Donc, encore : encore une affaire de tweets violemment antisémites à Sciences Po, en l’occurrence Sciences Po Lille (datant en fait de l’année dernière mais mise au jour récemment), qui vient après les incessantes manifestations pro-Hamas (« la Palestine de la rivière à la mer ») dans tous les Sciences po de France, après l’accueil par celui de Lille encore, les yeux grand fermés, de cette étudiante gazaouie également twitteuse d’horreurs antisémites et finalement exfiltrée vers le Qatar (mais touche-t-elle toujours sa bourse de l’État français?) : encore et encore et encore. Les Juifs d’hier étaient habitués à ces interminables litanies antisémites : nouvelles technologies de communication mises à part, il n’y aurait donc rien de nouveau sous le soleil ?
Si. Quelque chose de tout à fait nouveau : la source des propos, des actes, des manifestations, des meurtres antisémites, jusqu’au pogrom du 7 octobre, n’est pas la même qu’autrefois. Jean-Luc Mélenchon avait raison : l’antisémitisme est bien « résiduel », mais uniquement l’antisémitisme européen d’extrême-droite d’antan. Celui-ci a fini de remplir sa fonction, celle qui s’est forgée dans le cadre de l’apparition des nations européennes aux XIX et XXe siècles : il permettait à l’antisémite de n’importe quelle nation européenne, c’est-à-dire pas mal de monde, de définir et conforter son appartenance au peuple national d’une manière très simple, en désignant celui qui à ses yeux n’y appartenait pas : le Juif. L’antisémitisme de l’étudiant « salafiste », et brillant, paraît-il, de Sciences Po Lille, est certes de même nature, mais d’une autre origine, non plus européenne mais planétaire : le Sud.
Le Sud global n’est ni un fantasme, ni une notion géopolitique exagérément floue. C’est une réalité en devenir, une réalité plus ressentie que réelle, se construisant en opposition complexe, et pas toujours frontale, surtout de la part des États, à la partie du monde qui l’a un long temps dominée, c’est-à-dire le Nord, l’Occident. En première approximation, le Sud est composé de tout ce qui n’est pas l’Occident. Et il est entré en guerre, une guerre longue, sournoise, sans armée, sans soldat, contre le Nord.
Or il y a un bout d’Occident dans le Sud géographique : Israël.
Aux particularités contingentes et chaotiques du conflit israélo-arabe de ces quatre-vingt dernières années, il faut ajouter cette donnée qui prend de plus en plus d’importance : Israël est devenu le Juif du Sud. Haïr Israël, où que ce soit dans le Sud, c’est se définir facilement comme appartenant au Sud, c’est-à-dire en opposition à l’Occident. Israël, c’est peuplé par des Juifs, et donc, sommairement, tous les Juifs du monde, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le sachent ou non, qu’ils soient solidaires d’Israël ou non, sont aspirés dans cette spirale guerrière Sud-Nord. Et se retrouvent sous la plume enflammée d’un étudiant musulman de Sciences Po Lille. En attendant pire.
Au Nord, deux catégories. Il y a ceux qui, cultivant la haine de soi, veulent se faire pardonner le crime qu’a été à leurs yeux la domination du Sud par le Nord, et militent, passivement ou activement, pour la domination future du Nord par le Sud : ceux-là épousent la haine commode d’Israël de leurs protégés, et, comme eux, l’étendent à tous les Juifs. Et puis il y a ceux qui ne comprennent pas que leur monde est en guerre : ils se sont attachés les mains derrière leur dos avec de magnifiques principes. Et c’est selon ces principes que les propos de l’étudiant salafiste antisémite de Sciences Po Lille ont été jugés. Verdict : une exclusion de deux ans de l’école… avec sursis. Et c’est ainsi que l’étudiant en question est actuellement en stage Sciences Po… en Belgique. Le paradis des salafistes antisémites.
© Julien Brünn
Journaliste. Ancien correspondant de TF1 en Israël.
Dernier ouvrage paru :
L’origine démocratique des génocides. Peuples génocidaires, élites suicidaires. L’harmattan. 2024
Et bien c’est toujours à Science po, une grande université qui a perdu sa grandeur et sa réputation en accueillant des fanatiques Islamiques, gauchisés par la (lfi). J’ai honte pour mon pays, j’aime les juifs pour leurs résistance à la barbarie, vous êtes les seuls à nous protéger en occident.