sur le trône de France un Technocrate Suprême dont le seul objectif est d’inféoder le pays à son idéologie mondialiste qui passe nécessairement par la désintégration du peuple français, ce qui explique le peu de cas qu’il fait des morts et des blessés victimes du terrorisme islamiste qui s’accumulent chaque jour, parmi les civils et plus récemment de façon systématique parmi les Forces de l’Ordre. En cela, il est appuyé, outre par ses disciples énamourés, par l’extrême gauche insurrectionnelle qui donne fait et cause à la fragmentation et à la balkanisation du pays.

Le peuple a peur. Les français ne se sentent pas en sécurité.

Alors se pose la question évidente : ce fameux Devoir de réserve imposé aux militaires ne doit-il pas s’adapter aux circonstances, en particulier lorsque le pays est en danger imminent ?

Il n’est ni contestable ni contesté que l’Armée doit obéir à son chef : le Président de la République. C’est inscrit dans l’Article 5 de la Constitution.

Mais qu’en est-t-il lorsque le Chef des Armées manque manifestement à tous ses devoirs et en particulier aux intérêts supérieurs de la Nation dont participe au premier chef la protection du peuple de France face à un ennemi étranger – que le Gouvernement en place promeut par divers moyens,  notamment financiers-, incrusté au sein même de nos Institutions, de nos Ecoles, de nos Villes, de nos Quartiers, de notre tissu associatif, au point d’ailleurs de s’être approprié des pans entiers du territoire national devenus incontrôlables par les Forces de l’Ordre, et qui détruit le pays de l’intérieur ?

C’est à l’aune de ce contexte délétère, anormal, dangereux, guerrier déjà, que doit s’apprécier le bien-fondé ou non de cette fameuse Tribune des Généraux signée par 1000 militaires qui poussent un cri d’alarme, maladroit peut-être, mais avec leurs tripes, avec leur volonté de mettre ce Gouvernement inerte face à ses responsabilités et c’est précisément parce que cet appel collectif oblige ce Gouvernement fantôme à s’extirper de son DÉNI que cette interpellation militaire – suivie d’une seconde, anonyme cette fois car soutenue par des militaires d’active- est devenue problématique pour le pouvoir en place.

I. Le cri d’alarme et ses enjeux

I-A : Le texte de La Tribune :

L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots “Honneur et Patrie”. Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.

– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

– Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.

– Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les Forces de l’Ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes Forces de l’Ordre. Pourtant ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, Gouvernants.

Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, Serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.

Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des Lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.

Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part.  Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; Ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.

Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.

I-B-1 : Explication de Texte

Pour celles et ceux dont la vue basse, la pensée étriquée restent sur la crête des vagues, il est considéré que le fait d’avoir choisi la plate-forme journalistique de Valeurs Actuelles constitue, d’emblée, un positionnement politique d’extrême droite qu’il n’appartient pas aux militaires d’exposer au public.

La tribune dénonce pêle-mêle un certains anti racisme qui créerait un mal-être, voire une haine, les théories décoloniales qui pourraient amener à une guerre raciale, la multiplication des zones de non-droit sur le territoire, alors que les Gilets Jaunes exprimant leur désespoir sont réprimés par des agents supplétifs et boucs émissaires eux-mêmes malmenés par des individus infiltrés en cagoule qui saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre … Cela pose un problème, surtout pour l’image que cela renvoie des militaires, juge Jean-Marc Todescini, Sénateur socialiste, cité par Jules Fresard, Chroniqueur sur Public Sénat : … au cœur de cette lettre ouverte, la question du devoir de réserve auquel sont normalement soumis les militaires vient interroger. Bien qu’ils soient à la retraite, on peut considérer que des généraux en retrait ont une liberté d’expression, mais ils ont également un devoir de réserve. Ils ne peuvent pas menacer de prendre les armes, si les politiques ne réagissent pas… poursuit le Sénateur socialiste cité par l’auteur de l’article.

Cédric Perrin, sénateur LR du territoire de Belfort, partage ce constat : Il y a un problème sur l’obligation de loyauté, qui a été bafouée  quand on fait valoir sa fonction pour défendre ses idées cela n’est pas possible. Si les militaires veulent faire de la politique il faut qu’ils se présentent en tant que Français, et non pas en tant que militaires, Poursuit le Sénateur de droite.(….) ( cf. Jules Fresard, Public Sénat, 26/04/21).

Préjugés, absence de respect de pluralisme, politisation inutile et déplacée de la Tribune contestée, citations d’extraits sortis de leur contexte, nous avons là toute la panoplie du petit reporter , lequel, à n’en pas douter, n’a pas lu la Tribune en son entier – ou, s’il l’a lue, n’en a pas saisi la portée, ce qui en dit long sur sa capacité d’analyse et sa compréhension du contexte – s’appuyant sur les idées préconçues des uns et des autres afin de se conforter dans son opinion négative de l’institution militaire, affichée ostensiblement dans son article.

À l’inverse de cette pensée rétrécie, dispersée faute de structure, déformante car inféodée à l’idéologie ambiante, l’analyse consciencieuse du texte invite aux observations préalables suivantes :

– Méconnaissance totale de ce qu’implique le devoir de réserve, que nous analyserons plus loin.

– Méconnaissance totale de ce qui anime l’esprit militaire façonné dès le plus jeune âge dès le début de la formation des jeunes recrues .

– Méconnaissance totale de l’intérêt, de la pertinence et de l’expérience qui confèrent aux militaires la fiabilité d’une expertise incontestable, capable de traduire sous un angle qui leur est propre les enjeux politiques, stratégiques et sociétaux qui mettent en danger le pays, tirée des réalités factuelles nationales et internationales ( opex) auxquels ils sont confrontés et qu’ils observent quotidiennement, chacun à leur poste, en fonction de leurs attributions spécifiques relayant l’information au plus niveau de leur hiérarchie.

Que dit ce texte ?

⁃ Il dit leur loyauté à la France menacée de dangers mortels qui sont de plusieurs ordres :

⁃ Il dit qu’il en va de leur Honneur de dénoncer ces dangers.

⁃ Il nomme ces dangers : islamisme croissant, séparatisme, quartiers perdus de la République gangrenés par des hordes haineuses ( quand une vingtaine de jeunes s’en prennent à une voiture de police à Viry-Chatillon et y mettent le feu, blessant grièvement les deux policiers qui se trouvent à l’intérieur, le terme de horde est approprié (observation de l’auteur),

⁃ Il dit les Lois de la République qui ne s’appliquent plus dans ces quartiers croissant en nombre.

⁃ Il dit la haine qui prend le pas sur la fraternité, en faisant notamment référence aux violentes répressions contre les Gilets Jaunes ainsi qu’à celle développée contre la société française par de prétendus antiracistes haineux et clivants.

⁃ Il dit leur impossibilité d’être indifférents et spectateurs passifs  à la montée vivace de la haine et de la violence qui a abouti à la décapitation d’un professeur, Samuel Paty.

⁃ Il dit que nous disposons d’un arsenal législatif suffisant pour enrayer le processus mortel à condition de l’appliquer sans faiblir et appelle la classe politique  – Président, Ministres, Parlementaires, Sénateurs ) à passer rapidement à l’action car le temps est compté.

⁃ Il dit qu’il appartient à la classe politique de cesser de se voiler la face, de détourner la tête et de couper court aux louvoiements et atermoiements et demande qu’ils se tiennent à disposition du politique ( et non d’un politique en particulier, le RN comme l’inventent les mauvaises langues) pour aider à la mise en place d’une politique lucide, ferme et cohérente, soucieuse de préserver la Nation et ses citoyens des dangers qui la menacent dangereusement.

⁃ Il dit aux Politiques de recouvrer le sens de l’Honneur et des réalités dans la mise en place d’une action efficace et déterminante qui urge.

⁃ Il dit que si rien n’est fait, le pire est à craindre, que la guerre civile risque de se déclarer / se déclencher, ce qui conduira la classe politique à solliciter l’Armée d’active pour faire un travail terrible.

En clair, voilà des Professionnels dont les mauvais esprits prétendent – toute honte bue – qu’ils préparent la guerre, alors même que cette Lettre Ouverte est, au contraire, une supplique adressée au Politique  de faire en sorte que la guerre civile n’ait pas lieu et de préserver la paix.

Leurs détracteurs sont toutefois remis à leur place par des esprits clairvoyants :

On se moque de l’honneur… On est donc déshonoré… Des gens qui viennent chercher des choses qui ne se trouvent pas dans le texte… Ils se bornent à lire les commentaires…

Les Généraux ne disent rien d’autre que Il y a un problème… il suffit de regarder les informations pour constater la prolifération des zones de non droit … S’il vous plaît, la classe politique, qui êtes payée pour ça, faites quelque chose. Sinon, ça va empirer et à ce moment-là vous serez obligés de demander aux militaires d’active de réagir au problème et alors ce sera la guerre civile…

Ce n’est pas Si vous ne faites rien nous allons prendre le pouvoir parce que vous êtes incapables de régler le problème. Ce n’est pas du tout ça qui est dit… s’il vous plaît, Mesdames et Messieurs de la Politique, Recouvrez le sens de l’Honneur, Recouvrez le sens de la réalité, voyez que cela ne se passe pas bien, Faites quelque chose s’il vous plaît car si vous ne faites rien, il arrivera des choses pires que ce que l’on voit, c’est-à-dire une guerre civile…

Voilà des gens dont on nous dit qu’ils préparent une guerre civile tandis qu’ils disent : s’il vous plaît faites en sorte que la guerre civile n’ait pas lieu…On dit qu’ils veulent faire un coup d’état alors qu’ils disent On est juste inquiets … Alors on entend dire des militaires que normalement ils devraient se taire… ne pas parler, et là, Michel Onfray rétorque le 8 mai 2021 que les Généraux ont raison de sonner le tocsin.

Ces intellectuels empreints de lucidité et de rigueur intellectuelle s’exclament :

On marche sur la tête ! Plus personne ne sait lire, plus personne n’essaie de comprendre, plus personne ne fait fonctionner son intelligence … (Michel Onfray, vidéo … )

Ceux qui menacent la France sont ceux qui la défendent. Ainsi raisonnent, cul par-dessus tête, les dirigeants d’un pays qu’ils ne comprennent plus. Leur hébétude fait courir un risque mortel à la Nation. ( Blog Rioufol.com, 2 mai 2021)

Les généraux à la retraite dénoncent le laxisme des politiques dans la lutte contre l’islamisme et des hordes de banlieue, pointant un certain anti racisme dont les représentants, partisans haineux et fanatiques, veulent la guerre raciale. Qui peut sérieusement leur donner tort ? Qui peut nier leur légitime inquiétude, nourrie par un patriotisme sincère ?  ( in Le courage des généraux en retraite, la peur de Florence Parly. ( La peur d’Emmanuel Macron ?)… ( Éric Zemmour, 1er mai 2021, in Je suis français. Blog).

Maître Jean-Yves Le Borgne, éminent avocat pénaliste, a dénoncé sans ambages dans Le Figaro le procès en sorcellerie qu’on leur intente pour avoir dit ce qu’ils n’avaient pas dit et formulé des menaces qu’ils n’ont jamais brandies.

Les militaires ont alerté les pouvoirs publics sur les menaces qui pèsent sur la France et la sécurité des citoyens. Ils se sont appuyés sur des faits, rien que des faits, nullement contestés ni d’ailleurs contestables. Une sorte d’exceptio veritatis  appliquée en Droit de la Diffamation. Ils ne se mettent pas en avant… Ils dénoncent leur légitime inquiétude, la Patrie, l’Honneur, la Loyauté, le Devoir chevillés aux corps, tel un ADN qui les caractériserait spécifiquement.

I-B-2 Le Devoir de Réserve: jusqu’à quel point?

Nos Généraux Lanceurs d’alerte ont-ils outrepassé leur devoir de réserve ?

J’ai connu des officiers qui s’enfermaient dans un silence de trappiste : Alfred de Vigny, dans Servitude et Grandeur militaires, ne jette pas ce jugement sans une nuance de désolation. Aliénant sa liberté motu proprio pour l’honneur de servir, le militaire accepte non seulement d’exposer sa vie dans une action de combat pour la défense des intérêts supérieurs de la nation, mais aussi d’être soumis à une obligation de réserve plus stricte que celle des fonctionnaires.

Dans une seconde tribune publiée dans VA, des militaires d’active se sont exprimés anonymement pour appuyer leurs aînés.

Les avis sont partagés.

Le CEMA , le Général Lecointre a réagi aux deux Tribunes :

Depuis plusieurs semaines, «l’obligation de réserve qui s’impose à tous militaires a été largement transgressée, écrit le plus Haut Gradé de la Hiérarchie.

S’agissant du second texte anonyme il précise : Des prises de position éminemment politiques ont été attribuées à des militaires tenus à cette obligation ( de réserve) quand elles n’ont pas été revendiquées par ces dernier. Dans le second texte aux signatures anonymes, des militaires d’active donnaient raison à leurs aînés qui avait dénoncé dans le premier le délitement de la France…

Il poursuit : … Au nom de la défense de conviction personnelle, certains, peut-être par naïveté, ont contribué à entraîner l’armée dans des débats politiques au sein desquelles elle n’a ni légitimité ni vocation à intervenir … Face à cela il me semble important de faire preuve de bon sens et surtout de lucidité, au moment où chacun d’entre nous perçoit nettement les tentatives d’instrumentalisation de l’institution militaire tout comme les entreprises de déstabilisation.

Ne pas perdre de vue cependant que depuis son accession au pouvoir suprême, le locataire de l’Elysée, simple Fondé de Pouvoir payé par les français pour garantir le respect de la Constitution et par là-même leur sécurité, n’a pas rempli ses devoirs, sa part de contrat, en se soumettant exhaustivement comme le ferait un premier de la classe au Pouvoir de Juges européens et à celui d’instances privées qui pilotent sa politique en vue de la mise en place d’un gouvernement mondial favorisant la transmission de virus et le déplacement de terroristes.

a) L’article L 4111-1 du Code de la Défense nationale dispose :

L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline disponibilité loyalisme et neutralité.

De plus, Les militaires jouissent de tous les droits et libertés reconnus aux citoyens. Toutefois l’exercice de certains d’entre eux est soit interdit, soit restreint. (Code de la Défense,  Article L4 1121–1)

Ce point d’équilibre amène à la fois à la liberté d’opinion des militaires – religieuse, philosophique ou politique -, et à la restriction de leur expression. De fait, les militaires ne peuvent s’exprimer qu’en dehors du service et avec la réserve exigées par l’État militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression.  ( Code de la Défense. Article L4121–2).

La combinaison de ces textes implique donc l’existence d’un devoir de réserve lequel relève d’un droit d’expression qui respecte neutralité et loyalisme.

Il demeure que le devoir de réserve prime sur la liberté d’expression. ( CE. 29 déc. 2020. N°44056).

Selon le Conseil d’Etat dans la décision précitée : Si le premier alinéa renvoie au droit fondamental à la liberté de pensée, le reste du texte formule des exceptions relatives à la liberté d’expression : le militaire pense ce qu’il veut, il s’exprime en revanche, et uniquement en dehors du service, avec discrétion : le devoir de réserve est l’essence même du statut des militaires

Le Juge constitutionnel ne s’est jamais prononcé sur l’obligation de réserve, mais la Cour européenne des Droits de l’Homme reconnaît que la discipline militaire ou la crédibilité du corps militaire justifient des restrictions particulières à l’exercice de la liberté d’expression, qui ne sauraient cependant pas excéder ce qui est nécessaire pour préserver les intérêts supérieurs justifiant cette restriction (discipline interne du service et neutralité politique).

Toutefois, le devoir de réserve ( imposé également aux professeurs d’université et aux magistrats par exemple) est un concept flou qui évolue et varie selon les pays, et à cet égard, force est de constater que la France est très en retard derrière l’Allemagne, les pays Nordiques ou les USA qui accordent la liberté d’expression à leurs institutions militaires aux fins de développer une collaboration fructueuse avec la classe politique dans l’exercice de leurs pouvoirs respectifs.

Encore faut-il avoir une confiance réciproque, ce qui n’existe pas en France où le politique se défie du militaire, et, qui plus est, a tendance – notamment ces dernières années – à malmener ce dernier … et c’est un euphémisme… nous y reviendrons…

D’aucuns diront que le militaire ne peut pas, par principe, s’exprimer librement. Et que c’est la raison pour laquelle l’Armée est aussi dénommée La Grande Muette. Et que c’est là que réside le fondement de la soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil.

À la vérité, ce qui est en cause avec l’expression des militaires, c’est bien sûr beaucoup plus leur liberté de critique ou de proposer des réflexions nouvelles que celle de louer ou de flagorner, écrivait G. Hoffmann in L’expression de militaires, Défense nationale, novembre 1993 page 29.

Chaque militaire est libre de penser ce qu’il veut mais il lui appartient de distinguer sans ambiguïté ce qui ressort de sa responsabilité de citoyens de ce qui ressort de sa responsabilité de militaires », insiste le général Lecointre avant de rappeler la raison d’être du devoir de réserve : permettre l’engagement sans réserve sans arrière-pensée de militaires au profit de chacun de leurs compatriotes. Cette neutralité est au fondement de la popularité des armées. » ( Cf. Le Figaro. Tribune des militaires : après les polémiques, le général Lecointre cherche l’apaisement, Op. cit ).

Le devoir de réserve du militaire concerne la polémique suscitée par des propos sans neutralité tenus en public mais autorise le constat de faits, notamment lorsque, dans le cadre de ses fonctions, un général est appelé pour exposer une situation spécifique à la demande du politique.

A la lumière de ce texte, en quoi la Tribune dite des Généraux laisse-t-elle apparaître une quelconque faute des signataires justifiant une sanction surtout à une époque où tout un chacun ou presque peut déposer un recours jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme…

La  Grande Muette, terme redevenu d’actualité, n’existe plus depuis longtemps mais les politiques ne le savent pas encore. Tout a été fait pour que les militaires puissent s’exprimer depuis leur professionnalisation mais aussi pour préserver les valeurs républicaines au sein des armées afin d’éviter les dérives extrémistes de droite, une grande obsession des politiques qui dissimule les vraies menaces. Les officiers sont incités à écrire et à publier depuis bien longtemps… Je pensais révolu aujourd’hui cette restriction de la liberté d’expression qui ne vise jamais la remise en cause de l’État, encore moins de la République, a rétorqué le Général** François Chauvency in Lettre d’un Général 2S ou pas besoin d’être plusieurs pour s’exprimer. ( Theatrum belli. 29/04/2021 ).

Il est temps de poursuivre la libération linguistique de la Grande Muette, dont le nom, aujourd’hui, est devenu obsolète, à l’heure de la haute technologie et surtout en présence de dangers multiples qui grondent … de façon plus qu’inquiétante…

Pourtant, même dans ce cas de figure, la tâche n’est pas aisée et récemment deux Généraux ont eu à pâtir de la volonté de puissance du politique sur le militaire, il faut bien le dire, de façon inacceptable sur le plan humain.

A cet égard, l’un d’entre eux, le Général**** de Gendarmerie Bertrand Soubelet, développe fort bien ce que constitue, en pratique, ce fameux devoir de réserve; Invité par des parlementaires qui lui ont demandé d’exposer publiquement les problèmes liés à l’importante question de la sécurité sur le territoire national, il s’interroge en chemin peu de temps avant son audition : … En arrivant au Palais Bourbon, je suis calme, je connais parfaitement le dossier. Il faut éviter tout dérapage, toute manipulation, toute tentative de déstabilisation. S’en tenir aux faits, rien qu’aux faits. Ils sont lourds de sens, ils suffisent.  (Bertrand Soubelet. Tout ce qu’il ne faut pas dire. Ed. Plon.  2016. Page 18).

Peu de temps après cette entrevue, il sera sanctionné. Nous y reviendrons…

Si nos épées sommeillent, nos plumes ne chôment pas, écrivit Alfred de Vigny.

b) Le Général Bertrand Soubelet écrira plus tard : Le débat public me semble aujourd’hui confisqué par une élite. J’ai décidé d’y prendre ma part car je suis convaincu qu’une prise de conscience doit s’effectuer si nous voulons éviter une rupture violente.… Enfin, j’ai le désir de faire sauter le verrou qui interdit à des responsables militaires de s’exprimer, afin qu’ils puissent participer de manière constructive au débat public…  ( cf. Op. cit. p. 12/13).

Le Général *** de l’Armée de l’Air Antoine Martinez exprime la même chose en ces termes :

Si la primauté du politique sur le militaire n’est absolument pas contestée, la Grande Muette, garante de la continuité historique directement liée à la sécurité et à la protection de son peuple, doit à présent, devant le danger imminent qui menace le pays, briser le silence pour rappeler aux responsables politiques leurs obligations à l’égard de la nation dont ils ne sont – ils semblent l’oublier – que les Fondés de Pouvoir. Cela devient même un devoir lorsque … l’intérêt supérieur du pays et de son peuple est en cause. Il s’agit d’une démarche de salut public ou de salut national, d’une démarche nécessaire qui consiste à porter assistance à notre pays en danger, car la Grande Muette est la gardienne du temple… la Grande Muette doit donc se décider à prendre une initiative forte sur le plan médiatique en se manifestant pour dénoncer cette spirale infernale dans laquelle est plongé le pays et marquer son refus d’accepter la libanisation en cours de la France qui mène inexorablement à une guerre civile ethnique. Les chefs militaires doivent intervenir dans une démarche collective pour rappeler solennellement à l’ensemble de nos élites politiques leurs devoirs à l’égard de la nation française, l’obligation à laquelle ils sont tenus, de respecter rigoureusement les principes et règlements contenus dans la Constitution…. Le sacro- saint devoir de réserve qui caractérise la Grande Muette doit être brisé. Il ne peut plus être invoqué par le politique lorsque ce dernier ne respecte plus la mission qui doit être la sienne, qu’il ne respecte ni la Constitution ni les lois de la République et qu’il met en danger l’avenir de son peuple. Car la patrie est aujourd’hui en danger. Pour la sauvegarde, les hommes de devoir et d’honneur doivent savoir braver l’interdit– constitué par ce devoir de réserve– lorsque le péril qui résulte du laxisme…de l’injustice de l’État la met en danger.  (cf. Général Antoine Martinez, Quand la Grande Muette prendra la parole. Ed. Apopsix, p. 24/25).

Et ce Général de préciser : Certains pourraient même estimer que la Grande Muette, en ne brisant pas le silence, se rend complice de l’engagement de cette spirale infernale qui mène au chaos…  ( cf. Op. cit. p.27).

À cet égard, en matière de transgression du devoir de réserve, le Général Antoine Martinez rappelle dans son livre cité plus haut l’appel historique du 18 juin 1940 du Général de Gaulle qui constitue un acte de REFUS et de RÉSISTANCE exemplaires. Face à l’honneur de la patrie bafouée, il marque la fidélité à des principes et à des valeurs qui ont finalement triomphé. ( cf. Op. cit. p. 61).

Et le Général***** de l’Armée de Terre, ancien CEMA, Pierre de Villiers, rejoint en pensée ses Frères d’armes :

Toutefois, la loyauté n’est pas l’esprit de cour ni l’assentiment permanent à ce qui peut être utile pour se faire valoir. Le silence est parfois proche de la lâcheté. La loyauté perd de sa légitimité lorsque commence le légalisme. Maintes fois, dans l’exercice de mes fonctions, j’ai estimé de mon devoir de faire part de mes réserves, en toute transparence et en vérité, dans le respect évident du devoir de réserve. Notre époque turbulente et dangereuse ne se prête plus à la Grande Muette… ( cf. Servir , Ed. Fayard 2017, p. 19).

Nous constatons ici l’évolution du Devoir de Réserve, lequel recouvre un besoin de liberté d’expression de la part de ces Généraux envers le politique, mais tout en retenue, liberté qui s’arrime aux faits et rien qu’aux faits, qui s’ancre au réel sociétal qu’ils constatent et transmettent au politique tout en restant à leur place, sous les ordres du Chef de l’Etat et sans chercher à se faire valoir, fidèles à leurs principes de Loyauté, d’honneur et de dignité.

Le fait est qu’il existe une réelle opposition du politique et du militaire, à raison de ce qu’implique leurs fonctions respectives, cette opposition s’étant creusée du fait de l’évolution du politique ces 40 dernières années. Le Général de Gaulle, cité sur ce point supra, a parfaitement expliqué les fondements de cette discordance qui suscite parfois des tensions.

II- L’antagonisme récurrent entre le Politique et le Militaire

II-A : L’expertise militaire

L’expertise militaire est indispensable à l’équilibre de la Nation et doit être partagée harmonieusement avec des pouvoirs publics qui savent écouter et discuter avec ces professionnels avertis.

Il est cependant un fait incontestable que par ignorance, par idéologie ou par imbécilité, le militaire  est disqualifié, évincé et relégué dans sa caserne par les représentants d’un pouvoir politique qui instrumentalisent l’armée par misérable calcul.

II-A-1: Sa légitimité envers le politique

Dès lors que les idées mènent le monde, l’armée est légitime dans une participation à la production de concepts, exploratoires ou adaptés à ce nouvel état de fait, et dans une prétention à faire entendre dans le concert national et international une voix exprimant la culture et l’humanisme militaires français. Rien ne serait plus hasardeux que d’abandonner l’élaboration conceptuelle à des fonctionnaires civils ou à des universitaires, au risque de produire un discours tronqué ... (cf. État militaire et sens politique : une nécessaire désinhibition. Pierre Garrigou-Grandchamp. Inflexion. 2007/2, n.6).

En effet, les militaires disposent d’une formation spécifique ( Le Prytanée national militaire de la Flèche, Saint Cyr, une grande école prestigieuse et nombre d’autres institutions éducatives).

Les militaires, s’ils ont choisi le Métier des Armes, certes font la guerre, mais ce terme recouvre de multiples facettes dont les civils sont fort éloignés, en particulier depuis que la conscription a été supprimée par le Président Chirac.

Par ailleurs, nombre d’entre eux, qui sont envoyés en opex ( opérations extérieures ) sur tous les continents pour intervenir et participer à un processus de paix entre les belligérants ( contrairement aux idées préconçues), ou ceux qui sont employés sur le territoire national dans diverses fonctions stratégiques, scientifiques, de communication voire administratives et sur le terrain pour protéger les citoyens en des temps troublés, travaillent dans des conditions difficiles, sans moyens suffisants par insuffisance de personnel et de déficit budgétaire.

Il n’est pas inutile à cet endroit de rappeler que certains domaines comme La Défense ou la Justice constituent des variables d’ajustement au bénéfice du tout social sans contrepartie y compris à l’extérieur du territoire quitte à affaiblir ces domaines régaliens qui ne sont plus de mise pour un Gouvernement dont l’idéologie hors-sol est l’ouverture totale sur la planète entière, quitte à démunir les citoyens français de toute la protection que confère un régalien bien rodé car doté de moyens financiers adéquats.

Cette parenthèse étant refermée, nos militaires disposent ainsi d’une formation globale et d’une expérience incomparable en matière de courage, d’investissement, de loyauté, d’expérience, de dignité, d’honneur et d’humanisme, et ce bien souvent au prix de leur vie.

Ils vivent des expériences uniques et sont amenés bien souvent à improviser, en particulier en OPEX.

A cet égard, le Général Pierre de Villiers, en mission en Afghanistan et plus spécialement à environ 100 km de Kaboul, entre 2006 et 2007, explique : Là, j’ai pu observer les ravages du terrorisme islamiste radical, mais aussi l’indispensable articulation entre sécurité et développement. Dès qu’un village était sécurisé, il fallait lancer une opération pour ouvrir une école, permettre l’approvisionnement. La population locale ne donne sa confiance que si le retour de la sécurité apporte les germes de la prospérité et de la promesse du bonheur. Ma devise était « Ensemble faisons progresser la paix. (cf. Servir, Op.cit.).

C’est cela aussi l’esprit d’inventivité, d’adaptation et de créativité pétris d’humanisme, ce que l’on appelle communément l’expérience.

C’est pourquoi, en qualité d’acteurs et d’observateurs privilégiés des conflits et se trouvant au plus près des populations civiles, ils sont en mesure, du fait de leurs indéniables compétences techniques, stratégiques et technologiques, de constituer un atout majeur porté par la voix de leurs Chefs d’armée (vers lesquels sont relayées toutes les informations), auprès des Pouvoirs Publics bien éloignés de toutes ces contingences. Ils sont parfaitement légitimes à conseiller, orienter, exprimer leurs points de vue dans tous les domaines concernant La Défense Nationale, voire internationale, sans être bâillonnés dès lors qu’ils demeurent à leur place de Serviteurs de la Nation, sous l’autorité d’un Président de la République qui sait leur manifester son respect.

Or, dans le climat pré-insurrectionnel qui couve et qui ne tient pas aux militaires mais bel et bien aux Pouvoirs Publics Civils qui mènent délibérément une politique destructrice de la Nation ( Il faut déconstruire l’Histoire, a clamé récemment le Président Macron) au sens de l’abolition de l’Etat-Nation dans le sillage d’une politique mondialiste qui vise à la soumission des peuples au pouvoir financier international, il ne faut guère s’étonner que les militaires, qui considèrent avec Alfred de Vigny que L’honneur c’est la poésie du devoir , prennent la parole pour mettre en garde ces mêmes pouvoirs publics dont la politique tournée vers l’extérieur font courir un grave péril aux populations qu’il est de leur devoir constitutionnel de protéger. Les citoyens français sont pris en tenaille entre la barbarie islamiste et le Gouvernement des Juges supranationaux dont les positions politiques sont relayées par les Juges nationaux de toutes catégories et le Gouvernement en place, successeur de politiques spécialistes de l’abdication et de la soumission.

Tandis que le pouvoir civil est tourné vers l’extérieur des frontières, la force militaire reste tournée vers l’intérieur de ces mêmes frontières ( qui deviennent virtuelles avec le temps) à raison de leur mode de pensée et des principes qu’ils ont toujours défendus de tous temps. Être au Service de la Nation qui se différencie de la République, cette dernière constituant un régime politique, mais non l’identité charnelle à laquelle ils sont attachés.

Le général de Villiers, qui considère que Toute autorité est un service, a eu ces mots très forts : L’armée n’est pas au service d’Emmanuel Macron mais au service du peuple.

II-A-2: Sa contestation par le politique

Il a été vu plus haut que le concept de devoir de réserve est relativement flottant et vaporeux, dont les contours ont été toutefois tracés dans cette affaire par le CEMA, le général Lecointre.

Il ne nous appartient évidemment pas de quereller la pertinence de son analyse. Mais il n’est pas interdit au civil de penser et d’exprimer qu’il devient urgent que les hauts gradés de l’Armée, des hommes et des femmes d’expérience, soient en mesure de s’exprimer librement sur des problématiques sociétales, sans épée de Damoclès sur la tête, notamment quand menace l’orage.

Toutefois, force est de constater que des esprits chagrin, peu au fait des questions militaires, confortant leurs préjugés négatifs d’adolescents attardés sur notre institution militaire républicaine, parlent de cette Lettre des Généraux comme d’une Instrumentalisation de l’armée.

Ce type de réaction abrupte et sans recul ni professionnalisme s’inscrit plus dans une volonté de discrédit de l’Institution pour complaire à leur égo politicien d’arrière-cuisine que dans le sillage d’une réelle réflexion menée sur la question.

a) Un rapport de force inévitable

Ce n’est pas nouveau.

Le Général de Gaulle expliquait déjà dans un chapitre de l’ouvrage Le fil de l’épée intitulé  Le politique et le soldat que Quelles que soient différentes les tâches respectives du Gouvernement et du Commandement, leur interdépendance ne se discute pas. Quelle politique réussit quand les armes succombent ? Quelle stratégie est valable quand les moyens lui font défaut ?…Le politique s’efforce à dominer l’opinion… car c’est de là qu’il tire l’action. Rien ne vaut pour lui et rien n’est possible qu’au nom de cette souveraineté.

Or, elle sait gré aux hommes moins d’être utiles que de lui plaire et les promesses l’entraînent plutôt que les arguments. Aussi le politique met il tout son art à la séduire dissimulant suivant l’heure, n’affirmant qu’opportunément. Pour devenir le maître il se pose en serviteur…elle lui donne le pouvoir. A présent va t-il agir sans feindre ? Mais non ! … il lui faut… flatter les passions, tenir en haleine les intérêts…Sa puissance, si étendue qu’elle soit, demeurée précaire…. toute sa vie, toute son œuvre, ont un caractère instables… agité, tumultueux qui les opposent à celle des soldats.

Celui-ci fait profession d’employer les armes mais leur puissance doit être organisée.du jour où il les prend, voilà donc le soldat soumis à la règle. Elle ne le quitte plus….. ce qu’elle exige le fait souffrir jusqu’au fond de sa nature d’homme : renoncer à la liberté à l’argent, parfois à la vie, quel sacrifice est plus complet? Mais à ce prix elle lui offre l’empire de la force. C’est pourquoi il la garde… bien mieux, il l’aime et se glorifie de ce qu’elle lui coûte. C’est mon honneur! Dit-il…

Le politique et le soldat apportent donc à la commune entreprise des caractères, des procédés, des soucis très différents… De cette dissemblance résultent quelques incompréhension… C’est un fait que l’armée accorde aux pouvoirs publics une adhésion sans réserve … Inversement, le goût du système, l’assurance, la rigidité… dont l’esprit du métier ont fait du soldat comme une seconde nature, paraissent au politique incommode et sans attrait… C’est pourquoi, sauf aux instants de crise où la nécessité fait loi, il favorise dans le commandement non point les meilleurs mais les plus faciles, refoule parfois les chefs militaires aux rangs médiocres dans l’ordre des préséances… Ce défaut de sympathie réciproque chez le politique et chez le soldat n’est pas essentiellement fâcheux. Une sorte d’équilibre des tendances est nécessaire dans l’Etat et l’ont doit secrètement approuver que les hommes qui le conduisent et ceux qui en manient la force éprouvent les uns pour les autres quelque éloignement… Dans un pays où les militaires feraient la loi… les ressorts du pouvoir… tendus à l’excès finiraient par se briser : au dehors, les voisins coaliseraient leurs alarmes. D’autre part, il convient que la politique ne se mêle point à l’armée : tout ce qui vient des partis… passions… doctrines… opinions a bientôt fait de corrompre le corps militaire dont la puissance tient d’abord à sa vertu.

Encore faut-il qu’on puisse s’entendre. Politiques et soldats ont à collaborer. Qu’ils n’en n’aient point le goût, c’est affaire à leur sagesse de s’en accommoder, mais leur devoir est d’agir d’accord… (cf. Le fil de l’épée et autres écrits.( Op.cit., pp. 209 à 214).

b) Evolution fatidique : des têtes tombent.

L’opposition entre militaires et politiques s’inscrivait autrefois dans un dialogue difficile mais compréhensible du fait de l’influence que chacun voulait préserver sur le champ politique et stratégique, au sens noble du terme et dans une tentative de collaboration, fût-elle difficile à mener.

Avec le temps, l’auteur de ces lignes considère que le champ politique s’est rétréci au point de devenir une sorte de bataille d’égos politicienne plus qu’une vraie vision politique du pays tout court et encore moins à long terme, bien évidemment.

Autrement dit, la quête du pouvoir individuel, de portefeuilles, de maroquins, de prébendes et les avantages qui vont avec compte davantage que le souci de mettre en place une vraie politique de la France, au sens où le général de Gaulle l’entendait, que l’on fut en accord ou non avec les choix qui furent les siens, entouré qu’il était par des hommes et des femmes de haute tenue intellectuelle et culturelle.

Le tournant a commencé avec le Président VGE, puis poursuivi par le Président Mitterrand, bien que l’on puisse considérer que ce dernier fut le dernier vrai  Président français, doté d’une stature  quand bien même sa politique annonçait déjà le déclin de notre pays sur le plan économique et sur le plan de la scène internationale du fait de sa politique européiste et son tournant en 1983 vers la Sociale Démocratie , trahissant ce faisant  la classe ouvrière qui l’avait soutenu pour se tourner vers une autre clientèle électorale que nous connaissons.

Les Présidents qui ont suivi n’ont eu de cesse de rabaisser la fonction présidentielle à une espèce de show individuel sous le feu des projecteurs d’une communication croissante télévisuelle, des nouvelles technologies propulsant leur image au centre de la scène politique, s’arrogeant un maximum de pouvoirs usant et abusant à cette fin de la Constitution de la Vème République du 23/10/58, qui avait instauré un régime dit présidentiel, taillée sur mesure par Michel Debré, pour un Président d’envergure, modifiée à leur convenance au fil du temps, tandis qu’ils n’avaient plus la carrure pour la représenter.

C’est ainsi que s’est opéré un glissement pernicieux qui a conduit les ego de chacun à rétrécir à peau de chagrin leur vision de la France, dont ils ont progressivement abandonné des pans entiers de souveraineté à des Institutions supra-nationales les conduisant ainsi inexorablement à déprécier les institutions internes comme l’autorité judiciaire et l’institution militaire, le point culminant ayant été atteint par les Présidents Sarkozy, Hollande et Macron, le premier d’entre eux traitant les Hauts Magistrats de petits pois, les deux suivants insultant littéralement deux grands Généraux de façon inacceptable.

La politique spectacle battait son plein. Et les médias aux ordres s’invitaient dans une interprétation fumeuse de la représentation fantasmagorique qu’ils contribuaient à propager mensongèrement.

Le premier à faire les frais de cette nouvelle génération de Présidents égocentrés et leurs suiveurs de tous poils est le Général****de Gendarmerie Bertrand Soubelet, invité dans la cadre de ses fonctions par les Parlementaires à exposer les questions problématiques de la sécurité – ou plutôt d’insécurité – grandissante dans le pays.

Laissons lui la parole :

Mon exposé est donc précis. Je ne cache rien, je ne déguise rien, je ne contourne aucun obstacle, je ne cherche pas à faire œuvre de diplomate. Suis-je tenu par le devoir de réserve ? Non. Devant la représentation nationale, il est levé. Ma parole est donc libre… Je suis incisif. Chacune de mes paroles est pesée. Mon sentiment : la délinquance prime. C’est à elle qu’il faut donc s’attaquer en priorité… Peu à peu je sens … que l’intérêt monte… lorsque je déclare que l’insécurité et le sentiment d’insécurité augmenteront tant que la réponse des pouvoirs publics ne sera pas adaptée, je vois que les regards se figent. Enfin, – c’est là l’un des points les plus importants – lorsque j’affirme que les gendarmes sur le terrain ont le sentiment fort que l’on prend souvent plus soin des auteurs de délits que des victimes, je sens une deuxième vague d’incrédulité teintée d’inquiétude… La réalité est que le sentiment d’insécurité augmente… La politique pénale… J’indique que la cohérence de la politique pénale au plan national pose problème et qu’elle ne peut pas être l’addition de politiques pénales locales… Les conclusions évoquées devant les Parlementaires s’imposent naturellement. Dans la cas de la Justice, lui donner les moyens de faire son travail en lui permettant de faire son travail, par exemple d’organiser des jugements rapides, de privilégier la procédure de comparution immédiate… et d’encadrer des mineurs qui devraient être pris en charge non par des maisons carcérales mais par des structures éducatives qui, souvent n’existent pas… La messe est dite.

La machine est en route. Trois semaines après cette séance, une dépêche de l’AFP tombe, présentant mon audition comme une critique de la politique pénale du gouvernement (ce que je réfute absolument). La description que j’ai faite ne constitue en rien une critique de la politique pénale. Seule la présentation orientée de la Presse a pu faire croire que je m’étais affranchi de la loyauté qu’un haut fonctionnaire, militaire en l’espèce, doit aux autorités… Et le sens de mes propos, systématiquement, n’a pas été respecté… 48 heures après la parution de l’article du Figaro intitulé : Le numéro trois de la Gendarmerie critique ouvertement la politique pénale du gouvernement , le Directeur général de la gendarmerie m’annonce mon départ de mes fonctions… Je suis muté à la tête de la gendarmerie d’Outre-Mer. Bien que présentée comme prestigieuse, cette nouvelle affectation est une sanction. Personne ne s’y trompe. Ma tête vient de tomber… ( cf. Bertrand Soubelet, Tout ce qu’il ne faut pas dire. pp.17 à 30).

Le second à souffrir de cette dégradation de la fonction présidentielle et de sa suite inféodée est le général d’armée*****, CEMA, Pierre de Villiers.

Le chef d’état major des armées a présenté sa démission le 19 juillet 2016 après des jours de tension entre Emmanuel Macron et lui. Il s’explique dans une lettre officielle : Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée.

Si Pierre de Villiers évoque quelques raisons de son départ dans cette lettre, elles sont surtout le résultat d’une crise de confiance profonde entre le Président et son Chef des Armées… que l’on retrouve de façon récurrente entre ce même Président et toute autre personne que lui-même…

Selon le journal Challenge, Le grand écart entre les objectifs assignés à nos forces ( pendant la campagne électorale au cours de laquelle le candidat Macron avait promis une augmentation du PIB pour l’armée de 2% en 2025 (note de l’auteur)) et les moyens alloués n’est plus tenable (…) On a déjà tout donné, a-t-il défendu lors de cette réunion à huis clos. Pierre de Villiers milite, lui, pour un budget assigné à la Défense de 34,8 milliards d’euros dès 2018, soit plus de 2 milliards d’augmentation…( cf. RTL. 13/07/2017).

Le point de départ de cet enchaînement vénéneux, c’est l’annonce par Gérald Darmanin d’une coupe budgétaire de 850 millions d’euros demandée à tous les ministères, y compris celui tenu par Florence Parly, le 11 juillet dernier. Une nouvelle que Pierre de Villiers a du mal à avaler… ( cf. RTL. Op.cit. )

La déception passe mal.

Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait pourtant promis de porter le budget de la Défense à 2% du PIB d’ici 2025. L’armée française est particulièrement sous pression depuis les attentats de janvier 2015 et la mise en place de l’opération Sentinelle, ainsi que les opérations extérieures dans lesquelles la France s’est engagée (Sahel et Levant).

Je ne vais pas me laisser b…. comme ça ! a-t-il lancé 13 juillet dernier avant de se faire recadrer par le Locataire de l’Élysée, devant les militaires, dans la cour de l’Hôtel de Brienne : Je suis votre chef. Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique, a ajouté Emmanuel Macron dans une allusion directe au Général. Un affront insupportable devant ses troupes pour celui qui doit représenter l’autorité.

Recadrer le Chef d’Etat-Major devant un parterre de Généraux et de Subordonnés, c’est l’horreur absolue, on ne doit jamais remettre en cause un chef militaire comme cela, raconte un prédécesseur de l’intéressé, Henri Bentégeat, au Monde. D’autant que Pierre de Villiers a été reconduit pour un an à son poste par le Président de la République le 30 juin, à la condition de tenir la promesse des 2%. ( cf. RTL. Op.cit. 19/07/2017).

Un tel manque de respect et de considération est inacceptable de la part d’un Président de la République à l’endroit d’un CEMA aussi compétent et dévoué que le général Pierre de Villiers !

Mais EN MÊME TEMPS, Qu’attendre d’un homme qui traite les français d’ignorants, qui qualifie des ouvrières bretonnes d’illettrées, qui insulte les citoyens des Hauts de France en les traitant d’ivrognes et de fumeurs de gitanes maïs, qui opère une distinction entre ceux qui se croisent dans les gares qui sont quelque chose et ceux qui ne sont rien, qui apostrophe un homme au chômage vêtu d’un tee-shirt en lui disant qu’il suffit de travailler pour s’acheter un costard et qu’il appartient à n’importe qui de traverser la rue pour trouver un travail !

La vulgarité n’a pas de limites…..

Écoutons le Général Pierre de Villiers :

Ce 19 juillet 2016, je monte dans ma voiture, entouré de mes deux fidèles, mon conducteur et mon officier de sécurité… Nous quittons l’Ecole Militaire et partons pour l’Elysée. Un itinéraire bien connu pour un Chef d’Etat Major des Armées… Pour ce rendez-vous au Palais de l’Elysée je n’ai pas pris de dossiers. Aucun Chef d’Etat Major des Armées n’a jamais démissionné sous la Vème république.

Et pourtant je vais présenter ma démission. Le chef militaire vit au contact constant du pouvoir politique…

Il ajoute après avoir retracé son long et varié parcours de chef militaire : J’ai donc une expérience longue et somme toute heureuse avec le pouvoir politique. Et pourtant je vais présenter ma démission…

Ces dernières années j’ai surtout mesuré combien la vraie loyauté consiste à dire la vérité à son chef. La vraie liberté est d’être capable de le faire, quels ques soient les risques et les conséquences. C’est ce que j’exigeais de mes subordonnés. Lyautey affirmait : Quand j’entends les talons claquer je vois les esprits qui se ferment. La vraie obéissance se moque de l’obéissance aveugle. C’est l’obéissance d’amitié…  Cette démission était pour moi un devoir personnel; elle comportait également un devoir collectif, celui d’en expliquer les raisons afin de dire aux français la vérité sur l’état de nos forces armées et sur les menaces auxquelles notre pays doit faire face…  ( cf. Servir. Op.cit. pp.9 à 14).

Mais revenons à présent, après ces précédents malheureux historiques, à la Tribune de nos Généraux.

Tandis que Jean-Luc Mélenchon évoque un appel factieux  (alors même que par ailleurs il honore les militaires Trotskystes, Castristes et Chavistes qui aident au maintien de régimes totalitaires d’extrême – gauche), Marine Le Pen, par clientélisme déplacé, a tenté de rallier les militaires signataires à son mouvement politique. Cette initiative malheureuse de la part d’une femme politique – censée être avertie des questions militaires – non seulement manifeste son ignorance de l’esprit / de l’âme militaire, mais en outre a porté un grave préjudice à ces lanceurs d’alertes professionnels sur la situation dégradée de la France.

Cette forme de récupération pervertie a aussitôt discrédité ces militaires traités de tous les noms d’oiseau, Généraux en pantoufles, fascistes, putschistes, certains entendent même des bruits de bottes, incitant à la guerre civile par tous ceux des milieux politiques et médiatiques qui ne savent pas lire et encore moins décrypter le fond de cet appel en usant de leur intelligence le message adressé.

A cet égard, Catherine Nay a exposé en substance dans Valeurs actuelles : Au départ Jean Castex avait jugé ce texte insignifiant. Le général Lecointre, CEMA, avouait lui-même ne pas y avoir prêté attention. Et puis soudain, le feu a pris. C’est Marine le Pen qui a craqué l’allumette en invitant ces Généraux à la rejoindre. Le délitement de la nation est l’un de ses thèmes favoris. Elle aurait mieux fait de ne pas s’en mêler et de laisser le débat progresser sans elle… Pour Jean-Luc Mélanchon, l’invite de MLP est une aubaine. S’il fustige ces Généraux et réclame des sanctions, c’est pour laisser entendre que Macron, qui ne réagissait pas, était complaisant avec l’extrême-droite. En brandissant le péril fasciste ( antienne éculée ), il s’adresse aux électeurs de gauche qui ne savent plus à quel saint se vouer… Il venait de qualifier l’assassinat de Rambouillet de révoltant meurtre sans dire que la victime était une policière et que le tueur était un islamiste radicalisé » (cf. VA. 6 mai 2021. p. 26).

La tactique de Mélanchon est proche de la pratique soviétique de sidération : Intimider par le faux, un faux si énorme, si écrasant qu’il tire sa force sidérante de l’invraisemblable audace avec laquelle il est imposé. ( Alain Basançon, historien, cf. VA , op.cit. p.17).

Pas de chance pour lui, le Procureur de Paris Rémy Heitz a rejeté la demande de Parlementaires de LFI d’engager des poursuites contre les auteurs et diffuseurs de la Tribune controversée des militaires car aucune infraction pénale n’y figure …la plainte a été classée sans suite faute d’infraction caractérisée dans cette tribune dénonçant le délitement de la France diffusée dans VA le 21/04/2021.

L’annonce de sanctions contre des officiers d’active signataires ne peut pas laisser indifférent surtout parce que des politiciens instrumentalisent et dénaturent le texte dans leur crainte panique face à une arrivée possible de Marine Le Pen au pouvoir. Nul doute d’ailleurs que, par son appel aux signataires qui n’ont pourtant pas signé une Tribune de soutien à un parti politique, Marine le Pen a une lourde responsabilité dans les suites données potentiellement à cette affaire. ( cf. Général 2S François Chauvency in Theatrum-belli.com 29 avril 2021).

Ce ne sont pas les Généraux qui instrumentalisent l’Armée mais les Partis politiques intrigants et séditieux que l’on sait et pour des raisons bassement politiciennes.

Après, il est plus aisé de bondir sur le devoir de réserve des militaires dont on connaît les contours particulièrement fluctuants …

Ceci pour dire combien le politique et le militaire, en l’occurrence, avaient laissé sonner le tocsin puis se sont ravisés ( le Militaire obéissant au Politique) quand ils ont été avisés des récupérations arbitrées par des arguties politiciennes qui pouvaient nuire au Chef de l’Etat, dont il a été dit plus haut qu’il était moins soucieux de la protection civile dont il est comptable que de son image à quelques semaines des élections régionales et à l’aube d’une élection présidentielle.

Il convient de distinguer les tentatives de récupérations indignes de politiques malhonnêtes de celles,  réfléchies, de certains d’entre eux au nombre desquels figure l’euro-député François-Xavier Bellamy qui s’indigne que l’on s’en prenne ainsi aux militaires : Je suis révolté de voir que certains choisissent de s’en prendre au messager pour ne pas écouter les messages et qu’on est prêt à décrire ces militaires qui servent la France comme des factieux alors même qu’ils expliquent dans leur texte que leur seul et unique objectif c’est de défendre la loi de la république et de défendre l’ordre public en France » ( cf  Interview Point de vue, in Le Figaro, Nicolas Barotte, 11/05/2021).

François-Xavier Bellamy à très bien résumé la question : il n’y a rien de très nouveau ; en réalité c’est pour ça que je m’étonne de l’indignation qu’a suscité le premier texte… Gérald Darmanin s’indigne aussi mais il a parlé lui-même il y a peu, de guerre entre les policiers et les trafiquants, il a utilisé le mot « guerre », il a expliqué que les policiers étaient des « soldats » donc si je suis son raisonnement, on est déjà en quelque sorte en guerre civile et ensuite c’est pas le seul ministre de l’intérieur à avoir parlé comme ça, Manuel Valls a parlé de guerre contre l’islamisme, Gérard Collomb a dit « nous vivions côte à côte et bientôt nous vivrons face à face », François Hollande lui-même parlait « des partitions du pays », donc sur le diagnostic je ne vois pas pourquoi c’est choquant maintenant il faut agir et peut-être est-ce qu’on attend des politiques.. » (cf Interview Alexandre de Vecchio, Le Figaro, Op.cit).

Ceci pour expliquer comment le politicien de petite envergure d’aujourd’hui s’empare, par déviance politique, par pur clientélisme en période pré électorale et de façon teintée de perversion, de propos relatant certaines vérités que nul ne peut contester, constituant une alerte adressée au membres du Gouvernement et aux Députés, somme toute conformes à la réalité que vit le pays, quitte à en livrer au public une vision déformante et faussée et pour finir, jetant le discrédit sur les auteurs et signataires de La Tribune dont la légitimité est à présent contestée en regard de leur devoir de réserve dont nous allons voir qu’il est très variable selon les individus militaires concernés.

A cet égard, et par souci d’apaisement, le CEMA, le général Lecointre, a réagi à la publication d’une deuxième Tribune de militaires dans Valeurs Actuelles : Depuis plusieurs semaines, l’obligation de réserve qui s’impose à tous militaires a été largement transgressée, écrit le plus haut gradé de la hiérarchie.

S’agissant du second texte anonyme il précise : Des prises de position éminemment politiques ont été attribuées à des militaires tenus à cette obligation, quand elles n’ont pas été revendiquées par ces dernier. Dans le second texte aux signatures anonymes, des militaires d’active donnaient raison à leurs aînés qui avait dénoncé dans le premier le délitement » de la France. (cf Le Figaro, Op cit).

C’est flagrant : contrairement aux réserves émises par le général de Gaulle en son temps, le politique ou plutôt le politicien de comptoir s’est emparé du militaire et a précipité son discrédit.

Quand bien même cette intervention collective cash dût-elle être sanctionnée par la plus haute hiérarchie militaire, l’engeance purement politicienne aura provoqué un chaos dommageable pour l’institution militaire, seul rempart, selon 73 % des français, à protéger le pays et ses habitants des dangers qui les menacent, la guerre civile larvée étant d’ores et déjà en marche, Et il est fort dommageable que ces irresponsables politiques aient agi de la sorte en provoquant des fêlures et des bourdonnements qui sont loin d’avoir encore produit leurs effets.

II-B: Un devoir de réserve à géométrie variable

Le législateur de 1972, puis celui de 2005, ont consacré l’éligibilité du militaire à des fonctions de représentation civile. L’article L4121-3 in fine du Code de la défense prévoit que les militaires qui sont élus et qui acceptent leur mandat sont placés dans la position de détachement. Dans cette position, le militaire continue à figurer sur la liste d’ancienneté de son corps et à bénéficier des droits à l’avancement et à pension de retraite.

Néanmoins, précisons que placé dans cette position, le militaire ne perçoit plus sa solde 455 durant toute la période du détachement mais percevra des rémunérations auprès de l’organisme auprès duquel il est détaché.  ( cf. Thèse Le militaire entre citoyen, agent public et soldat, présentée et soutenue par Bertrand Quaglierini. D irectrice de Thèse : Delphine Costa, 7/12/2017, Université de Droit Avignon et des Pays de Vaucluse).

Laëtitia Saint-Paul, capitaine dans l’armée de terre, et donc en active, occupe le siège LERM à l’Assemblée Nationale. Mieux, elle en est la vice-présidente. Jusqu’à son recrutement par le mouvement macroniste, le capitaine Bruneau (son nom de jeune fille), sortie de Saint Cyr, officiait depuis quatre ans à la direction des études et de la prospective à l’état-major de Saumur après avoir officié en opex en Côte d’Ivoire et au Liban. Un exemple de méritocratie, dira Édouard Philippe.

Sans doute, mais qu’en est-il de l’égalité des citoyens devant la loi ?

Car les militaires sont avant tout des citoyens avant d’être militaires, donc pourquoi cette dichotomie?

Voilà un capitaine de l’Armée active, non démissionnaire de l’Armée, qui s’engage en politique et qui par conséquent dispose de toute la liberté d’expression requise par ses nouvelles fonctions, en pleine contradiction avec les préceptes des contraintes, en particulier le devoir de réserve.

Comment expliquer qu’un Capitaine de l’Armée de Terre en active puisse s’exprimer librement dans l’enceinte du Palais Bourbon ?

Lorsqu’on évoque la baisse drastique du budget de la défense, elle s’amuse à citer Les Shadoks : « Il faut toujours taper sur les mêmes pour qu’il y ait le moins de mécontents possibles.  ( cf. Le Monde 19 juillet 2017). Cette tirade qui se veut humoristique est la parfaite représentation de la soumission de son auteur au parti politique LERM… sous les couleurs duquel elle s’est d’ailleurs présentée.

La différence de traitement est incompréhensible : un Capitaine de l’Armée en active, engagée en politique auprès du Parti présidentiel, s’autorise un trait d’humour  en citant les Shadoks  au Palais Bourbon pour dire son désaccord avec les restrictions budgétaires de l’armée, tandis que dans le même temps, le CEMA, Pierre de Villiers qui s’en émeut et exprime cette même opposition sur la question, est désavoué et humilié par le Président de la République en présence de ses hommes …

Elle a même écrit un livre : Mission : Tenir de l’armée à l’Assemblée Nationale. Ed. Lattès. Coécrit avec la journaliste Céline Cabourg, paru au mois d’avril 2021 et dans lequel la députée LRM du Maine-et-Loire compare son mandat avec son engagement dans l’armée.

C’est troublant et invite à se poser la question des deux-poids, deux mesures, cette expression étant devenue la plus courante en politique ces dernières années.

Voilà qui vient conforter le flou artistique, la sinuosité de ce fameux devoir de réserve du militaire.

Conclusion

L’important n’est pas l’exercice du pouvoir, mais celui de la responsabilité tournée vers ses subordonnés pour le bien commun. (cf. Servir. Pierre de Villiers. Op.cit. p.27 ).

A cet égard, il est opportun de s’interroger sur l’évolution nécessaire du devoir de réserve lequel constitue un frein bien pratique pour préserver les politiques mises en place par un Gouvernement irresponsable et un chef d’Etat qui viole de façon récurrente la Constitution afin de poursuivre sa politique mondialiste dont les intérêts s’opposent à ceux de la France, menant celle- ci au bord du précipice et faisant courir une insécurité grandissante à la population. En cela, l’actuel Président, parvenu au pouvoir par un coup d’Etat politique, qui concentre au creux de sa main les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, est-il encore légitime à représenter le pays ? Le peuple dit non à sa majorité et les élections régionales et surtout présidentielles à venir le détermineront.

En attendant, le péril menace d’autant que la guerre explose en Israël, déclenchée par le Hamas par l’envoi massif de 1500 missiles sur la population israélienne. Ce petit pays est rompu à de tels combats, son armée dotée de moyens colossaux, est très réactive, ses policiers sont autorisés à tirer sur les terroristes islamistes et la population est armée et est donc en mesure de se défendre le cas échéant.

Ce qui n’est malheureusement pas du tout le cas de la France, habituée à une paix durable depuis 70 ans, qui a oublié ce que guerre veut dire, en particulier lorsque l’ennemi se trouve à l’intérieur du territoire national et prêt à en découdre avec une population qu’il hait.

Les forces de l’ordre sont attaquées de façon récurrente, démunies de moyens de riposte, offrant ainsi une cible privilégiée aux tueurs en puissance.

Les civils sont livrés pieds et poings liés à toutes les exactions dont l’ennemi dispersé et organisé est capable, sans aucun moyen de défense puisque non armés, la loi étant formelle sur ce point.

Voilà pourquoi les institutionnels en retraite de l’armée se sont manifestés. Non par esprit politique qui ne les intéresse pas, mais par l’inquiétude qu’ils nourrissent pour la population délaissée par un pouvoir qui se désintéresse de son sort, animé qu’il est par d’autres impératifs suscitant l’insécurité grandissante.

Pour autant tout n’est pas perdu.

Dans un contexte que l’on souhaite apaisé à l’issue des élections, il faudra faire évoluer de façon drastique l’exercice du devoir de réserve du militaire vers plus de collaboration avec le civil et lui réserver une place de choix.

De bonne volonté, le Général de Gaulle affirmait : On pourrait concevoir, il est vrai, qu’un État prévoyant voulût préparer une élite politique, administrative et militaire, par des études faites en commun, à diriger, le cas échéant, l’effort guerrier de la nation. Outre de plus grande chance, d’accord entre les différents pouvoirs, dans le cas d’un conflit, une telle institution aurait, sans doute, l’avantage d’éclairer en temps de paix les discussions et les lois qui concernent la puissance militaire du pays…  ( Le fil de l’épée et autres récits , Op. cit. Charles de Gaulle, page 224).

Les militaires, quels ques soient leurs grades, sont des êtres humains et donc faillibles. Ils peuvent, comme tout un chacun, sortir du rang, franchir la ligne blanche de leurs devoir et de leur serment.

Pour l’affaire qui nous occupe ici, le CEMA , Général Lecointre s’est exprimé clairement sur la question du devoir de réserve. Il n’est nulle question ici de discuter sa décision et les sanctions qui seront prises et dont on espère qu’elles seront symboliques.

Juste dire, qu’à l’instar des civils, et compte tenu des circonstances exceptionnelles qui ont présidé à l’initiative de ces militaires signataires de la Tribune litigieuse, ces derniers ont, eux aussi, droit au bénéfice du doute.

Dans un tel cas de figure, encore faudrait-il que l’on ne se trompe pas d’accusé… dès lors qu’il est flagrant que l’état de délabrement et de dislocation du pays n’est pas du fait du militaire mais bien de celui du politique.

© Catherine Massaut

Catherine Massaut est Magistrat en pré-retraite

Catherine Massaut

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