La stratégie gagnante d’Israël, par Jean-Paul Fhima

Israël est la « Start-up Nation ».

De nouveaux grands partenaires

et alliés l’attendent … en Asie.

start up israelLes indicateurs sont au beau fixe : taux de croissance annuel de 3.8%, revenu moyen par habitant qui se rapproche de celui de la France (Source CIA World Factbook, 12 mai 2014), taux de chômage à 6,8%, en baisse constante depuis quatre ans (Source FMI – World Economic Outlook Database, 2013), 2ème rang mondial pour le nombre de sociétés cotées au Nasdaq (source Banque mondiale).
L’aéronautique, l’électronique, les télécommunications, les logiciels, les biotechnologies, représentent 40% de la richesse produite. 77% des actifs travaillent dans les activités de biens et de services, dont le prometteur secteur touristique en hausse constante.
Les handicaps sont pourtant nombreux.
Hormis les importants gisements offshore de gaz naturel récemment découverts (Tamar 2, exploité depuis mars 2013), point d’hydrocarbures ni de métaux, rareté du bois et de l’eau. Le marché proche offre des débouchés inaccessibles ou dérisoires, les dépenses militaires restent considérables, les relations commerciales sont lointaines et les coûts de transport élevés, l’assimilation des flux migratoires est un défi hors norme.
Ce sont les méthodes et les savoir-faire israéliens qui attirent l’attention. Car rarement un pays a réuni autant de contraintes et relevé autant de défis.

« Start up Nation »

Israël a le plus fort taux mondial d’ingénieurs par habitant. La recherche et le développement (R&D) représentent 6% du PIB, dans une remarquable synergie entre politique publique et initiative privée.
A l’instar de la Silicon Valley sa grande sœur californienne, la « Silicon Waddi » (vallée en hébreu) rassemble des milliers d’entreprises d’excellence et des firmes multinationales spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication (Google, IBM, Microsoft, Intel, Yahoo, Hewlett-Packar).

La stratégie gagnante d’Israël

réside d’abord dans un « écosystème entrepreneurial »

qui surmonte les obstacles et les transcende.

En 2011, 50 602 entreprises y ont été créées ! Le Matam Haïfa est le plus ancien et le plus grand High Tech Center d’Israël (créé en 1974, 8000 employés). Le Technion Haifa est l’une des meilleures universités au monde en informatique et en biotechnologie. Campus Tel Aviv, inauguré en novembre 2012, est le deuxième hub géré entièrement par Google (après Londres).
Depuis 2003, le pays a été soumis à une politique draconienne de relance libérale à coup de privatisations et de lutte anti-inflationniste, de réductions d’impôts, de réformes des retraites et de baisse des charges sociales. Un serrage de ceinture qui demande beaucoup de sacrifices et génère une importante fracture sociale, mais les résultats sont là dix ans après : les entrepreneurs israéliens ont créé et vendu 772 start-up pour un total de 42 milliards de dollars US.
Il y a un « esprit pionnier issu des migrants venus construire le pays » et une constante « obligation de se réinventer pour survivre » (http://siliconwadi.fr, 12 juin 2014).
Inbal Arieli, avocate israélienne de 39 ans, maman de trois garçons, vit à Tel Aviv. Elle a mis en pratique son expérience de 5 ans dans l’unité d’élite 8200 de Tsahal (renseignement électronique) pour créer en 2010 « l’accélérateur 8200 EISP ». Ce programme permet à de jeunes entre-preneurs recrutés sur le volet de bénéficier d’accompagnement, de formation et de financement pour développer leur Start up. Chaque année, 20 Start-up sont ainsi créées.

Chagrins, douleurs et deuils confortent la cohésion

et l’unité d’une population qui n’a pas d’autre choix

que de miser sur l’avenir, l’espoir et le courage.

Le miracle économique du ‘’petit pays qui n’a peur de rien’’ est à la hauteur des enjeux qui ne manquent pas : trouver sans cesse de nouveaux débouchés, attirer toujours plus d’investisseurs étrangers, faire fructifier un creuset remarquable de talents excellemment formés à l’aune d’horizons riches et variés.

Le rapprochement avec la Chine et l’Inde est le deuxième point fort

de la stratégie gagnante d’Israël.

La Chine

Les liens entre la Chine et Israël sont anciens (la présence juive en Chine remonte à un millénaire), forts (20 000 personnes y ont trouvé refuge pendant la seconde guerre mondiale) et historiques. La grande synagogue de la rue de Tongjiang à Harbin (Mandchourie) vient de rouvrir après 12 mois de travaux. Dans cette ville de Chine du Nord se trouvait il y a cent ans l’une des plus grandes communautés juives de l’Extrême-Orient. La restauration de l’édifice a été menée conjointement avec le Centre d’étude sino-Israël de l’Université du Hei-longjiang dirigé par un chercheur Israélien (JTA, 23 juin 2014).
Cependant, la Chine n’a pas toujours été un allié politique d’Israël.
Pékin a régulièrement manifesté un soutien à la cause palestinienne avec de sévères critiques à propos des implantations israéliennes en Cisjordanie et de la barrière de sécurité. En 2006, la Chine a reconnu la ‘’légitimité du Hamas’’ et ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste. En mai 2010, elle a condamné Israël à propos de l’affaire de la flottille de Gaza et a voté en faveur d’un Etat palestinien observateur à l’ONU en novembre 2012.
Mais la rupture avec l’URSS dans les années 1960 puis le rapprochement avec les Etats-Unis dès les années 1970, a permis à la Chine de Mao de conclure avec l’Etat hébreu des accords militaires secrets, d’armement et d’équipement, puis agricoles et industriels. Ces liens se sont renforcés par la suite, dans le cadre du processus de paix engagé entre Israël et l’OLP au début des années 1990.
Aujourd’hui, la Chine contribue aux négociations actuelles avec l’Iran sur la non-prolifération nucléaire. Elle cherche à peser de manière significative dans l’apaisement des relations entre Israël et les pays arabes.
Une « fascination réciproque » a pris le dessus (Tribune Juive, 6 avril 2013).
En décembre 2013, Benjamin Netanyahu et le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi se sont félicités d’ « un très bel avenir entre nous ». Au cours d’une visite en Chine en avril dernier, Shimon Peres évoquait des qualités communes de « sagesse, dévouement, et esprit de progrès », puis ajoutait que « La Chine est un allié de poids dans les relations diplomatiques avec le Moyen-Orient » (Times of Israël, 30 mai 2014). De son côté, le président chinois, Xi Jinping, a dit « comprendre les inquiétudes d’Israël » face au programme nucléaire iranien.

Décembre 2013, Netanyahu et Wang Yi, ministre chinois des affaires étrangères
Décembre 2013, Netanyahu et Wang Yi, ministre chinois des affaires étrangères

Troisième partenaire commercial d’Israël, la Chine héberge plus d’un millier d’entreprises israéliennes. Le montant des échanges commerciaux qui n’était que de 54 millions de $ en 1992 atteint 3.4 milliards de $ en 2006 et 8.17 milliards de $ en 2011. Il ne cesse de progresser depuis.
Les échanges bilatéraux s’intensifient considérablement dans la High-Tech, l’environnement (énergie solaire), l’agriculture (irrigation, gestion de l’eau, dessalement). Les projets et les contrats ne manquent pas. En 2013, les investissements ont atteint des records.
Des hommes d’affaires chinois font d’importantes donations aux centres de recherche israéliens. Par exemple, le milliardaire Li Ka-Shing a fait un don de 130 millions de dollars au Technion de Haïfa . A Changzhou, situé à 150 km de Shanghai, un centre culturel de 25 000 m2 va être construit d’ici deux ans avec une synagogue et un restaurant casher dans la zone industrielle de Wujin.
En mai dernier, une « Semaine de la Chine ». a été organisée en Israël en présence de 400 chefs d’entreprise. Un mémorandum sur la création d’un comité mixte bilatéral a prévu d’élargir les échanges en matière d’innovation et d’industries de pointe (Radio Chine Internationale, 20 mai 2014). Une coopération dans la santé, l’éducation et la culture a aussi été annoncée.
Depuis 2012, un département d’économie israélienne a ouvert dans la prestigieuse University of International Business and Economics de Pékin dont le président a déclaré : « les chinois sont très impressionnés par l’économie israélienne, et nous pensons que c’est un modèle ».
Capable d’importer et de diffuser l’esprit start-up d’Israël dans toute l’Asie, la Chine peut financer les entreprises israéliennes, développer leurs pro-duits et les commercialiser dans le reste du monde. C’est une stratégie du gagnant-gagnant : l’immense potentiel d’investissement chinois contre l’expertise technologique israélienne.

L’Inde

Les relations entre Israël et l’Etat indien sont longtemps restées chaotiques. Si Nehru et Gandhi ont manifesté de la sympathie pour les Juifs, les deux pères fondateurs de l’Inde moderne se sont opposés au sionisme et ont défendu le nationalisme arabe. Indira Gandhi a soutenu sans ambiguïté la cause palestinienne et l’OLP. Elle a eu de longs entretiens avec Arafat.
Mais des échanges secrets de type sécuritaire et militaire se sont développés au cours du conflit indo-pakistanais (1965 et 1971). Le Mossad et son équivalent indien le RAW coopèrent depuis de longues années.
En 1998, un axe Washington-Tel Aviv-New Delhi (Triangle stratégique) a été formé pour lutter contre le terrorisme islamique. A New Delhi en septembre 2001, un sommet indo-israélien sur la Défense et le Renseignement instaurait une aide mutuelle sur la question afghane et la prolifération balistique iranienne (Stéphanie Lévy, Université de Tel Aviv, 2007).
Le gouvernement de New Delhi apprécie cette convergence de points de vue mais les pays arabes voient d’un mauvais œil ce rapprochement israélo-asiatique.
Le militantisme islamique est considéré comme une atteinte directe à la sécurité indienne. On se souvient des dix attentats simultanés de 2008 à Mumbaï qui avaient fait 166 morts et provoqué un traumatisme national sans précédent. Ces menaces islamistes sont à la fois intérieures (divers attentats au Cachemire, au Punjab et dans les provinces du Nord), et extérieures (programme nucléaire du Pakistan).
Les liens culturels ne cessent de se renforcer. L’Etat juif a célébré le 50ème anniversaire de l’Inde, sous le titre de « Shalom India » et l’Inde a célébré avec faste les 50 ans de l’État d’Israël. Les visites officielles se succèdent.
C’est au parti nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (BJP) que l’on doit ce rapprochement historique avec Israël. Narendra Modi, ancien gouverneur de la province du Gujarat et chef actuel du BJP, a été le premier à ouvrir sa région aux investissements israéliens et à croire à un avenir commun avec l’Etat juif. Devenu récemment le tout nouveau premier ministre indien (en mai 2014), Modi aime Israël où il est déjà allé, apprécie sa « chutzpah» c’est-à-dire son audace en yiddish, et affirme à qui veut l’entendre que «l’Inde est le meilleur ami d’Israël en Asie du Sud-Est » (International Business Time).
La nouvelle ministre indienne des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, considère Israël comme « un partenaire fiable et admire son ancienne homologue Golda Meir, ministre de Ben Gourion.
L’inde produit chaque année 500 000 scientifiques, ingénieurs et travail-leurs en technologie de mieux en mieux formés. Une nouvelle classe moyenne avide de progrès en fait un immense marché intérieur qui ouvre grand les bras à l’Etat hébreu.

Une coopération pleine d’avenir
Une coopération pleine d’avenir

« Israël [peut] aider à résoudre de nombreux problèmes de notre pays » (Jadeep Sarkar, ambassadeur d’Inde en Israël, 31 mai 2014).
Depuis vingt ans, une hausse significative des échanges commerciaux a été enregistrée, aussi bien en milliards de dollars (+ 30%) qu’en volume (x4) et  investissement bilatéral (x3 pour Israël). Cette collaboration porte principalement sur l’agriculture (irrigation par égouttement, technologie de serre chaude, floriculture et horticulture) et sur une multitude de projets dans les secteurs des matériaux, des systèmes d’optique électroniques, de la biotechnologie, de la génétique avancée, de la technologie mobile et d’autres domaines plus sensibles.

Israël est le ’’petit pays qui n’a peur de rien.’’

Ni de l’odieuse campagne BDS,

ni de la désinformation mondialisée,

ni de la diabolisation antisioniste.

Malgré un environnement hostile et les handicaps, sa force est dans sa résolue capacité de rebondir et de se développer.
Le nouveau Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, nous rappelle en quelques mots qu’il faut « avoir confiance, retrouver un rêve commun (…) Malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, les Juifs ont puisé leur force dans leur aptitude à rester en contact avec le monde, ouverts sur l’Autre, espérant les retrouvailles » (Huffington Post, 20 juin 2014).
Bravo Israël !
Jean-Paul Fhima
JP FHIMA
 
 

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