Éric Zemmour. «Pourquoi les peuples européens renoncent si facilement aux libertés individuelles»

Éric Zemmour. Jean-Christophe Marmara

L’abolition de nos libertés individuelles est le prix de notre déclassement économique et technologique.

«End of freedom»


Le Daily Telegraph, journal de la droite conservatrice, fut le seul média britannique qui critiqua la décision prise par Boris Johnson le 21 mars de confiner la population britannique. Tous leurs confrères unanimes reprochaient plutôt au premier ministre britannique d’avoir tardé. En France, où on n’a pas la même tradition de respect sourcilleux des libertés individuelles, c’est la même unanimité. La plupart des médias tancent le gouvernement pour son excessive mollesse et vitupèrent la population française qui n’est pas assez disciplinée.

On n’en est pas à dénoncer les récalcitrants, mais on n’en est pas loin. Des drones sont utilisés pour surveiller la mise en application du confinement. Emmanuel Macron a réussi le tour de force de ne pas fermer les frontières de la France, au nom de son idéologie européiste, et d’enfermer chacun de ses habitants dans sa frontière personnelle et familiale, au nom de la protection de la santé de tous.

Pour fonder juridiquement cette atteinte inédite à la plus élémentaire des libertés, celle d’aller et venir, le gouvernement utilise des textes sur les circonstances exceptionnelles et l’état d’urgence qui datent de la Première Guerre mondiale et de la guerre d’Algérie. Mais le Président l’a dit: «Nous sommes en guerre!»
Les médias européens tombent à bras raccourcis sur Viktor Orbán qui s’octroie les pleins pouvoirs pour une durée indéterminée sans dire que les dirigeants français ne font pas autre chose et que les armées italienne et espagnole sont dans les rues.

Toujours la parabole de la poutre et de la paille! Bien sûr, les dirigeants nous rassurent en évoquant le caractère temporaire de ces mesures.

On rappellera seulement que l’état d’urgence en matière terroriste établi après les attentats de 2015 a été prolongé à six reprises. Sur les réseaux sociaux, certains soupçonnent nos politiques de profiter de la situation pour étouffer les contestations et prendre des mesures qui n’auraient jamais été acceptées en temps normal, comme l’abolition des 35 heures. Ils sont accusés, non sans raison, de «complotisme».

Source: Le Figaro. 3 avril 2020.

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