Emmanuelle Adda. Nos plus belles années…

Dans les années 70 nos parents ont eu l’intelligence et l’inspiration de nous inscrire mon frère et moi dès la classe de 6ème à l’Ecole Alsacienne à Paris. Gros sacrifice pour eux. Ecole privée, pilote, qui coutait cher, mais qui offrait une éducation de haut niveau, hors normes.

Très peu d’admissions pour une longue liste d’attente. Concours d’entrée obligatoire.

Pour nous petit banlieusards qui sortions de l’école communale, c’était comme l’histoire de la fourmi qui voulait atteindre les étoiles.

Une fois reçus on a eu le sentiment d’être dans une grande maison de famille, avec les grands et les petits, entouré d’adultes bienveillants et chaleureux. Je peux dire qu’on a été gâté : on avait droit à tout ce qui pouvait nous enrichir intellectuellement: l’art dans tous ses genres, musique , poésie, peinture, le théâtre ( Ah! les cours de Mr Lamy), mais aussi  les voyages “découvertes” (mon premier voyage à Venise)…

Vous pensez donc “élite de la France” ? Pas pour nous: nous étions une famille d’émigrés juifs-tunisiens, nos grands parents parlaient le judéo arabe à la maison et nous faisions tous les matins plus d’une heure de route pour aller de Villejuif (banlieue communiste qui n’avait rien de juif) à la Rue Notre Dame des Champs dans le 6ème arrondissement. (Nous étions tous les jours en retard).

Alors c’est vrai que j’ai grandi auprès des fils et filles d’artistes, journalistes, politiciens célèbres ou pas. Mais pas que. On s’en fichait si Catherine Deneuve assistait à la réunion de parents d’élèves avec ses lunettes noires. Nous étions surtout des élèves curieux,  avec un désir d’apprendre et de comprendre comment aborder le monde.  

De merveilleux profs nous ont accompagnés durant toutes ces années. Ils ont partagé avec nous leur passion et nous ont donné des ailes. J’y ai fait mon premier oulpan d’hébreu. J’ai appris à faire de la recherche pour rédiger un mémoire de 40 pages comme une future thésarde. J’y ai fait ma première conférence (l’expression orale était primordiale ) sur l’Histoire du Peuple juif devant un public très nombreux. Mon plus beau souvenir restera celui d’avoir créé, avec mon amie Catherine Fleury, une association de jeunes pour la Défense des droits de l’homme, avec le soutien de la direction de l’école et dont le siège était sur place.

Nous avons participé à de nombreuses actions médiatisées dont celle qui a permis la libération d’un prisonnier politique en Uruguay, le frère de Catherine.

Ce fut mon premier combat, j’avais 14 ans.

Mon bac en poche je suis partie vivre en Israël avec le baiser et les encouragements de mon Directeur de l’époque, ce cher Monsieur Hammel. L’Ecole Alsacienne restera pour moi une très belle expérience de vie où tout nous semblait possible. Nos profs ont été des échelles sur lesquelles nous avons pu grimper, et aller souvent très haut.

L’enseignement de l’Excellence, c’est de donner à l’enfant l’envie d’apprendre. Je souhaite que tous les lycées de France et d’Israël ressemblent à l’Ecole Alsacienne tant pour le niveau de l’éducation, le respect de la personnalité de chacun, que la richesse des relations humaines et l’ouverture sur le monde.

Ecole Alsacienne alumni – promotion 1981

© Emmanuelle Adda

Depuis plus de 20 ans en Israël, j’ai toujours travaillé dans les médias en tant que free lance. Depuis 5 ans je suis journaliste radio chez KAN, le service public israélien, au desk en français. En charge du magazine de Kan en français, je traite chaque jour de nombreux sujets de société, culture, économie, et politique. J’assure également en partie le journal d’infos quotidien. Je collabore régulièrement au magazine L’Arche, comme correspondante en Israël.

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