Chers tous,
Un ami et allié précieux m’a posé cette question : Pourquoi Sfar ou encore Wolkowicz publient-ils leurs (remarquables) points de vue dans la presse communautaire juive, déjà acquise, et non pas dans la presse nationale ? “Ce n’est pas comme ça qu’on fait la guerre !”
Certes, c’est regrettable. Mais les plus de cinq cents agressions et douze crimes recensés contre les Juifs en France depuis une dizaine d’années divisent sa presse et gênent la France : plus nombreux que dans tout autre pays européen, ils ternissent son prestige international ; ils l’obligent à juger des Arabo-musulmans qu’elle échoue déjà à intégrer, autre entame à son prestige, et qui l’accusent d’islamophobie – inversion accusatoire.
Au cours des différents jugements du meurtrier de Mme Halimi, le formalisme juridique a fait que le droit a dévoré la justice et s’est retourné contre lui-même en un déni définitif. Le procès d’assises ayant été refusé, la manifestation de la vérité n’a pas été favorisée (indifférence très « post » à la vérité) ; le caractère antijuif du crime n’a été admis qu’in extremis tandis qu’était occulté le criminel (créant un mobile sans volonté) et ce, au motif d’une bouffée délirante, provoquée chez, ou plutôt par un sujet dont l’état de conscience au moment de son acte, l’éventuelle pathologie structurelle de sa personnalité, et enfin sa curabilité ont opposé les experts. Au point que leur dernier collège a conclu : “On pourrait interroger le fait de psychiatriser durablement par l’hospitalisation un sujet dont l’analyse clinique exclut une maladie mentale.“
Juridiquement, une incohérence, une intention criminelle sans sujet, doublée d’une novation: la soumission du droit pénal à la dictature de l’instant psychique.
On l’a dit, la jurisprudence fait craindre le pire, réellement : “À coups d’angles, ennemis des corps”, comme l’écrivait Kamel Daoud.
Nouvel avatar de l’odieuse notion de banalité du mal : la banalité du mal arabo-toxico-musulman. Nouvel avatar de l’antijudaïsme : après l’antisémitisme sans juif, le crime antisémite sans criminel. Non-sujet, non-lieu, non-symbolisation, rien que des faits générateurs d’autres passages à l’acte : “Ma main découpait des têtes, des jambes”, comme le dit un génocidaire rwandais à Jean Hatzfeld.
La France renonce à réprimer l’antijudaïsme Parce qu’elle comporte en elle-même une grande part antijuive, antisioniste (avec Israël, en Juif des Nations) sans doute parce qu’elle compte sur ses réserves judéophiles (modérés et Chrétiens d’origine) ; Parce qu’elle réprime la forte criminalité d’origine arabo-musulmane et craint l’accusation du deux poids/deux mesures ; aussi, Parce qu’elle croit les Juifs assez forts pour se représenter eux-mêmes, ou tout simplement parce qu’ils seraient assez… résilients.
La colère désolée des Juifs de France est palpable, tout comme la tentation de l’exil. Et donc aussi la tentation du repli, inévitable, mais surtout, je veux le dire à mon ami, repli désespéré.
Avec l’Affaire Halimi, on peut craindre que 2021 fasse date dans l’histoire des Juifs de France. Comme 1790 (droit à la citoyenneté), 1807 (affirmation par le Sanhédrin de la primauté des règles de la citoyenneté), 1906 (réhabilitation de Dreyfus), 1940 (lois antijuives), 1990 (Carpentras), années 2010 (attentats), 2021 : décision Halimi – et l’année-même où les autorités musulmanes échouent à s’unir autour de principes républicains pour un islam de France…
Références :
Sur le fiasco judiciaire Halimi :
Sur le ‘pacte avec la barbarie’ :
Les ‘questions juives’ de Sfar :
L’arrêt n°404 de la Cour de cassation :
https://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/chambre_criminelle_578/404_14_46872.html
Rapport des experts psychiatres :
https://www.courdecassation.fr/IMG/2021-04-14_rapport_20-80.135.pdf
Décision du Grand Sanhédrin de 1807 :
http://nice.algerianiste.free.fr/pages/textes/sanhedrin.html
Vidéoconférence Akadem de Wolkowicz, Val, Winter, Bensoussan, Marty, Vacquin, Sibony : https://t.co/8Kzs19EDJK
Le Nouvel antisémitisme en France :
https://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-nouvel-antisemitisme-en-france-9782226436153
Bon courage.
© Paul Memmi
Paul Memmi est Docteur en sémiolinguistique et Analyste à ConspiracyWatch
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