Serge Hajdenberg. “Il ne dort jamais le Gardien d’Israël”

Il y a une semaine je vous faisais part de mon étonnement du peu d’intérêt que semblaient avoir les grandes chaînes de radio et de télévision à l’égard de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz.  Et c‘est alors que je me rends compte que j’ai probablement zappé tout un tas d’informations au sujet de cet anniversaire et j’ai eu un peu honte de les avoir ratés peut-être de par ma faute.

Oui, après vérifications, il y a bien eu quelques dépôts de fleurs, quelques cérémonies. Mais là j’apprends que, bien plus, il y a une exposition de deux cents photos de visages de rescapés du génocide dont quelques-uns en uniforme rayé des camps. Là, suspendu, je retrouve un visage que je connais ce qui me confirme la dure réalité de l’histoire des hommes qui est accrochée sur les grilles extérieures de l’Unesco Place Fontenoy. Alors je vais jusqu’au siège du Conseil Economique et Social, près du Trocadéro. Sur l’arrière du bâtiment d’autres grilles d’autres photos, celles-ci de la libération par les troupes soviétiques et américaines des usines à exterminer.

J’allais oublier de vous le dire ces accrochages sont faits dans des rues où il ne passe pratiquement personne, aucun piéton. Quelques voitures seulement et qui honorent tout juste la limitation de vitesse. Les âmes des morts ne seront pas troublées dans leur sommeil.

Deux cents quinze photos pour 6 millions de morts. J’ai honte pour la France, pour nos dirigeants politiques, pour notre communauté

Ces derniers temps il y avait bien eu ce que l’on peut qualifier de “bonnes nouvelles”. La reconnaissance réciproque du Kosovo et d’Israël avec l’installation à Jérusalem de son ambassade et la reprise des relations du Maroc avec Israël. L’union Européenne n’a pas aimé, elle préfère au nom de sa paix danser le tango : un pas en avant, deux pas en arrière. La station de radio communautaire Beur FM elle aussi n’a pas aimé. Deux de ses animateurs à ces occasions diplomatiques ont rencontré l’ambassadeur d’Israël en France. Virés. Est-ce comme ça que juifs et arabes pourront se rapprocher dans un compromis ultime, reconnaître à chacun son droit de vivre et de prendre la parole. Pourtant il en serait temps. Pour les rescapés de la Shoah nos petits-enfants sont la quatrième génération après la tentative d’Hitler et de son peuple de nous assassiner tous. Nous ne tendrons pas la deuxième joue.

Depuis la fin de la guerre nous avons crié « Plus jamais ça ! » Malheureusement nos ennemis nous ont obligés à passer à l’étape suivante « le combat continue ! ». Et tous les jours nous le voyons, « Il ne dort jamais le Gardien d’Israël ». Soyons présents nous aussi.

© Serge Hajdenberg

Editorial du 5 février pour Radio J

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