Antoine Desjardins. “Suicide français : les mathématiques aussi !”

L’Ecole vidée de son être et de sa sacralité

Le suicide français ne trouve pas uniquement à s’illustrer de façon spectaculaire, à l’école, par l’agonie interminable de l’enseignement de la langue française, la faillite des langues vivantes, la liquidation du récit national et de la chronologie. Il s’illustre aussi parfaitement, désormais, par le niveau en mathématiques, déplorable.

Le dernier classement TIMMS, que Le Monde ne peut pas tenir sous silence, le dit: ‘Les français sont parmi les plus mauvais en maths des pays industrialisés“.

Lors de la dernière édition de TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) en 2015, la France n’avait pas eu de bons résultats… et cela ne s’est pas amélioré. Avec 485 points en mathématiques (488 en 2015, alors que Singapour, qui caracole en tête, est à 625) en CM1, la France est “l’un des derniers pays européens“, selon l’étude, loin derrière l’Angleterre (556), le Portugal et le Danemark (525), et même l’Arménie (498) et l’Albanie (494).

La France est également éloignée de la moyenne internationale, qui se situe à 500 points.

En sciences, le constat n’est guère meilleur : la France obtient un score de 488 (Singapour est à 595) et arrive là encore parmi les derniers pays européens.

Le constat de TIMSS rejoint et amplifie le constat PISA de 2015.

La descente aux enfers, donc, continue depuis 40 ans. Vous voulez une explication? En vrac : Nullité des pouvoirs publics quels qu’ils soient, nullité et capacité de nuisance des sectes pédagogistes et des kapos chargés de les promouvoir, nullité de la formation professionnelle des enseignants, promotion active de la médiocrité, multiplication des “activités” au détriment des exercices, désanctuarisation de l’école livrée aux turpitudes du monde moderne, refus de l’excellence (bourgeoise), maximalisme égalitaire ubuesque, pseudo-bienveillance, ludisme sinistre, prêchi-prêcha citoyen en lieu et place du cosinus, des identités remarquables, de Thalès ou de Pythagore, des inspecteurs pervers et stupides, gardes-rouges de l’idéologie anti-élitiste sur tous les fronts, refus d’instruire avec des méthodes éprouvées, refus d’encourager le mérite et le travail, refus de noter (cf. “compétences”), refus de toutes les disciplines qui reposent sur une gymnastique logique de l’esprit ou supposent des capacités d’abstraction et de mémorisation (cf latin, allemand, grammaire… ), horaires d’enseignement à la baisse, fin des redoublements, programmes de mathématiques mal conçus et répétitifs, ambitieux uniquement dans l’apparence (esbroufe des intitulés)…

Un bon élève aujourd’hui pourrait faire tout le programme de mathématiques du collège, de la 6 ème à la troisième, je dirais en un an 1/2 -deux ans, et sans être spécialement surdoué.

Démission morale de professeurs mal payés à qui la hiérarchie met des bâtons dans les roues quand ils sont exigeants, influence délétère des prétendues Sciences de l’Education et de leur verbiage destiné à noyer le poisson, niveau “exécrable” de certains professeurs de mathématiques contractuels ou même certifiés (plus personne ne veut être prof de maths), absence totale de formation des contractuels qui pallient le manque, etc etc etc.

On sait d’où vient le mal, pas seulement en mathématiques.

Mais le pire de tout : “l’ambiance morale”, qui est la musique de fond de cette destruction : démagogie, laxisme, abandon.

Après-moi-le-délugisme © des ministres, des directeurs de cabinet, des inspecteurs généraux, de tous les cadres.

ON NE CROIT PLUS A L’ÉCOLE PARCE QU’ON NE CROIT PLUS A LA RÉPUBLIQUE PARCE QU’ON NE CROIT PLUS A LA FRANCE PARCE QU’ON NE CROIT PLUS “A RIEN”.

On croit à sa petite carrière dans son petit coin, aux petits chiffres faux qu’on exhibera devant son supérieur.

On croit à son petit pré carré de vie individuelle monadique et sursitaire, à ses petits avantages matériels, à son petit pouvoir, à son pavillon.

Même quand on tient de beaux discours sous des lambris, on croit à son coin de jardin, à ses enfants dans le privé ou assistés de précepteurs, on croit à son chien.

Et basta. Après moi le déluge. Après moi le triomphe de l’ignorance, après moi la privatisation de l’instruction. Après moi ce que vous voulez !

Notre époque, son cœur de réacteur “spirituel”, c’est le Néant. Le Nihilisme caché sous les grimaces. L’usufruit matérialiste de son petit agrégat de molécules personnelles et Ciao pantin !

Le Vide, le Semblant, le Faux, le Simulacre.

En tout cas, si les Meirieu et Cie, si tous les doctrinaires et les idéologues de l’EN avaient une âme, au vu de ce qu’il s’est passé, ils iraient se pendre. Ils ont activement contribué au suicide Français.

© Antoine Desjardins

Antoine Desjardins est professeur de Lettres, coauteur du livre Sauver les lettres: des professeurs accusent (éd. Textuel), membre du Comité Les Orwelliens. 

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1 Comment

  1. Tout ceci se manifeste d’une manière flagrante dans cette espèce d’hystérie à introduire de plus en plus de mots anglais dans notre langue, comme si, en plus, on avait honte de parler français

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