Le confort moral contre la vérité tragique: Ce qui nous oppose à Delphine Horvilleur

Nous ne débattons pas avec Delphine Horvilleur d’une nuance ou d’un détail. Nous sommes face à une divergence de fond, qui touche à l’essence même du judaïsme contemporain : est-il une réalité politique, enracinée dans la survie historique d’un peuple menacé, ou bien une voix morale, détachée du réel, offerte à l’admiration universelle ?

1. Un judaïsme politique contre un judaïsme de confort

Pour nous, Israël n’est pas une métaphore : c’est une citadelle fragile, l’unique lieu où les Juifs, après des siècles de persécutions, disposent d’une souveraineté. Défendre Israël est un impératif vital. Delphine Horvilleur, au contraire, incarne un judaïsme français de confort : un judaïsme qui n’a pas besoin d’Israël pour exister, qui se nourrit de reconnaissance culturelle et médiatique, et qui s’adosse à l’universalisme républicain pour être acceptable. Ce judaïsme-là se maintient dans la société française en se présentant comme conscience morale, non comme réalité politique.

2. La tentation de l’universalisme abstrait

Nous savons que ce discours s’inscrit dans une vieille tradition française : le Juif ne doit être toléré qu’à condition de se justifier par l’universel, en renonçant à son particularisme. Horvilleur prolonge ce schéma : Israël n’est légitime qu’à condition d’incarner une supériorité morale. Mais un peuple n’existe pas par la morale : il existe parce qu’il survit.

3. Le piège de la compassion universelle

Delphine Horvilleur veut mettre sur le même plan les victimes israéliennes et palestiniennes, comme si le conflit se réduisait à une tragédie symétrique. Pour nous, c’est un contresens historique : ce qui se joue à Gaza, c’est la confrontation entre un projet génocidaire et la survie d’un peuple. Dissoudre cela dans un langage compassionnel, c’est se rendre complice d’un récit qui nie la singularité d’Israël et banalise la haine qui le vise. La compassion, quand elle devient unique horizon, n’est plus un humanisme : elle est un désarmement.

4. Deux fidélités irréconciliables

Il y a désormais deux judaïsmes : Le nôtre, qui assume le tragique, qui sait que la survie d’Israël prime sur la reconnaissance morale, qui refuse la soumission à l’illusion humanitaire. Le sien, qui préfère être aimé de la gauche intellectuelle que fidèle à l’histoire, qui troque la lucidité contre l’admiration, et qui croit sauver l’âme juive en l’arrachant à son corps politique.

Conclusion : la vérité contre l’illusion

Ce que nous refusons, c’est qu’on admire encore le Juif prophète, compatissant et universel, mais qu’on rejette le Juif souverain, armé, politique, celui d’Israël. Delphine Horvilleur, par son discours, conforte ce vieux désir européen : le Juif acceptable est celui qui parle pour les autres, jamais celui qui se défend lui-même. Or nous savons, et nous l’affirmons : sans Israël, le judaïsme n’est qu’un ornement moral pour salons progressistes. Avec Israël, il redevient une réalité historique, tragique, irréductible. Et c’est précisément ce que beaucoup, en France et ailleurs, ne supportent pas.

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7 Comments

  1. Cette analyse m’a fait penser à la phrase de Golda Meïr : « je préfère les condamnations aux condoléances ». Le 7 octobre 2023 est la triste preuve qu’Israël ne peut se permettre la moindre négligence, la moindre faiblesse, ni le moindre optimisme sur les plans de ses ennemis.

  2. Les juifs de cour façon Horvilleur se réclament d une morale falsifiée, élaborée auprès des tartufes de la bienpensance française, lorsqu’ils nous donnent des leçons de maintien, ces guignols le fond sur les médias viciés d une pseudo république française qui n a plus ni le son ni la couleur d une quelconque démocratie.
    En URSS aussi il existait des vendus qui parlaient doctement au peuple pour diffuser la bonne parole des oppresseurs.
    La gogoche morale veut nous imposer sa soupe infâme qui n est que l expression d une caste privilégiée qui défend son fric

    • Vous avez raison Daniela, Delphine horsvaleur ne mérite pas cette remarquable réponse de Monsieur Charles Rojzman. Elle n’est pas digne de ce débat, sa démarche n’étant pas la recherche de la Vérité et ce qui est juste, mais un opportunisme débridé et une recherche à se faire mousser qui n’assouvit jamais.

  3. votre article fait vivre le débat d’idées et c’est à ce titre que je souhaite y prendre part.
    1) judaïsme politique contre judaïsme de confort.
    je découvre sous votre plume ces deux judaïsme.Ce qui semble établit en revanche est que le judaïsme est une éthique et non pas une politique.Le fondement du sionisme est d’inspiration nationale et non spirituelle.
    2) La tentation de l’universel abstrait.
    la question abordée par Delphine Horvilleur est celle posée depuis les temps bibliques de l’éthique en temps de guerre.
    3)Le piège de l’universalisme.
    Cette réflexion sur l’éthique en temps de guerre n’est pas menée pour obtenir l’approbation du monde non juif mais pour nous même le peuple juif et ses enfants afin de préserver notre humanité et ce qui fait précisément notre fidélité au judaïsme.
    Bien cordialement,
    Michel f. Kahn

    • Michel F. Kahn, la morale juive en temps de guerre et de toute manière la morale juive en général, l’éthique telle que vous l’appelez, vous l’ignorez et elle ne fait pas partie de votre champs de valeurs. Tout simplement parce que cette dichotomie que vous établissez entre le politique et le national d’une part et le spirituel d’autre part , pour en quelque sorte en disqualifier le sionisme comme mouvement juif de libération nationale, ça n’existe pas dans une stricte cohérence juive. Le sionisme, peu ou prou le Retour à Sion, le Rassemblement des éxilés et la rénovation de la souveraineté juive en Eretz Israel, c’est certes national et terre-à-terre (les pieds sur la terre d’Israel). Il n’en reste pas moins que c’est éminemment spirituel dans une stricte cohérence juive hébraique et non pas pour une conscience engoysée plaquant des catégories étrangères de pseudo spiritualité comme vous venez de l’écrire, un écueil que justement le judaisme s’est efforcé à éviter. Le peuple juif qui revient sur sa terre et qui mène les combats contre les forces du mal absolu comme actuellement, chaque Juif, qu’il soit d’Israel ou d’en dehors, n’en est pas dispensé. C’est une mitzva. Et vous non plus n’en étiez pas dispensé quand vous en aviez l’âge si déjà vous invoquez l’éthique juive. Et en temps de guerre comme le dit de façon on ne peut plus claire le Prophète Jérémie, chapitre 48, verset 10) « Maudit soit quiconque exécute avec mauvaise foi l’ouvrage de l’Eternel! Maudit quiconque s’abstient de tremper son épée dans le sang! » C’est cela l’impératif moral, pas bassement politique, de verser le sang de l’ennemi jusqu’à sa dernière goutte. La guerre n’est pas un combat entre individus. C’est un combat entre collectivités, entre peuples, dans notre cas le peuple juif face à l’abomination du djihad et en face, l’envahisseur nazislamiste dit « palestinien » dont toute l’aspiration et passions sont de faire échouer et d’exterminer tout présence juive nationale sur la terre d’Israel. Commencer à tergiverser pour ne pas mener cette guerre avec détermination totale et en dépit de ce qu’en disent les nations toujours promptes à condamner le peuple juif, c’est déjà de la corruption morale et un dévoiement total. En termes populaires juifs, on dit que ce n’est pas « cacher »

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