Thierry Seveyrat. La vie se redessine?

Aller hop. On est partis sur la seconde moitié, la plus courte. Donc, jusqu’au lundi 11 mai. Et la vie continue, et pour partie se redessine. Nous passons de la phase d’encaissement à celle de projection. Nous allons continuer à subir mais nous pouvons commencer à projeter. À penser à l’après. Les nouvelles ne sont pas toutes forcément mauvaises, de nombreuses s’améliorent. J’avais misé dès le départ sur 60 jours de confinement et nous y serons.

Nous nous inscrivons sur un temps plus long


Mais on sait aussi que nous nous inscrivons sur un temps plus long. Nous savons que les épidémies s’inscrivent sur des cycles de deux ans : grippe espagnole 1918-19, grippe asiatique 1956-58, grippe de Hong-Kong 1968-69, virus Ebola 2013-15, etc.

Nous sommes sur cette fréquence et n’en sortirons pas. Coronavirus 2020-22 sûrement. Nous savons aussi que nous subirons un deuxième pic, qui touchera moins de monde mais de manière plus violente, plus ciblée, plus foudroyante. Ce deuxième pic commence tout juste en Asie, Chine bien sûr, Singapour et autres. Nous n’y échapperons pas. Tout cela est déjà modélisé. Et nous aurons encore des morts, toujours plus de 500 par jour en ce moment, c’est beaucoup.

Je pense que cette vague dans sa globalité causera en France de 30 à 40.000 morts. Les premières projections, sans aucune réaction, annonçaient 300 à 500.000. Nous aurons divisé ce chiffre par 15 et c’est déjà beaucoup. Même si ce n’est pas qu’un chiffre.

On peut quand même recommencer à vivre. Depuis le début du confinement je travaille un jour par semaine en contact avec le public, pour assurer la tenue de l’état civil en mairies. Je me suis déclaré disponible à temps plein, mon adjoint et les deux faisant fonction de mon équipe aussi, mais pour l’instant on ne fait pas plus appel à nous et je ne pense pas que cela change. Chaque semaine je suis en contact avec tous les membres de l’équipe, plus longtemps avec ceux qui sont seuls. Ça se fait spontanément. J’aimerais trouver des plages d’investissement autres et prends toutes suggestions, j’ai ce privilège dans la situation d’être fonctionnaire, payé à 100%, sans crainte pour mon emploi, et d’être propriétaire, sans crainte pour mon logement.

Etre utile…

J’aimerais être plus utile. Depuis le début du confinement j’ai trouvé pour d’autres de la radiologie à domicile, réfléchi aux conditions d’un accouchement, trouvé une solution de déconfinement arborée pour une amie, je me suis trouvé pour cette semaine une coiffeuse à domicile et ce ne sera vraiment pas en trop, et il y a aussi Stéphanie qui en bave chez elle depuis le 29 décembre, troisième étage sans ascenseur, avec sa fracture tibia-péroné qui consolide tout à son rythme, pas le plus court. Parfois je fugue.
Mais nous tenons bon un bout. Et nous saurons bientôt, très vite, que le pire est passé. Courage et bonne cinquième semaine à tous.

Thierry Seveyrat

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