
Israel Defense Forces/HANDOUT / EPA/MAXPPP
Début septembre, le Mossad refusa une fois de plus de suivre les ordres du gouvernement légitimement élu par le peuple. Depuis des décennies, et surtout quand la droite est au pouvoir, les dirigeants de l’armée, du Mossad et du Shabak sont tellement inféodés à l’idéologie de gauche et se sentent si sûrs d’être propriétaires de leur administration qu’ils croient pouvoir passer outre les ordres émis par le pouvoir exécutif.
Le 9 septembre dernier, David Barnea, l’actuel directeur du Mossad, décida de désobéir à l’ordre émanant du Premier ministre B. Netanyahou de participer à l’attaque contre les chefs du Hamas à Doha dans la capitale de l’État terroriste et corrupteur qatari.
À la place du Mossad ce sont étrangement les services de la sécurité intérieure (Shabak) qui participèrent avec Tsahal à la frappe contre les chefs du Hamas à Doha. Le chef du Mossad David Barnea (le même qui n’avait pas vu venir le 7 octobre !) expliqua donc son refus dans une lettre à ses employés : il fallait laisser en vie les chefs du Hamas pour ne pas se mettre à dos le Qatar qui joue prétendument le rôle de « médiateur » entre le Hamas et Israël concernant la douloureuse affaire des otages (bien que l’État terroriste qatari héberge, finance et soutient – avec l’Iran et la Turquie – les terroristes du Hamas).
M. Barnea prit donc le risque insensé de faire potentiellement rater une opération d’envergure stratégique (certains disent qu’elle a d’ailleurs échoué) en décidant de ne pas envoyer des agents du Mossad au sol. (B. Netanyahou et David Barnea jouèrent-ils le rôle du bad cop et du good cop ? Au vu du résultat, je ne le pense pas).
L’attitude du directeur du Mossad releva donc de l’insubordination la plus inacceptable.
Rappelons que le manque total de discipline des chefs des services de renseignement et de l’armée n’est pas nouveau en Israël. À partir de 2010, lorsque B. Netanyahou avait comme ministre de la Défense Ehud Barak, les deux hommes avaient décidé d’attaquer les sites nucléaires iraniens, or le chef du Mossad de l’époque, Meir Dagan, le chef d’état-major de Tsahal, Gabi Ashkenazi, le chef des renseignements militaires, Amos Yadlin, et enfin le chef du Shabak, Avi Diskin, refusèrent tout bonnement de réaliser cette opération qui aurait enfin mis pourtant un frein à l’impérialisme de la République islamique d’Iran et à ses attaques terroristes. En un mot, l’Iran n’aurait pas pu atteindre son niveau d’enrichissement d’uranium qui a précipité la Guerre des 12 jours, et n’aurait pas pu commettre les massacres génocidaires du 7 octobre…
Voilà l’horrible réalité de l’indiscipline criminelle qui existe au plus haut niveau des services secrets et de l’armée en Israël, et ce, depuis des décennies ! Le 7 octobre n’est pas arrivé par hasard puisque, je le rappelle, de nombreux officiers de réserve étaient… en grève dont bon nombre au sein des renseignements militaires.
Quant au Mossad de David Barnea , ce dernier autorisa son personnel à manifester contre le gouvernement Netanyahou pendant l’année 2023 (du moment que ses membres ne se présentaient pas comme employés du service de renseignement).
Mais il y a bien pire que cela puisque le Washington Post et le NY Times révélèrent des documents classifiés des services américains de renseignement expliquant que le Mossad avait même encouragé ses éléments à manifester contre le gouvernement Netanyahou concernant la Réforme judiciaire voulue par le Premier ministre et son gouvernement. Selon le document en question, daté du 1er mars 2023, les responsables du Mossad lancèrent « plusieurs appels explicites à l’action afin de décrier le gouvernement israélien ». L’évaluation des services de renseignement américains ne mentionnait pas les noms des fonctionnaires qui ont encouragé les manifestations. Le FBI enquêta sur cette fuite et de nombreux experts estimèrent que les documents divulgués étaient authentiques. (I24News)
On comprend donc clairement que la politisation à gauche de l’armée, des services de renseignement ainsi que des instances judiciaires israéliennes aura précipité les massacres du 7 octobre en ouvrant un boulevard aux barbares du Hamas et autres mouvements terroristes.
Ajoutons le cas de l’ancien chef du Mossad d’extrême gauche, Tamir Pardo, directeur de cette organisation entre 2011 et 2016. Ce dernier n’hésita pas lui aussi à s’opposer en 2011 à un ordre de Benyamin Netanyahou (une fois de plus) de frapper l’Iran. Pardo se glorifia en 2018 d’être aller vérifier « si légalement le Premier ministre avait le droit de donner un tel ordre qui entraînerait une guerre » (je rappelle que le Premier ministre en Israël est – comme dans toute démocratie digne de ce nom – le supérieur hiérarchique des chefs des services secrets et de l’armée). Le même Pardo déclara un mois avant les massacres du 7 octobre qu' »Israël pratiquait une politique d’apartheid vis-à-vis des Palestiniens », reprenant ainsi à son compte la propagande anti-israélienne la plus abjecte. Al Jazeera fit la Une avec les déclarations de l’ancien directeur du Mossad qui ne pouvaient que réjouir au plus haut point l’État terroriste islamiste du Qatar.
Pensez-vous que le 7 octobre aurait pu faire changer d’état d’esprit l’ancien chef du Mossad ? Que nenni ! Lors d’une interview donnée au média The Atlantic et publiée le 5 juin 2025, Pardo qualifiait tout bonnement la guerre à Gaza d' »inutile », insistant étrangement sur le fait que cette opinion ne faisait pas de lui un « gauchiste » ; ouf ! Nous sommes rassurés !
Et puis, il y a l’actuel chef d’état-major de Tsahal, le général Eyal Zamir, qui osa parler aux médias en s’autorisant de proposer un plan alternatif à celui du gouvernement concernant la suite de la guerre à Gaza! Le 1er septembre dernier le Premier ministre Netanyahou demanda publiquement au chef d’état-major de cesser de « faire des briefings aux médias », ajoutant, à juste titre que ces déclarations publiques « sapaient l’unité et le moral et n’étaient pas démocratiques ».
Le 7 août dernier, le chef d’état-major fit déjà montre d’insubordination en exprimant publiquement son désaccord avec le Premier ministre concernant la volonté de ce dernier « d’occuper Gaza ». Eyal Zamir prétendant alors que « la culture du désaccord est indissociable de l’histoire du peuple d’Israël ; (et qu’elle) faisait partie intégrante de la culture organisationnelle de Tsahal, en interne comme en externe », ajoutant toute honte bue : « Nous continuerons à exprimer nos positions sans crainte, de manière argumentée, indépendante et professionnelle ».
Dans n’importe quel autre pays démocratique ces propos et cette attitude auraient conduit Zamir devant un tribunal militaire après avoir été limogé fissa par le Premier ministre ou le Président. Mais pas en Israël, même en pleine guerre…
De plus, Eyal Zamir mentit effrontément car s’il existe une tradition dans Tsahal de dialoguer entre officiers pour proposer des idées opérationnelles même à des supérieurs, il n’a jamais été question d’oser s’opposer au pouvoir politique ! J’en veux pour preuve les propos de l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, le légendaire Raful Eitan, qui raconta dans ses mémoires intitulées A soldier’s Story : « Juste après la réélection du Likoud en juin 1981, le Premier ministre Begin nomma Ariel « Arik » Sharon pour le poste de ministre de la Défense. Begin avait été hésitant pour le nommer à ce poste et m’avait souvent demandé ce que je pensais de l’arrivée de Sharon au poste de ministre de la Défense. J’avais toujours refusé de me prononcer car en tant que Chef d’état-major mon opinion en cette matière était sans intérêt. C’est la fonction du Premier ministre de décider quels seront les ministres choisis, et ma tache est de servir le gouvernement ».

L’armée n’a qu’un seul devoir en démocratie : fermer sa bouche et obéir ! Raful Eitan, qui était autant loué par Menahem Begin que par Itzhak Rabin, doit se retourner dans sa tombe !
J’avais rencontré il y plusieurs années un ancien haut responsable de Tsahal qui fut justement un ami de Raful Eitan avec qui il partait même en vacances. Il me dit amèrement qu’il manquait dans les échelons supérieurs de l’armée aujourd’hui le sens de la discipline.
La politisation gauchisante des responsables de Tsahal et des services secrets, leur trahison vis-à-vis du peuple israélien, ont mené, j’en suis persuadé, à la catastrophe de dimension biblique du 7 octobre. Il est temps que les pouvoirs législatifs et exécutifs reprennent la main sur des hommes dont l’hubris et la volonté d’imposer leur idéologie n’ont plus de limites.
© Frédéric Sroussi

Quand l’armée ferme sa bouche et obéit, elle devient chair à canon. Israël a une longue tradition d’excellence dans les forces spéciales. L’auteur cite un échange qu’il a eu avec un officier supérieur, je connais moi aussi un officier supérieur (colonel) des forces spéciales, qui n’a rien d’un gauchiste. La gestion du gouvernement actuel est catastrophique, Il y a une vidéo en hébreu d’un ancien du shin Bet Qui explique qu’il s’était opposé catégoriquement à la libération de Sinwar, mais Le politique ne l’a pas écouté. On connaît les conséquences.
Alors reprocher à l’armée le 7 octobre me semble indécent, Surtout dans un moment où le politique fait tout pour retarder une enquête approfondie sur les causes du 7 octobre.
C’est un point de vue, genre il y a un « Deep State » en Israel qui détruit tous les efforts vertueux. C’est l’effet stéréo avec la gauche israelienne qui hurle à la dictature. Ca promet pour l’avenir d’Israel en tant que société démocratique.
Il y a surtout deux choses qui me gênent dans ce brûlot anti Tsahal.
1) ‘Le chef du Mossad David Barnea (le même qui n’avait pas vu venir le 7 octobre’
j’ai toujours cru que c’était le Aman et le Shinbet qui étaient en charge du renseignement à Gaza et dans les territoires. Le Mossad c’est plutôt le renseignement extérieur et des opérations pro-actives, non?
2) « Mais il y a bien pire que cela puisque le Washington Post et le NY Times révélèrent »
ah ok ok (voix de Jean Pierre Papin, on évitera Cantona quoiqu’entre le NYT et ce sinistre sbire il n’y ait pas vraiment de différence).
Pour le reste, ok pour Tamir Pardo qui est presqu’un cas d’école. Je doute fort qu’Eyal Zamir soit un gauchiste et c’est son rôle de proposer des plans alternatifs, ne serait-ce que pour protéger ses soldats au mieux. Ce qui est regrettable dans toutes ces affaires et polémiques récentes c’est qu’elles aient été étalées sur la place publique. Certains gradés auraient dû se taire, sans doute, mais pour faire bonne mesure Bibi aurait dû envoyer au piquet Ben Gvir le draft dodger, il s’y connait en opérations militaires autant que moi en orthodoxie maronite.
Vous faites montre d’une grande ignorance.Les attaques du 7 octobre ont été décidé avec l’aval et les moyens de la République islamique d’Iran et du Qatar…Et qui est responsable du renseignement concernant ces deux pays ? LE MOSSAD !
Frédéric Sroussi
Effectivement je lis tellement peu, depuis tant d’années, mais merci je découvre grâce à vous que le Hamas était financé par le Qatar, adoubé par l’Iran …et armé via (par?) l’Egypte…tiens votre remarquable commentaire d’une grande pertinence et d’une profondeur analytique sans égal a omis ce « détail ». J’espère que vous serez nommé rapporteur et contrôleur des commissions d’enquête à venir en Israel, comme ça vous expliquerez aux traîtres du Deep State qu’il n’y a aucune différence entre la collecte du renseignement au jour le jour sur le terrain (donc, Aman + Shinbet pour le danger imminent/local) et l’évaluation des projets, intentions et plans des commanditaires extérieurs (donc Mossad pour les dangers potentiels commandités par l’extérieur).
Il y a déjà foule de rapports publiés par Tsahal sur les prémisses, le déroulement du 7/10, kibboutz par kibboutz, on sait aussi que le général Zini (nouveau patron du Shinbet) a remis un rapport plus qu’alarmant en 2022 etc un tableau extrêmement complexe.
Mais devinez qui sait déjà tout sur tout …Frédéric Sroussi of course pffff
Il y a une différence entre insubordination et traitrise.
En temps de guerre, si une action nuit à mon pays c’est la cour martiale et l’exécution.
Chaque acteur de ce mélodrame devra un jour rendre des comptes et Israël devra qualifier les actions délétères de ses propres concitoyens.
Voyez-vous une seule manifestation en Ukraine ou en Russie.
Chaque manifestation fait plus qu’un traitre qui vend des secrets d’état ! Chaque manifestation incite à la désobéissance, au défaitisme et envoie au monde et à nos ennemis une image d’un pays divisé, indécis et faible.
Débat, oui.
Destruction de l »image d’Israël, même avant le 7 octobre, jamais.