Catherine Massaut. Addendum à l’article “Le blanc, couleur maudite des nouveaux chiens de garde”

Addendum à l’article “Le blanc, couleur maudite des nouveaux chiens de garde” https://www.tribunejuive.info/wp-admin/post.php?post=110204&action=edit#wpseo-meta-section-social

L’auteur de l’article publié le 22 mars estime avoir omis une information importante portant sur l’historique de cette mouvance terroriste de la pensée, notamment en n’évoquant pas Jean-Paul Sartre qui fut l’artisan d’une forme de déconstruction suivi en cela par Gilles Deleuze et Claude Levy-Strauss, mais chacun à sa façon.

En effet, Jean-Paul Sartre s’est longuement interrogé sur la question de l’identité à travers son œuvre philosophique ( “L’être et le néant” et “Critique de la raison dialectique” …)

Sartre prône l’invention de l’humain contre l’universalisme abstrait des Lumières et la fatalité identitaire.

Pour le philosophe “le passé est toujours reconstruit au présent car son interprétation dépend de nos projets actuels”. ( cf L’être et le néant )

“Théoricien de l’individu libre, Sartre deviendra celui du “groupe en fusion”, ce rassemblement d’hommes qui se fédère autour d’un projet émancipateur commun, afin de transformer ses conditions concrètes d’existence et d’agir sur le processus historique”.( cf Philosophie Magazine du 23/11/2011).

C’est pourquoi Sartre oppose ce qu’il appelle “l’identité réelle” à l’identité rapportée à un contexte social ou statutaire – citoyen par exemple – qui, selon lui, ne définit pas l’individu ontologique.

Claude Lévi-Strauss se rapproche de Sartre par les différentes approches ( ontologiques, sociologiques, ethnologiques, exotiques, psychanalytique , philosophique…) qu’il examine pour définir les divers contours de l’identité d’un individu au sein d’un groupe social, dans le cadre de la civilisation occidentale ou dans un cadre plus “primitif” de son environnement.

En particulier, s’agissant des revendications identitaires des années 70’, reposant sur le droit à la différence face à la crise de l’Etat et du renouveau desdites “identités régionales” chères au sociologue Alain Touraine.

La querelle naît d’une opposition entre le vécu et le réel : sans entrer dans le détail d’un argumentaire intellectuel complexe qui dépasse les compétences de l’auteur de ces lignes, il suffit de dire que cet éminent auteur a dénoncé l’utilisation politique de l’identité nationale du fait des difficultés des démocraties à contenir le fascisme.

Selon l’ethnologue, l’identité se forge par des interactions sur les frontières, sur les marges d’une collectivité, et se construit à travers un rapport constant d’interlocution et de différenciation avec ses voisins.

Plus précisément “il n’y a pas de race. S’il existe des différences phénotypiques, celles-ci n’ont aucune incidence sur les compétences cognitives et culturelles des différentes populations. Ce qui compte, c’est la capacité à s’ouvrir à autrui et à échanger de façon à s’enrichir de la diversité culturelle” ( cf “Le Monde 4 novembre 2009 “)

Et ces idées philosophiques sont précisément ce que le mouvement décolonial / post colonial a compris de travers en ré-intégrant le spectre de “race” et son adjectif “racisé” dont ses adhérants s’auto gratifient dans l’objectif d’un sentiment doloriste permanent sur lequel ils fondent leur haine des peuples blancs occidentaux , sa parant au surplus , d’une identité de descendants d’esclaves, de colonisés et de dominés fantasques pour asseoir une la légitimité de leurs revendications enfiellées, venimeuses et vindicatives.

Leurs sentiments – à l’opposé d’une raison argumentée – sont tellement viciés qu’ils en sont réduits à parler au nom de toutes les populations noires ainsi qu’en atteste la réflexion récente de Rikaya Diallo à l’encontre de Pepita qui s’insurgeait d’un amalgame tiré d’un montage fielleux d’une ancienne émission pour en qualifier de raciste les présentateurs :
“Que tant de personnes soient soulagées en 2021 d’entendre une femme noire dire qu’elle n’a ressenti ni racisme ni sexisme en 1995 (comme si ça invalidait de manière définitive toute critique féministe/antiraciste) en dit long sur l’étendue du déni.”

D’où la réponse très juste tweetée par Maitre Gilles-William GOLDNADEL :

“L’argument est réversible chère Rokaya Diallo. Inutile d’être dépitée qu’une femme noire refuse d’être résumée dans son être à une discrimination qu’elle conteste”.

En d’autres termes , ce mouvement histrionique tiré de l’Histoire américaine qui n’a pas vocation à s’appliquer en France en est à ce point réduit à falsifier des éléments de communication pour manifester son existence et insulter des personnes noires qui ne se sentent absolument pas touchées par cette idéologie aussi insipide et stérile que ségrégationniste.

 © Catherine Massaut

Catherine Massaut est Magistrat en pré-retraite

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1 Comment

  1. Au début des années 2000 les Blancs du Zimbabwe ont été victimes de persécutions racistes et de massacres commis dans l’indifférence générale. Voire avec la complicité de la communauté internationale. Les historiens futurs y verront sans nul doute un tournant historique : au vingt et unième siècle, chaque Blanc et chaque Juif lucide (on pourrait ajouter chaque Kurde et chaque Arménien ou chaque Yézidi) doit vivre en ayant conscience qu’il ou elle est une cible. Quant à nos enfants ce sera une véritable lutte pour la survie qu’il leur faudra mener.

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