Akadem: “La moderne orthodoxie”, expliquée à Ruben Honigmann par Myriam et Emile Ackermann

Myriam et Emile Ackermann-Sommer, cercle d’étude Ayeka, etudiants pour devenir rabbin et rabine, juifs orthodoxes mais tournés vers l’exterieur et modernes dans la relation à la place de la femme: modern-orthodox

Ils s’appellent Myriam et Émile Ackermann. Ces deux français qui étudient à New York pour devenir rabbins veulent secouer le judaïsme orthodoxe en France et fonder une communauté “ orthodoxe moderne“, courant encore embryonnaire en France.

Bien que le terme orthodoxe moderne soit utilisé par dérision par les autres membres de l’orthodoxie pour stigmatiser les mauvais observants, eux vont nous expliquer leur quête.

Dans le judaïsme orthodoxe duquel ils se revendiquent, la fonction est interdite aux femmes mais eux ont décidé de se battre pour se faire une place et une fois ordonnés rabbins, de rentrer en France pour y développer une orthodoxie moderne.

Bien que se revendiquant de l’orthodoxie, leur parcours les place en marge du Consistoire, l’institution qui incarne en France cette sensibilité majoritaire.

Le terme orthodoxe moderne ou MO, surtout employé dans le monde anglophone, désigne la fraction des juifs orthodoxes qui aspirent à une insertion aussi complète que possible dans la société, tout en restant dans le cadre de la halakha telle qu’elle est définie par ce courant.

À l’opposé du pôle ultra-conservateur de l’orthodoxie, pour qui le monde moderne et séculier est vu comme menaçant, les MO revendiquent le contact avec ce monde.

Ils ne cherchent pas à éviter outre mesure le contact avec les non-Juifs et les autres courants du judaïsme. Ils accordent de la valeur au savoir non religieux et aux sciences, au-delà de la simple nécessité professionnelle.

Ils optent plus souvent pour l’observation moins sévère de la loi.

Ils soutiennent l’État juif et constituent le seul courant orthodoxe au sein duquel on peut trouver des opinions favorables à l’élargissement de la participation religieuse féminine, voire des courants féministes : Sara Hurwitz sera, en 2009, nommée à la tête de la communauté orthodoxe moderne de Riverdale, à New York, et porte le titre, créé à cette occasion, de “maharat“, un acronyme hébreu pour “dirigeante en matière de loi, de spiritualité et de Torah”.

Pionnière en ce qui concerne l’éducation religieuse des femmes, l’orthodoxie moderne fut le premier courant juif à œuvrer pour une parfaite égalité entre hommes et femmes au niveau de l’étude des textes juifs. Les revendications se portent principalement sur la place de la femme à la synagogue, le problème des Agounot, femmes liées à des époux leur refusant le guet, et l’attribution de fonctions religieuses aux femmes érudites.

Les orthodoxes modernes se réfèrent souvent aux figures et concepts célèbres, tels celle du rabbin Azriel Hildesheimer (1820-1899) qui, croyant à l’harmonie possible entre judaïsme et science, fonda des établissements d’enseignement incorporant dans leur programme des connaissances académiques non religieuses, ainsi que des établissements scolaires pour les deux sexes, celle du rabbin Samson Raphael Hirsch (1808-1888), qui pensait qu’il était possible de s’impliquer dans des domaines non religieux en leur appliquant la philosophie de la Torah, ou encore celle du rabbin Joseph B. Soloveitchik (1903-1993), directeur académique de l’université Yeshiva, qui promeut une synthèse personnelle entre science, démocratie et judaïsme orthodoxe.

Pour Rav J.D Soloveitchik (1903-1993), un des maîtres à penser de cette pensée, l’orthodoxie moderne cherche à résoudre une problématique simple, celle du croyant évoluant au sein du monde occidental, et qui se demande comment insérer les valeurs éternelles du judaïsme dans la splendeur du monde moderne et comment maintenir un judaïsme rigoureux tout en sanctifiant le renouveau.

Trois points remportent de nos jours l’adhésion du courant tout entier :

Un respect de la halakha en accord avec la vision orthodoxe

Une attitude positive vis-à-vis de la culture profane

Une adhésion au sionisme.

Une bonne partie des personnes s’identifiant avec ce courant adhèrent également à deux autres points : la coopération et le dialogue avec les juifs non-orthodoxes et l’amélioration du rôle et de la place de la femme juive au sein du monde religieux.

A noter : en Israël, si l’orthodoxie moderne s’identifie avec la frange la plus ouverte du sionisme-religieux ; elle rejette, à la différence de ce dernier, l’approche messianique voyant dans l’État le « début de la délivrance et prônera un pragmatisme politique plus modéré que les positions traditionnelles du monde sioniste-religieux.

https://www.facebook.com/watch/?v=271432727472353

Source: Akadem. Juillet 2020.

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2 Comments

  1. Alors maintenant c’est des « orthodoxes modernes ».
    Ensuite quoi ? Des « Lubavitch zen » ?
    Après les Breslav danseurs on aura quoi ? Des Satmar naturistes ?
    Sans oublier qu’on a déjà, surtout aux USA, des conservateurs et des réformistes et que sais-je…

    Je connais (sérieux !) une brave Juive américaine qui fait le rabbin, à Brooklyn, d’une communauté de lesbiennes orthodoxes…
    En excellents termes avec les voisins, des Gay pharisiens…
    Les hermaphrodites saducéens c’est pour quand ?

    Freud parlait de « narcissisme de petites différences ».
    C’est ainsi qu’on s’atomise chaque années d’avantage. Les anciens qui disaient « deux Juifs, ça exprime trois opinions » ne savait si bien dire.

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