Michèle Chabelski. Chronique

Bon

 Mardi

  Les livres encore…

    Juste un mot…

     Click and collect…

        Ça fonctionne pour les grandes librairies, celles qui possèdent de multiples succursales et une offre immédiate de grande envergure…

  Une critique lue sur un journal ou vue à la télé, le conseil d’une amie ou…

 Bah non…

   Une librairie c’est un rendez-vous galant…

 Des gens inconnus vous offrent une part de leur cœur, de leur âme, vous proposent une virée à deux sur des terres inconnues, électrisent votre imaginaire, enflamment vos émotions, illuminent votre environnement, vous informent, vous épouvantent, vous font vibrer, rire, pleurer, trembler…

  Feuilleter un livre dans une librairie c’est prendre un ticket pour une balade, c’est accepter une invitation, pousser une porte entrouverte…

 C’est lire la 4 e de couverture si on est pressé, c’est toucher le papier et se laisser griser par ce contact, c’est en sentir l’odeur parfois, et en laisser les effluves préfigurer un bonheur futur quand, allongé sur un lit ou assis dans un fauteuil on honorera ce rendez-vous pris en emportant le livre dans son sac…

  La librairie est un lieu presque érotique qui touche les sens et l’intellect, que ce soit le policier anxiogène, le bouquin de recettes qui fait baver, le roman où se perd l’imaginaire sur les destins des nouveaux amis fraîchement rencontrés, la soif d’apprendre à peine étanchée par le roman historique, l’essai politique, le précis de philosophie, et l’émotion pure du recueil de poésie…

  Alors le click and collect…

     Sacrifice offert au Corona…

       Le livre n’est pas essentiel nous dit-on…

   Le libraire, si…

    Quelqu’un m’a demandé si j’avais bien évoqué Simon and Garfunkel…

  Comment pourrait-il en être autrement ?

  Dustin Hoffman sort de sa piscine avec son masque et son tuba et le duo entame Mrs Robinson, Scarborough Fair, The Sound of silence, April come she will…

    The boxer, Homeward Bound,

Bridge over trouble water, Cecilia, el Condor Pasa…

  Les 33 tours et les cassettes dorment dans un carton, un clic sur le téléphone suffit aujourd’hui à ressusciter cette musique qui nous a accompagnés toutes ces années…

  Joan Baez, Leonard Cohen, Bobby Darin, Ray Charles, Neil Sedaka, Bob Dylan, Lionel Ritchie…

  Beatles et Rolling Stones cassent la baraque, les sièges et les micros, les filles hurlent et s’évanouissent, l’idolâtrie galvanisée par la drogue fait rage…

   Mon transistor et mon électrophone, un grand qui a remplacé le Teppaz, dont il faut parfois changer l’aiguille, m’offrent un concert à domicile, loin des excès et des folies des groupies fanatiques…

   Je reproduis au piano les mélodies de Michel Polnareff sur lesquelles j’ai dansé dans les bras d’un Strasbourgeois pour lequel je prenais le train presque tous les week-ends.

  Et comme la communauté juive de Strasbourg respectait majoritairement le chabbat, je passais donc mon samedi à en guetter le tocsin, je veux dire l’étoile qui libérerait la mécréante que j’étais…

  Je reprenais le lendemain le train qui me ramènerait à temps à Paris pour assister le lundi matin aux cours de la Sorbonne…

  J’ai aussi peu après aimé un Américain, mais le déplacement était un peu plus incommode, les difficultés ayant peut-être participé de la passion entravée qui tente de braver les obstacles…

   Aller vivre à New York en abandonnant tout…

  Euh…

  Plutôt un séfarade dansant sur le bitume parisien, rieur, émotionnellement volumineux, qui m’expliquait qu’il ferait une princesse de l’heureuse élue qu’il épouserait…

 Ah oui !!

Quand même !!

   Coincée entre un début de conscience politique cueillie à la fac et chez mes potes contestataires, et le destin d’une princesse aux souliers de vair, j’hésitais, Papa riait sous cape, il devenait l’issue de cette effervescence, je fis mes adieux au médecin new-yorkais et choisis le Prince de la Méditerranée…

 Les souliers de vair avaient eu raison de mes atermoiements…

  Attention aux rêves fous…

    Ce sont à la fois des illusions et des éclats d’or qui scintillent sur l’écrin de velours qui les abritent…

   Et le cinéma ?

   Demain ?

    Vous me dites ?

    Que cette journée vous offre l’autorisation dérogatoire de…

De plein de choses en fait.

   Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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