Zeev Jabotinsky : « La muraille de fer »

Dans les années 1920 Zeev Jabotinsky protestera bien souvent face à la politique britannique, souvent défavorable aux colons juifs. Un bon exemple de cette attitude sera donné en avril 1921 lors de la création de l’Émirat hachémite de Transjordanie qui deviendra en 1946 le royaume hachémite, ce qui était en contradiction avec les traités internationaux, conclus après le premier conflit mondial et qui stipulait que l’État juif devait être crée sur les deux rives de Jourdain. Ce point de vue était loin d’être partagé par les successifs Congrès sionistes qui souhaitaient de cette manière garder de bonnes relations avec l’Angleterre et calmer l’hostilité des Arabes. Bref, pour la plupart des dirigeants sionistes de l’époque, comme Ben Gourion ou Weizmann, Jabotinsky était devenu un ennemi juré, un homme infréquentable.

La muraille de fer

À cause de cette situation délétère il préféra même revenir en Europe, où il se consacrera au journal L’aube, le principal organe du mouvement des sionistes révisionnistes. Le 3 novembre 1923 il y publia son article La muraille de fer où il explique son point de vue sur les relations entre Juifs et Arabes :

« Ma relation politique est caractérisée par deux principes : d’abord l’expulsion des Arabes de Palestine est absolument impossible sous quelque forme que ce soit. Il y aura toujours deux nations en Palestine : ce qui est suffisant pour moi, à partir du moment où les Juifs deviennent la majorité. Secundo : Je suis prêt à jurer pour nous et nos descendants, que nous ne détruirons jamais cette égalité et que nous ne tenterons jamais d’expulser ou d’opprimer les Arabes.

Notre credo est complètement pacifique. Mais c’est absolument une autre chose de savoir s’il est possible d’atteindre nos objectifs pacifiques par des moyens pacifiques. Cela dépend, non pas de nos relations avec des Arabes, mais seulement de la relation des Arabes avec le sionisme.

Après cette introduction, je peux en venir au sujet : que les Arabes de la terre d’Israël acceptent volontiers d’en arriver à un accord avec nous, va au-delà de tout espoir et de tout rêve, maintenant et dans un avenir prévisible. J’exprime cette intime conviction de façon aussi catégorique, non pas par désir de consterner la fraction modérée dans le camp sioniste, mais au contraire, parce que je désire lui éviter une telle consternation. À part ceux qui ont été virtuellement « aveugles » depuis l’enfance, tous les sionistes modérés ont compris depuis longtemps qu’il n’y a pas le moindre espoir d’obtenir l’accord des Arabes de la Terre d’Israël pour que la Palestine devienne un pays avec la majorité juive »

Manifeste du Parti Révisionniste (1925)

En suivant tout logiquement la ligne, exprimée dans cet article, Jabotinsky a été amené à l’époque de créer un nouveau parti sioniste qui demandait l’application fidèle des traités de Sèvres (1920) et de San Remo (1923) où une clause prévoyait l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. En 1925, à Paris eut lieu le premier congrès de ce nouveau parti qui prit le nom de l’Union des sionistes-révisionnistes. Jabotinsky se retrouva à la direction de ce mouvement autonome avec son siège à Londres où Jabotinsky résidait à l’époque. 10 ans plus tard il quittera même l’Organisation sioniste mondiale.

Dans les années 1930 l’administration anglaise annula de nouveau son visa d’entrée et il ne pourra plus séjourner en Palestine. Jabotinsky s’installa encore une fois à Paris, qui était à l’époque le centre mondial de l’émigration russe, forcée de quitter sa patrie après la révolution d’octobre de 1917.

Mur de séparation israélien, près de Jérusalem

Le cœur de sa réflexion est la résistance arabe au sionisme, qui pour lui ne pourra que s’amplifier avec la colonisation juive. Il se demande quelle réponse le sionisme doit lui apporter : « Sur le plan émotionnel, j’éprouve à l’égard des Arabes les mêmes sentiments qu’envers les autres peuples : une indifférence polie. Sur un plan politique, […] je considère qu’il est absolument impossible d’expulser de quelque manière que ce soit les Arabes de Palestine, où vivront toujours deux peuples ».

Mais il ne faut pas se faire d’illusion : « les Arabes de Palestine n’accepteront jamais la transformation de la Palestine arabe en un pays à majorité juive. […] Que le lecteur passe en revue tous les exemples de colonisation dans d’autres contrées. Il n’en trouvera pas un seul où elle se soit faite avec l’accord des indigènes ».

Jabotinsky se moque de ceux qui prendraient les Arabes pour des « imbéciles qu’on peut escroquer. […] Ils sont aussi fins psychologues que nous. On peut leur raconter ce qu’on voudra, ils lisent aussi bien dans notre cœur que nous dans le leur ».

Ceux qui croient possible un accord avec les Arabes, croient que ceux-ci donneront leur pays aux Juifs en échange de la promesse de l’égalité et d’une amélioration du niveau de vie. Pour Jabotinsky, c’est ridicule, et ils ont au fond un « mépris fondamental » pour les Arabes. Ils ne voient finalement en eux qu’« une populace avide, disposée à vendre sa patrie pour une ligne de chemin de fer. […] La Palestine n’en demeurerait pas moins aux yeux des Arabes palestiniens le centre et la base de leur existence nationale indépendante ».

Le sionisme devra donc s’imposer grâce à une « Muraille d’acier », une armée juive. On retrouve ici le thème de la légion juive, qui est au cœur de l’analyse politique de Jabotinsky : le sionisme devra s’imposer par la force.

Au début des années 1930 Vladimir Jabotinsky avait l’impression que le danger mortel pour les communautés juives d’Europe découlait surtout des régimes nationalistes et antisémites d’Europe Centrale (Pologne, Hongrie, Roumanie et pays baltes). À partir de 1933 il observait avec une vive inquiétude la situation des Juifs d’Allemagne. Mais son plan d’évacuation d’un million de Juifs en Palestine sera rejeté par la Grande-Bretagne.

Ultime émigration

Malgré tous ces signes inquiétants Jabotinsky était surpris par l’attaque de l’Allemagne nazie contre la Pologne. Il eut le temps d’en prendre connaissance avec les premiers témoignages décrivant la situation désastreuse des Juifs sur les territoires de la Pologne occupée. En février 1940, Jabotinsky accompagné de sa famille quitta la Grande-Bretagne pour les États-Unis. Il rêvait d’organiser des détachements juifs qui auraient pu combattre à côté des Alliés. À l’époque il avait un secrétaire personnel, Bentsion Netanyahou qui l’aidait de son mieux dans toutes ses démarches. Il gardera toute sa longue vie (il est mort en 2012, à l’âge de 102 ans !) la fidélité à son mentor. Il transmit le flambeau à son fils Benyamin, futur premier ministre d’Israël. Ainsi nous avons une filiation directe entre Zeev Jabotinsky et les hommes politiques de l’Israël moderne.

Source Ada Schlaen
Mabatim Versailles

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9 Comments

  1. Quels TRAITES INTERNATIONAUX? Entre quels pays?
    Quand on raconte n’importe quoi, on est pris pour des farceurs ou des fanatiques, ce qui n’était pas le cas du peuple juif.

    • En effet, cela n’est pas précisé mais y a-t-il d’autres erreurs dans l’article et les citations de Jabotinsky ? Sinon, j’ai en ie de croire qu’il ètait assez lucide…

  2. Ada Shlaen a écrit un article en deux parties sur Jabotinsky, et pas sur la conférence de san Remo. Curieusement, non seulement TJ ne reprend pas le lien vers l’article original, ce qui semble être une pratique courante de TJ, mais encore le texte de l’auteur est considérablement altéré par des ajouts venant semble t il de wikipedia, ajouts que l’auteur n’a nullement écrits.
    L’article que les lecteurs ont sous les yeux n’a donc rien à voir avec le texte orinal de l’auteur, que vous pouvez retrouver ici : http://mabatim.info/2020/07/01/vladimir-zeev-jabotinsky-1880-1940-lodessite-1-2/ (si TJ a la décence de publier ce commentaire)
    Rédaction de mabatim.info

    • NB : sur les 2 parties écrites par Ada Shlaen, TJ n’a repris qu’un morceau de ula seconde partie, laissant les lecteurs dans l’ignorance de la première. A ces morceaux choisis, TJ a procédé à des rajouts. Comment TJ ose t il signer ça du nom de l’auteur ?

    • Tjinfo n’a pas signé l’article publié du nom de l’auteure . Tjinfo a simplement indiqué sa source avec le nom de l’auteure!
      Quel autre reproche avez vous ?

  3. Effectivement je suis scandalisée par votre manière de ”triturer “ mon texte. Je pense que j’ai au moins le droit aux excuses. Même mon de famille a été écrit avec une faute d’ orthographe !
    Mme Ada Shlaen

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