La lettre d’un prisonnier d’Auschwitz déchiffrée 70 ans plus tard

Découvert par hasard en 1980 par un étudiant, le document était illisible. Mais un historien russe, a finalement réussi à en déchiffrer le contenu et faire la lumière sur un témoignage bouleversant.

En 1944, Marcel Nadjari, un juif grec déporté à Auschwitz enterre une lettre décrivant ce qu’il a pu observer dans le camp en tant que «Sonderkommando» – des unités de travail dans les camps composées de déportés, juifs pour la plupart, choisis par les SS et forcés à participer à la solution finale.

Trente-six ans après, à l’automne 1980, un étudiant polonais participe à des fouilles près du camp et découvre la lettre, composée de treize pages arrachées à un carnet et rédigées en grec. Le document en question, en grande partie effacé, est illisible.

Mais c’était sans compter la détermination de l’historien Pavel Polain qui est parvenu, à l’aide de techniques informatiques, à déchiffrer une grande partie du texte. «Notre tâche était de les accueillir (les juifs hongrois déportés en 1944, NDLR), la plupart ne sachant pas ce qui les attendait. Aux personnes dont le sort était scellé, je disais la vérité. Une fois nues, elles allaient dans la chambre de la mort où les Allemands avaient soi-disant installé des douches. On les obligeait à se rapprocher à coup de cravache puis on fermait les portes hermétiquement», peut-on lire. «Je ne suis pas triste de mourir, écrit-il ensuite. Mais je suis triste de ne pas pouvoir venger la mort des miens. Comment pourrais-je craindre la mort après tout ce que j’ai pu voir ici.»

L’hebdomadaire belge Le Vif et plusieurs médias allemands, dont De Morgen, relatent aujourd’hui l’histoire de cet inestimable document. Et celle de son auteur. Emprisonné à Auschwitz en 1944, Marcel Nadjari est donc enrôlé dans les Sonderkommandos et est donc contraint de vider les chambres à gaz, d’ôter aux corps leurs cheveux et dents en or, puis de brûler les dépouilles. Il est persuadé qu’il ne s’en sortira pas et décide donc d’écrire cette lettre pour sa descendance où il témoigne, en détail, des atrocités dont il est le témoin. Il sera finalement libéré, écrira ses mémoires en Grèce avant d’émigrer aux États-Unis dans les années 1950 mais n’aura jamais confié à quiconque avoir enterré ce document près du four crématoire III à Auschwitz.

Source lefigaro

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