« Les apparences » réalisé par Marc Fitoussi avec Karin Viard et Benjamin Biolay 

Nous sommes à Vienne en 2019.

La communauté française expatriée vit confortablement dans une fraternité un peu convenue mais toutefois pratique. Diners et soirées feutrées entre amis, solidarité et mesquineries mêlées, essor culturel et dispositif francophone de rigueur.

Eve et Henri, elle responsable de l’Institut Français, lui, chef d’orchestre à l’Opéra tout juste reconduit pour 2 années supplémentaires ont toutes les raisons d’être les plus heureux du monde au pays de Mozart, du chocolat viennois, du beau Danube bleu…

Eve s’étonne cependant de la soudaine et froide distance de son mari. Et si l’institutrice de leur jeune fils n’était pas si innocente ?

Le sol se dérobe alors sous les pieds de la fébrile épouse modèle qui fera tout pour sauver les apparences…

Tel un entomologiste scrutant les moindres failles et maladresses de ses personnages embarqués malgré eux dans une spirale étourdissante, Marc Fitoussi les filme avec appétit, sans les juger ni encore moins les condamner. Et pourtant, Karin Viard (toujours parfaite !) ne cherche jamais à rendre son personnage sympathique tandis que Benjamin Biolay, taciturne et volontairement effacé, reste en retrait pour mieux dissimuler ses inavouables écarts.

La scène de dialogues incisifs, volontairement décalée entre l’épouse et l’institutrice est une pépite de cynisme ubuesque à mettre au programme de tous les cours d’art dramatique !

D’autant que sur cette partition ténue et dense, Marc Fitoussi révèle un sens de l’écriture, du rythme et des enchainements assez pointu. On ne s’ennuie pas une minute et cette facture classique et solide rappelle certes Chabrol – pour le subtil mélange de thriller, de polar et de drame psychologique – mais également certains cinéastes des années 70 et 80, qui savaient ‘’tenir’’ le spectateur.

Ainsi, ‘’Les apparences’’ évoque le meilleur du cinéma français, populaire, distrayant et exigeant à la fois – et qui a fait les beaux jours du patrimoine national, de Sautet à Verneuil en passant par Claude Miller ou Jacques Deray…

Autant de raisons de se déplacer au cinéma, en toute sécurité, pour vivre ce plaisir du suspense au service d’un scénario vraiment haletant. ‘’ Les apparences ’’ ne sont pas seulement trompeuses : elles s’avèrent souvent nocives et cannibales nous avertit ce film brillant et réfléchissant comme un diamant noir.

Laurent Gahnassia

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