Jacquot Grunewald. Le zoom de Yitshak

On peut tout voler: une pensée, un propos, un bœuf, un œuf… Mais pas une bénédiction. En revanche, personne ne vous empêche de prononcer une bénédiction, mais seul Dieu bénit. Cela établi, comment Jacob en est-il arrivé à tromper son père en se faisant passer pour Esaü? – Parce qu’il était sûr que le zoom fonctionnerait et que Yitshak formulerait la bénédiction en sa faveur.

Le premier à le dire en cette première moitié du 16e siècle fut Ovadia Sforno, rabbin, exégète, décisionnaire, philosophe, qui apprit aussi à devenir médecin pendant un séjour à Rome.

Plus exactement, celui qui en parla très tôt, fut Rabbi ‘Hanina ben Dossa, un auteur de la Michna,  que cite Sforno dans son commentaire sur la Parasha de ce Chabat (Beréchit 27, 33.) La Michna rapporte en effet que Rabbi ‘Hanina ben Dossa savait, quand il priait pour un malade, si sa prière était acceptée ou non, selon la facilité, l’éloquence avec laquelle il la formulait.

Alors, il est bien vrai que si le terme de “zoom” est récent, le phénomène est connu depuis toujours – et de nos jours, par chaque orateur et chaque enseignant. Quand il ressent que son propos est écouté, suivi, qu’il porte… son éloquence est assurée. Sinon… disons que ça va moins bien, qu’il se sent troublé… il hésite, il est inquiet.

Notre ancêtre a senti que sa bénédiction passait bien, qu’elle était acceptée par Dieu en faveur de celui qui, sur sa demande, s’était approché, l’avait embrassé et qu’il bénissait. Et c’est pour quoi, lorsque le subterfuge lui fut révélé par Esaü même, il s’exclama, en parlant de Jacob: “Eh bien qu’il soit béni!“.

On pourrait, bien sûr, ou l’on doit, s’interroger si Rivka et Jacob ne pouvaient trouver une autre voie pour faire connaître au Patriarche la volonté de Dieu. C’est un problème sur lequel nombre de nos maîtres se sont penchés.

Mais pour en revenir au zoom, je suis bien content qu’il ait fonctionné avec notre Patriarche, alors que tant de fois, moi, l’un de ses misérables descendants, je n’arrive pas à accrocher avec les figures sur mon écran et que je peine à m’adresser à eux.

Mais j’aurais mauvaise grâce à ne pas reconnaître les avantages du système. Il permet même et pour la première fois que se rencontrent ensemble des citoyens des Emirats unis, d’Irak, d’Egypte , de Syrie, d’Arabie saoudite, du Liban, d’autres encore du Proche Orient et… d’Israël! Tous médecins… Pour guérir leurs malades du Codiv 19.

© Jacquot Grunewald

Rabbin, écrivain, journaliste, Jacquot Grunewald vit en Israël depuis 1985.

Jacquot Grunewald, reprenant en 1965 la direction du Bulletin de nos communautés d’Alsace et de Lorraine, en fit l’hebdomadaire d’informations Tribune juive, qu’il dirigera 25 ans durant, jusqu’en 1992.

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