Humeur du jour radicalisation et dérive sectaire, Khaled Slougui

Dans une HUMEUR passée, j’ai abordé la thématique sectaire “religion et secte : quelle différence?”, c’était une approche générale qui se résumait en l’idée que la différence n’est qu’une question de degré, et que le passage de l’une à l’autre s’opérait avec une grande aisance, voire facilité. Aujourd’hui, instruit par les travaux de Didier Pachoud, l’un des plus grands spécialistes des sectes en Europe qui préside le GEMPPI (Groupe d’Etude des mouvements de Pensée pour la Protection des Individus), dont je suis membre du CA, je me propose d’approfondir le sujet en abordant des aspects concrets.

PRIMO : Dès les débuts de l’apparition du phénomène de la radicalisation comme problématique nationale, suite aux évènements sanglants que le pays a vécus, mon positionnement a été, on ne peut plus clair ; c’est ce que j’ai développé dans mon livre, à savoir que la radicalisation s’apparente à une dérive sectaire, elle ne s’y réduit pas.
C’est au niveau des ressorts internes et des mécanismes de manipulation, de sujétion, voire d’exploitation, que l’on retrouve les mêmes formes, les mêmes techniques et les mêmes outils.

SECUNDO :
Les sectes se reconnaissent principalement à :
L’autoritarisme
La foi aveugle, le fanatisme, la superstition excessive
L’argent, l’exploitation des fidèles
La violence, le discours de haine, l’intolérance
La discrimination (femmes, races, autres religions, etc.)
La vérité unique, pas de place à l’interprétation personnelle
La paranoïa : les élus d’un côté, les sataniques de l’autre (le diable existe), peur d’un complot, de la fin du monde, de l’enfer…
La coupure de l’adepte de la société, de ses proches, de son environnement habituel
Les groupes sectaires n’aiment pas la science et la raison, ils ont les leurs
Cependant, un seul élément ne suffit pas toujours à définir une secte, car il y a différents niveaux d’emprise.
Il serait insensé de voir de la manipulation partout, il existe des principes et des mécanismes de base de l’emprise mentale.
Ces caractéristiques se retrouvent précisément dans la plupart des études établies sur le processus de radicalisation et les stratégies d’endoctrinement et d’embrigadement qu’il mobilise. Reste à se poser la question de savoir pourquoi et comment un individu peut être appâté, séduit, abusé même par l’esprit de secte.

TERTIO :
Pourquoi et comment peut-on être attiré par les groupes sectaires ?
Parmi de multiples facteurs, il semble important de retenir les plus significatifs :
Les tentations dans certains domaines (professionnel, santé…) ; la recherche du mieux-être et du bonheur ; la recherche d’expériences, de changements, la curiosité ; la compensation de frustrations et de manques ; le sentiment de toute puissance, l’invulnérabilité ; la facilité ; la recherche d’appartenance, de reconnaissance, d’identité…
L’emprise mentale sectaire est une forme très spécifique de mise en état de sujétion dont le processus peut se décliner en trois phases : séduction, endoctrinement, rupture.
Myriam Declair (29), pour avoir « mariné » pendant dix ans dans une secte évangéliste « les enfants de Dieu », et s’en être sortie, nous livre un précieux témoignage dans son livre « De l’enfer à l’endroit, j’ai passé dix ans dans une secte ».
Je reviendrai sur la description de cette expérience très particulière dans une de mes “HUMEUR”.

Conclusion :

Je ne résiste pas à la tentation de terminer ce texte en reprenant deux citations énoncées par mon ami Didier Pachoud, président du GEMPPI

« Les gens vous aimeront plus pour ce qu’ils ont fait pour vous, que vous pour eux » (Nicolas Machiavel, Le prince).

« On avale à pleines gorgées le mensonge qui nous flatte et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère » (Diderot).

Une bonne journée !

A la prochaine ? Sans doute !

Khaled Slougui

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