
Un jour, un jour viendra
Cause toujours tu m’intéresses
Vous nous aviez promis qu’un jour viendrait où un homme, la rose à la main, se lèverait pour changer notre destin, on y a cru il y a 44 ans.
Désillusions et regrets de ces jours anciens qui devaient être plus fertiles que ces terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril, de ces soirs où le rouge et le noir devaient s’épouser, et que l’on aurait vu souvent rejaillir le feu d’anciens volcans que l’on croyait trop vieux, Jacques, ce texte, cette merveilleuse chanson d’amour, nous l’avons tous vécue à la lettre, mais en arriver à lui dire que tu étais l’ombre de sa main l’ombre de son chien, tu pousses le bouchon un peu loin tout de même, non ?
Qu’il nous fallait regarder vers là-haut que sous ce ciel déchiré, tout semblait soudainement plus léger, tout était ensoleillé, que tout devait s’éclairer, qu’un homme se lèverait la rose à la main pour nous emmener. Barbara, regarde la météo de ce jour, il pleut sur Nantes.
Que si nous vivions d’amour, il n’y aurait plus de misère, que nous pourrions refuser de partir à la guerre si on ne voulait pas la faire, rien qu’en écrivant à notre président, et qu’un enfant qui meurt à Paris ou à Göttingen est un enfant qui meurt.
Le plus difficile, c’est que vous nous aviez même promis qu’avec le temps, on oublierait tout, c’était un leurre, je vous le confirme cher Léo, c’est du pipeau.
Qu’il ne fallait rien regretter et que les souvenirs comme pour les feuilles mortes, se ramasseraient à la pelle, ce sont des balivernes cher Yves, et que l’on pouvait balayer nos amours anciennes et nos souvenirs et repartir à zéro, j’essaye en vain la Môme mais sans succès… Moi je regrette tout…
Qu’il suffirait de presque rien, de quelques années de moins pour pouvoir se dire « je t’aime », j’attends de refaire le chemin à l’envers, mais ouvre-moi, ouvre-moi la porte, cher Serge. C’est moi, c’est l’Italien, je reviens de si loin, Io non ne posso proprio più, Se ci sei, aprimi la porta, Diro come è stato laggiù
Qu’il y avait un jardin que l’on appelait la terre, et que l’on avait toute la vie pour nous amuser et que l’on avait toute la mort pour se reposer, c’est cela, mon métèque, cause toujours tu m’intéresses… On s’amuse comme des fous !!!
Que l’on pouvait tomber en amour devant une femme qui n’avait plus vingt ans depuis longtemps, cette femme aux seins si lourds de trop d’amours, mais des autres, c’est encore une fausse promesse, Georges, et aussi Serge, tous les deux pas un pour racheter l’autre…
Puis encore que la solitude, cette compagne ne nous voulait que du bien, mais qu’elle n’existait pas non plus, tu m’expliqueras mon pote, tout et son contraire …
Que nous croiserions sûrement un jour de grand froid d’hiver un auvergnat généreux qui nous donnerait un bout de bois, pour moi c’est Godo, je l’attends toujours.
Qu’il n’y avait plus de poinçonneurs aux Lilas, et que Dieu fumait des Havanes, tu n’as pas que fumé, toi, mon cher Serge…
Puis que la misère était moins pénible au soleil !!! Faut l’voir pour le croire, Charles, cependant qu’il faille quitter la table quand le repas était desservi, là j’te suis, j’suis raccord, comme on dit de nos jours…
Qu’au pied du poteau d’exécution, Manoukian suppliait sa Méliné de vivre et d’avoir un enfant, et qu’il mourrait sans haine pour le peuple allemand…
Il l’a écrit, et nous avons tous pleuré car ces mots sont gravés en nous à tout jamais.
Merci pour cette belle affiche rouge, Léo. Mais là, non, vois-tu, cela même avec le temps on ne l’oubliera jamais et on ne pardonnera jamais non plus à ces assassins, pour tous ceux qui ne sont jamais revenus, partis pour un aller simple, dans la nuit, le brouillard, et la fumée des crématoires…
Que l’on irait tous dormir dans paradis blanc après une bonne partie de tennis au soleil du Midi, tu nous manques, Michel, et que la solitude cela n’existait pas, qu’il fallait tout donner à notre liberté, cette perle rare, et que le myosotis et puis la rose étaient des fleurs qui disent quelque chose, et en revanche pour aimer les coquelicots faut être idiot, je cherche toujours le sens, Mouloudji.
Vous, Barbara, en revanche, avec votre petite cantate sur l’enfance, vous nous avez mis le moral à zéro, on est plombé là, vous nous préveniez qu’il ne fallait hélas jamais revenir sur les lieux de son passé, car les souvenirs de l’enfance sont les pires, les souvenirs de l’enfance nous déchirent, alors on fait quoi nous maintenant, on fait du passé table rase, gratis …
J’en termine avec la cerise « on ze cake », l’illusion promise de ces jours heureux qui viendraient, de ces jours couleur d’oranges, de ces jours d’épaules nues ou les gens s’aimeront, de ces jours comme un oiseau sur la plus haute branche …
Cher Jean, désolé, mais même si tu as si bien chanté les vers d’Aragon, les épaules nues c’est du passé, aujourd’hui on recouvre tout…
Barbara, Brel, Ferré, Ferrat, Aragon, Brassens, Piaf, Moustaki, Mouloudji, Aznavour, Vian, Prévert, Reggiani, Montand, Gainsbourg, Leclerc, Berger et Cosma, vous y avez-vous vraiment cru à ces jours heureux, à ces lendemains qui devaient chanter ?
Vous avez joué au chaud et au froid avec nous, vous avez alterné espoirs et désespoirs et vous vous en êtes tous allés depuis et aujourd’hui nous sommes comme orphelins de vous, même s’il faut imaginer, les Sisyphe que nous sommes, être tout de même heureux….
Tiens, toi aussi, Camus, tu nous as baladés entre l’absurde, la révolte et enfin l’amour, tu nous as dit qu’un homme ça s’empêchait, tu t’es empêché toi ? Qu’il fallait bien nommer les choses à défaut de rajouter au malheur du monde, avec tous ces conseils, où en sommes-nous rendus aujourd’hui ? Où ?
Nous qui aujourd’hui, vous survivons, nous avons perdu ces espoirs, ces révoltes, nous vivons en absurdie…
Espoirs qui n’étaient donc qu’incantations, leurres et illusions et il ne nous reste plus aujourd’hui que vos textes, vos mélodies, vos chansons et nos yeux pour pleurer.
PTAH
Fils d’Alexandrie, de Memphis, d’Athènes, de Rome, de la Renaissance et des lumières
Mai 2025.

Poster un Commentaire