René Seror. La Gauche israélienne

Les différents reportages et articles que je visionne ou lis depuis ces quelques jours me projettent tous la même image.

Le parti travailliste, Matrice de l’état d’Israël, est dans le coma.

Cette phrase résume l’état d’esprit des nostalgiques de la période pionnière.

Aussi, j’aimerais faire appel à mes souvenirs.

Je suis né en Juillet 47.

Israël est proclamé en mai 48.

Je grandis, insouciant, au son des chants haloutsiques dans différents mouvements de jeunesse, mais nous n’avons aucune idée de la face politique d’Israël.

Je prends conscience, oh, si peu, qu’il se passe quelque chose, en 56.

Mes parents écoutent KOL Israël sur un poste de radio à ondes courtes, qui grésille, tel un poste à galènes ou un téléphone de campagne.

C’est la campagne du Sinaï.

Je suis fier, car mon père est fier.

Il a entendu son frère à la radio. Il a émigré en 48. Un héros? Non! Un artisan comme tant d’autres de l’extraordinaire avancée d’un peuple. De mon peuple.

Est-ce qu’à cet instant je peux imaginer le plus grand sioniste que je connaisse, parce que le seul, mon père, zal, militant pour un quelconque parti?

Nous admirons des hommes.

Ils ont noms: David Ben Gourion, Moshe DAYAN, Golda Meir…

David Ben Gurion et Yitzchak-Rabin
Discussion entre David Ben Gurion et Golda Meir au meeting du Mapam le 1er janvier 1960

J’ai donc 20 ans en 67.

Le temps est vite passé.

Mais notre admiration est encore et toujours dirigée vers nos héros.

Vers des hommes.

Vers des individus.

Vers ce pays inaccessible.

MAPAI, MAPAM sont des termes qu’on entend.

Nous ne savons pas ce qu’ils veulent dire.

Nous continuons à admirer les individus.

On parle d’IRGOUN de HAGANA, de PALMAH…

Et nous répétons ces mots, car nos aînés les prononcent.

Un jour, un émissaire de l’agence juive, nous réunit. Il débite sa litanie. Nous l’écoutons religieusement, les larmes au bord des yeux.

Comme l’écrit Sholom Aleikheim, “Le mal du pays, sans doute

Personne ne montera en Israël, suite à sa prestation.

Il parlait ALYA, mais nous retenions les noms qu’il citait, comme ceux des héros de films ou de bandes dessinées.   Comme des personnages sacrés, étudiés à la synagogue, au Talmud Thora et qui nous semblent prolonger l’histoire de notre peuple. Le nom des villes qu’il décrivait comme autant de petits paradis.

Israël nous semblait un rêve inatteignable à cette époque.

Nous étions les amoureux platoniques de ce petit pays qui nous semblait si lointain.

Soudain, la guerre.

Nous manifestons devant l’Ambassade.

Nous sommes très nombreux.

Des milliers. Les collègues de travail, non juifs, prennent part à ce que tout le monde appelle le combat de David contre Goliath.

Nous nous présentons à l’agence juive, prêts à nous engager.

Le temps de l’inscription, et la guerre est finie.

Les noms changent. On parle de Menahem BEGIN, de RABIN, zal, de SHARON…

Il n’est jamais  question de famille politique.

Involontairement, nous passons d’un bord à l’autre, en fonction des dirigeants.

Que veut dire la gauche ou la droite pour un garçon de 20 ans qui a vécu les 2 premiers tiers de son existence dans la douceur méditerranéenne?

Nous avons tout quitté, dans la naïveté.

La France était notre rêve.

Israël, notre espoir.

Aussi, après des années de militantisme, je comprends ou crois enfin comprendre quelques ficelles de ce qui s’appelle politique, je peux comparer. Et je réalise que les travaillistes d’aujourd’hui ne supportent pas la comparaison.

Rien de surprenant, alors, que ce parti plonge dans une forme de coma, qu’il faut espérer artificiel, ou pour le moins … temporaire.

Israël est basé sur l’espoir.

Aussi, il ne peut être dirigé que par des hommes qui incarnent l’espoir.

Ils n’ont pas les mêmes critères  pour tout le monde.

Il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’un leader travailliste  émerge un jour ou l’autre. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que le peuple le suive. Les structures de notre pays semblent ressembler aux autres. En apparence seulement.

Photos: David Rubinger. Rubinger a commencé le photojournalisme en 1951. En 1953, il rejoint Yedioth Ahronoth , puis le The Jerusalem Post . Il finit par se faire remarquer par  Time-Life pour lequel il a travaillé pendant plus de 50 ans. Rubinger a couvert pour Time-Life toutes les guerres d’Israël.

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