Emprisonné en Algérie, l’écrivain Boualem Sansal n’a pas reçu la grâce présidentielle d’Abdelmadjid Tebboune

L’option d’une libération de Boualem Sansal à l’occasion du 5 juillet est écartée: les décrets publiés hier vendredi, veille du 63e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, et donnant les catégories de détenus graciés, excluent les prisonniers condamnés pour « atteinte à l’unité nationale ». Boualem Sansal n’aura donc pas bénéficié de la grâce du président algérien. Le seul et dernier scénario possible est celui d’une grâce individuelle, suspendue à une décision présidentielle dont le calendrier reste imprévisible.
Alors que la cour d’appel d’Alger a confirmé mardi 1er juillet la peine de cinq ans de prison ferme à l’encontre de l’écrivain franco-algérien de 80 ans, détenu en Algérie depuis novembre 2024, les différents scénarios possibles s’amenuisent au point qu’il n’en reste plus qu’un seul : celui d’une grâce présidentielle décrétée pour raison médicale au moment où le président algérien, maître des horloges à son tour, décidera de le faire, sans donner l’impression de céder à Paris comme aurait pu le sous-entendre une grâce le 5 juillet.
Une telle mesure en dehors des « dates officielles » ne serait en effet pas inédite, plusieurs figures de l’opposition ou de la société civile ayant déjà vu leur sort réglé ainsi: en décembre 2024, une autre vague de grâces présidentielles n’avait-elle pas concerné 2 471 détenus, graciés à la faveur d’un « décret spécial d’apaisement ».
En n’ayant pas introduit de pourvoi en cassation, Boualem Sansal laisse sa condamnation devenir définitive, condition nécessaire pour bénéficier d’une mesure de grâce. Cette stratégie débouchera-t-elle sur un dénouement politique…
À Alger, plusieurs médias algériens, tels « Le Soir d’Algérie » qui en fit sa Une, ont dénoncé la « fixation sur Sansal »: Rappelant que plus de 1700 Français sont actuellement détenus à l’étranger, « Le Soir d’Algérie » ajoute: « Pourtant, il n’y en a qu’un qui semble intéresser le gouvernement français : Boualem Sansal ».
En France, les prises de parole individuelles inondent les RS.
»Pour la fête de l’indépendance, le président algérien a gracié aujourd’hui 6797 condamnés. Sont exclus les crimes de terrorisme, d’homicide, de viol, de traite d’êtres humains – et de liberté de pensée : c’est pour cette dernière et seule raison que Boualem Sansal reste donc en prison. Quelle doit être la faiblesse d’un régime pour qu’une simple parole critique vale à un écrivain âgé et malade d’être enfermé comme une menace insurmontable ? À la France d’être enfin forte pour défendre celui qui est plus que jamais l’un des siens… De tout cœur ce soir avec Boualem Sansal et sa famille », écrit François-Xavier Bellamy, auquel Stéphane Rozès emboite le pas: « Boualem Sansal reste otage du régime algérienne. Emmanuel Macron et l’Union européenne doivent agir. Le grand écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer, n’est pas gracié et demeure emprisonné pour délit d’opinion dans les geôles du régime algérien. Un pouvoir qui bafoue la liberté d’expression, la justice et la dignité humaine ne comprend que le rapport de force. Le président Macron doit désormais passer aux actes, faute de quoi la France discrédite sa parole et les valeurs qu’elle prétend défendre. L’Union européenne, pour sa part, ne peut continuer à se taire. Elle doit suivre la résolution très largement adoptée par le Parlement européen en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal. On ne peut prétendre peser dans les affaires du monde sans être d’abord à la hauteur de la défense des principes démocratiques et humanistes chez soi ».
« En refusant d’accorder sa grâce à Boualem Sansal, dont le seul tort est d’avoir exprimé librement ses idées dans un pays où la pensée indépendante est criminalisée, le président algérien Tebboune a planté le dernier clou dans le cercueil de la relation avec la France. Cette décision est un affront. Un affront à la liberté d’expression. Un affront à la culture francophone. Un affront à la France, qui avait officiellement demandé un geste humanitaire. Mais plus grave encore, c’est la passivité de nos autorités qui choque. Une fois de plus, la diplomatie française s’est agenouillée, quémandant la pitié, sans oser hausser le ton face à un régime autoritaire qui méprise nos valeurs et nos appels. Devenu otage de la rente mémorielle à Alger, lâchement abandonné par Paris, Boualem Sansal incarne aujourd’hui le courage, la dignité, la fidélité aux idéaux de liberté que la France devrait défendre. En politique intérieure comme en diplomatie, il est temps que notre pays cesse de se coucher devant ceux qui l’humilient », écrit pour sa part Marion Maréchal Le Pen.
C’est l’échec total de la diplomatie française dirigée par des incompétents, (Barrot, Bayrou, Macron, et tous les autres interlocuteurs).C’est la faiblesse, la lâcheté et la soumission envers la dictature algérienne. La politique étrangère de la France est un naufrage, beaucoup de pays détestent la France, et en particulier, l’Algérie et le pouvoir algérien. C’est une honte de laisser cet écrivain courageux, Boualem Sansal, un homme âgé, malade, condamné parce qu’il défend les valeurs humaines, la lutte contre l’islamisme, un défenseur de la langue française. La France n’est plus respectée, elle est humiliée.
Boualem Sansal restera en prison. Gouvernement français n’a rien fait, rien tenté ,il s’est couché.