Nouvel antisémitisme : pour l’AFP, il est virulent de dénoncer ce qui est

Le Parisien a publié, le 22 avril, un manifeste « contre le nouvel antisémitisme ». Habituellement neutre, l’Agence France Presse (AFP) l’a qualifié de « virulent » et la plupart des médias ont suivi…

Dimanche matin, 22 avril, j’effectuais ma promenade coutumière sur le web pour humer l’air du temps à propos des sujets d’actualité suscitant un intérêt dans la sphère médiatique. On trouvait de nombreux échos, dans la presse française et internationale, du manifeste sur le « nouvel antisémitisme », lancé à l’initiative de Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter, et publié dans Le Parisien. Le nombre, 300, et la notoriété des premiers signataires, personnalités politiques de tous bords, artistes et écrivains connus, journalistes réputés, responsables religieux de toutes confessions, y compris musulmans, ne permettait pas de passer sous silence un texte alertant le public sur un phénomène minant notre société depuis plusieurs décennies : l’émergence, dans notre pays d’une judéophobie meurtrière se réclamant de l’Islam.

L’AFP sort de sa réserve

Mon attention fut attirée par le fait que de nombreux journaux paraissant dans l’espace francophone (France, Suisse, Belgique) annonçaient la publication d’un manifeste « virulent ». Comme cet adjectif ne pouvait pas être venu au même moment à l’esprit des rédacteurs chargés, un dimanche, de nourrir le site web des médias en question (LibérationLa RomandieRTBF…), il fallait bien qu’il vienne de quelque part. Et ce quelque part ne pouvait être que l’Agence France Presse (AFP), qui les alimente vingt-quatre heures sur vingt-quatre en nouvelles fraiches de la planète. Vérification faite, l’AFPest bien la source de ce jugement de valeur subrepticement glissé dans le titre d’une dépêche censée informer les clients de l’agence de l’existence et du contenu de ce manifeste.

Depuis sa création, en 1944, l’AFP revendique fièrement son statut d’agence mondiale d’une grande démocratie, indépendante des pouvoirs politiques et économiques (à la différence des organes d’informations officiels étroitement contrôlés par des Etats autoritaires ou totalitaires). Cela implique, entre autres, qu’elle s’efforce de ne publier que des faits constatés, vérifiés et « sourcés », dans le cadre d’une déontologie austère et exigeante, laissant aux médias abonnés le soin de commenter ces faits en fonction de la ligne éditoriale qu’ils ont adoptée, connue de ceux qui leur font confiance.

J’accuse donc la direction de l’information de l’AFP d’avoir porté un jugement de valeur sur ce texte, de sa propre initiative, et avant que toute réaction, positive ou négative, ne se soit manifestée à son sujet.

« Virulent » comme un poison ?

L’adjectif « virulent » n’est en effet pas neutre, quand on connaît le français. En voici la définition donnée par le Larousse : « Qui est nocif et qui se rapporte à la virulence d’un germe, d’un parasite : un poison virulent. Qui a un caractère agressif, très violent et mordant : un discours virulent. »

Comme je fais crédit au rédacteur de la dépêche de n’être point un total analphabète, je suis incité à lui demander en quoi ce texte était-il, à son avis, « agressif, violent et mordant » ? Est-ce de constater que la France est le seul pays démocratique où l’on tue des juifs pour la seule raison qu’ils le sont ? De noter que cette judéophobie meurtrière se développe dans une mouvance islamiste radicale qui gangrène les « quartiers » ? D’affirmer que le départ contraint, pour cause d’insécurité de juifs de ces communes et de ces quartiers peut s’apparenter à une « épuration ethnique à bas bruit » ? La virulence réside-t-elle dans la description des faits ou dans les faits eux-mêmes ? L’AFP vient de se voir doter d’un nouveau PDG, Fabrice Fries, choisi hors du sérail journalistique et imposé par le pouvoir pour remettre de l’ordre économique dans une institution fortement dépendante des subsides de l’Etat. Il n’y a pas que l’argent dans la vie, la morale c’est important aussi…

Luc Rosenzweig

Source causeur

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3 Comments

  1. Fabrice Fries imposé à l’AFP par le pouvoir politique !!!! C’est d’une part une mise au pas de la presse par un chef d’Etat autoritariste, et d’autre part dans un sens qui confirme mes pires craintes dans mon dernier article (Mode d’emploi…)!

  2. J’ai eu connaissance de ce manifeste par un bandeau sur i24news, puis par le texte, sans remarquer de qualificatif de virulence. Deux faits sont établis: l’assassinat de juifs Français est un crime contre la République, l’insécurité que doivent affronter des familles juives et les exils urbains sont des crimes contre la République, l’antisémitisme est un crime contre la République.

    Le reste du texte, d’une violence invraisemblable, est stupide, faux et dangereux.
    Les crimes contre les juifs et l’antisémitisme sont l’affaire de tous: c’est une évidence républicaine mais il faut le dire au CRIF qui poursuit ses manoeuvres politiciennes en mettant en danger l’unité nationale.
    Quelle est cette partie des élites françaises qui pourrait croire et proclamer que l’islamisme radical est l’expression d’une révolte sociale? Quelles sont ces canailles qui, après avoir vaincu le communisme, s’abandonnent aux délices du paternalisme raciste petit bourgeois qu’elles voudraient faire passer pour un radicalisme antiraciste.? Il s’agit de la racaille habituelle gauchiste, méprisant le peuple par nature et ne comprenant rien à rien par habitude. Ces individus sont trop lâches pour servir notre politique intérieure et préfèrent la politique extérieure qui permet de proclamer sa vertu en condamnant tous et tout. Quatre ou cinq millions de Palestiniens n’ont aucun intérêt pour la France mais condamner Israël est un vent si doux. Leur travail, qui n’a aucun effet sur Israël, est facilité par les excités qui pensent que la défense inconditionnelle d’Israël sert ce pays et que traiter leurs adversaires d’antisémites va désarçonner la vanité des antisionistes.

    L’islamophobie est un slogan, stupide comme tous les slogans, creux comme tous les slogans. Ce n’est pas menacer la liberté religieuse que de lutter contre les hérésies qui détruisent les religions et menacent la liberté. Cependant, exiger la modification de textes sacrés, incertains dans leurs textes comme dans leurs interprétations, est stupide. L’Eglise catholique ne modifie pas les textes canoniques, les auteurs et signataires du manifeste sont bien ignorants. Exiger des musulmans de justifier en permanence leur pratique et leur foi est scandaleux. Je n’aimerais pas qu’on me demande tout le temps d’affirmer que je condamne l’hérésie des intégristes catholiques. Pendant la guerre d’Algérie, le gouvernement français craignant de parler d’Algériens, comme on parlait de Bretons, parlait de Français musulmans d’Algérie et poussait ceux-ci, particulièrement pour les travailleurs émigrés en métropole, vers une identité musulmane. Ce système accusatoire ne peut que pousser les musulmans Français vers une révolte morale, une identité exacerbée et les dangers du communautarisme. De plus, cette accusation permanente rejoint facilement un racisme anti-Arabe, hérité de la guerre d’Algérie et nourri par les événements internationaux. La comparaison accusatoire du nombre de victimes arabes et juives est trop dangereuse et immorale pour être soutenue.
    Le dialogue judéo-musulman existe, comme le dialogue judéo-chrétien. Ce n’est pas un tribunal d’accusation et d’accusations.

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