Soyez courageux, Monsieur le Président,
Au début de la pandémie, le chef de l’État a fait le choix de préserver prioritairement la vie, fut-ce au détriment de l’économie. Qui saurait le lui reprocher ? C’est aussi le choix qu’a fait l’Allemagne. Pour y parvenir les allemands ont doté tous les citoyens de masques et ont recours aux tests systématiques de la population avec les moyens techniques et scientifiques les plus sophistiqués. Chez nous, on a choisi le confinement, méthode archaïque et pour reprendre la formule de certains, « moyenâgeuse ».
Quand on a pas de pétrole ( pardon de masques et de tests), on a des idées … « On » nous explique que personne ne pouvait prévoir une telle pandémie. Certes. Mais les allemands le pouvaient t’ils, eux ?
On a tous en mémoire la pantalonnade qu’on nous a servi au sujet des masques qui n’étaient pas nécessaires, avant de le devenir, et la sortie de la porte-parole du gouvernement qui nous a expliqué « sérieusement » qu’elle ne savait pas comme s’en servir. On se souvient aussi comment « on » nous a expliqué qu’on pouvait maintenir le premier tour des élections municipales en se prévalant de l’avis des experts, avant de décréter le confinement le lendemain…
Que nous réserve dans un tel contexte la prise de parole du Président de la République lundi ?
Une chose est certaine, le temps n’est plus aux atermoiements. L’heure des décisions est venue. Il n’est plus question de se cacher derrière l’avis des experts et du conseil scientifique, des médecins ou de l’académie de médecine. C’est une décision politique que nous attendons. Le Président a largement consulté, il lui appartient désormais de décider. Le choix n’est pas simple, mais c’est dans ces moments qu’on juge les hommes d’Etat.
On a compris, que le gouvernement ne dispose ni des masques ni des tests qui sont nécessaires. Il faudra quand même qu’on nous explique un jour pourquoi les allemands ont les deux. Mais ça, ce sera pour après. En l’état, la tentation pourrait être de poursuivre le confinement jusqu’a ce qu’on soit en mesure de tester la population et équiper tout le monde en masque. Le problème, c’est qu’on ne sait pas quand, ce qui reviendrait à une prolongation du confinement sine die.
Il va falloir au chef de l’Etat faire un choix courageux
Dans le subtil équilibre entre la préservation de la vie des hommes et celle des entreprises, il va falloir au chef de l’Etat faire un choix courageux. Après 6 semaines de confinement, il faudra permettre à l’activité économique de reprendre, avec des mesures certes, mais il en va de la survie de nos entreprises et donc de celles et ceux qui les composent.
Un confinement total au delà de la fin avril ne sera pas audible et ne sera pas entendu. Le président prendrait le risque qu’il ne soit plus respecté, parce que plus compris. Il jouerait alors perdant perdant, car ce serait une catastrophe tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique.
Reste à trouver les masques et les tests. Mais cela, Monsieur le Président, c’est votre job. Le notre, ce sera de respecter les règles de déconfinement qui nous serons fixées. Nous sommes à un rendez-vous de notre histoire. Ne le ratons pas.
11 avril 2020.
Alain Jakubovicz, avocat français, fut Président de la Licra du 31 janvier 2010 au 6 novembre 2017.
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