Une sculpture du clown de McDonald’s crucifié suscite la controverse en Israël

Exposée dans le cadre d’une exposition à Haïfa (Israël), l’œuvre représentant le clown, symbole de la chaîne de restauration rapide McDonald’s, crucifié, fait polémique.

Une œuvre intitulée « McJesus », sculptée par l’artiste finlandais Jani Leinonen et représentant le clown de McDonald’s crucifié, est exposée dans le cadre de l’exposition « Sacred Goods » au musée de Haïfa, en Israël. / Oded Balilty/AP

En Israël, la sculpture de Ronald McDonald crucifié, rebaptisé « McJesus », ne passe pas. Elle est actuellement exposée au musée d’art de Haïfa dans le cadre d’une exposition sur le consumérisme inaugurée en août et intitulée « Sacred Goods » (biens sacrés).

Protestation et manifestation

Des images de cette œuvre, accompagnée d’une figurine représentant Jésus sous la forme d’une poupée Ken crucifiée et souriante, réalisées par l’artiste finlandais Jani Leinonen, ont circulé sur les réseaux sociaux récemment et ont suscité le courroux des chrétiens de Terre Sainte. Ces derniers, dont l’assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte, ont exigé le retrait de ces deux sculptures de l’exposition, jugées offensantes, au nom de « la coexistence entre toutes les composantes nationales, ethniques et religieuses de la ville ».

La polémique a pris de l’ampleur après un rassemblement de protestation, vendredi 11 janvier, qui a réuni des centaines de personnes. Lors de cette manifestation, trois policiers ont été blessés par des jets de pierres. Le musée a également été la cible ces derniers jours de deux cocktails Molotov.

Intervention de la ministre de la culture

La veille de la manifestation, la ministre de la culture, Miri Regev, avait envoyé une lettre au directeur général du musée pour demander le retrait de la sculpture. Elle y expliquait notamment que « le mépris des symboles sacrés pour les religions et de nombreux croyants du monde entier en tant qu’acte de protestation artistique est illégitime et ne peut être affiché dans une institution culturelle soutenue par des fonds publics ».

À l’issue de plusieurs réunions de conciliation avec des représentants de la communauté chrétienne, le musée a fait installer des panneaux à l’entrée de l’exposition afin de signaler aux visiteurs des « contenus offensants ».

Insatisfaits par cette décision, des responsables de la minorité chrétienne d’Israël, qui comptent moins de 150 000 personnes, ont saisi la justice pour obtenir le retrait pur et simple de ces deux œuvres. Le musée a lui expliqué que l’exposition en question avait pour but d’interroger la religion et la foi dans le contexte de la culture consumériste. Selon un communiqué du musée de Haïfa, McJesus de Jani Leinonen, présenté comme un artiste chrétien, a été exposé « dans de nombreux musées européens ».

« Nous ne sommes pas en Europe, nous sommes en Israël »

L’artiste s’est fait connaitre justement par des œuvres suscitant la controverse et dénonçant les pratiques des grandes multinationales en détournant leurs symboles. Mais en Israël, la sensibilité des chrétiens est plus forte. C’est la position que défend Wadie Abou Nassar, porte-parole de l’assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte qui juge la sculpture blasphématoire. « Nous ne sommes pas en Europe, nous sommes en Israël », souligne-t-il. « En Israël, de telles expositions contre les musulmans et les juifs seraient taboues, mais contre les chrétiens, elles sont autorisées », s’est-il aussi agacé.

Paradoxalement, cette campagne a surpris Jani Leinonen, qui avait exigé en septembre que le musée retire son œuvre pour « protester contre les violations des droits humains commises en Israël ». Ce dernier a d’ailleurs réitéré sa demande. « Israël utilise ouvertement des expositions d’art comme celle-ci et la culture en général comme une forme de propagande pour blanchir ou justifier son régime d’occupation, de colonisation et d’apartheid contre le peuple palestinien », a-t-il écrit dans un communiqué. La porte-parole du musée a, elle, assuré que « McJesus » avait été prêté par une galerie finlandaise qui n’a pas demandé à la retirer.

Arnaud Bevilacqua
La Croix

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