
En démocratie, il y a des désaccords. Parfois même des conflits d’idées, de visions, de modèles. C’est la vie normale d’un régime pluraliste. Mais depuis quelque temps, quelque chose a changé en France. L’opposition intellectuelle ou politique n’est plus simplement combattue par le débat ou l’argument. Elle est, de plus en plus souvent, contournée, étouffée, frappée par des sanctions invisibles, administratives, bancaires, sociales.
Le journaliste Éric Tegner, fondateur du média Frontières, vient d’en faire le témoignage. Interdiction de compte bancaire personnel dans les grandes banques. Refus de prêt, même modeste. Blocages pour louer des locaux, malgré des dossiers solides. Il décrit une forme de mur invisible, dressé autour de lui — non pas par la loi ou la justice, mais par un écosystème idéologique et bureaucratique. Un « warning » se déclencherait désormais à chaque fois qu’il entreprend quelque chose.
Ce n’est pas un cas isolé. Ce n’est pas non plus une plainte de confort. C’est le retour d’une logique de bannissement idéologique, comme on en a connu dans d’autres époques, sous d’autres régimes. On ne met pas en prison. On ne censure pas ouvertement. Mais on empêche de vivre, de louer, de travailler, d’emprunter, de se développer.
Ce qui se joue ici dépasse le cas d’un homme ou d’un média. Il s’agit d’une mutation grave du débat public français. On ne contredit plus, on étrangle silencieusement. Et ce bannissement s’exerce au nom de quoi ? De la morale ? De la lutte contre la « haine » ? Ou d’un conformisme idéologique devenu hégémonique, où toute remise en cause de la politique migratoire, de l’ordre économique global ou de certains dogmes post-nationaux devient suspecte par nature ?
Dans un État de droit, il devrait y avoir des garde-fous contre ce type de glissements. Or les politiques à qui Éric Tegner s’est adressé, dit-il, sont démunis. Ils ne savent rien, ne peuvent rien, n’osent rien. Parce que ces pratiques sont diffuses, technocratiques, pilotées par des institutions sans visage, parfois à la frontière du privé et du public.
Faut-il rappeler que M. Tegner a créé des emplois, payé ses impôts, bâti un projet entrepreneurial légal ? Peut-on réellement, en 2025, interdire de vivre à quelqu’un sans autre raison que ses prises de position — pourtant légales, publiées, exposées au débat contradictoire ?
Il faut le dire calmement mais fermement : on ne peut pas défendre la liberté en France en acceptant que certains en soient privés parce qu’ils ne pensent pas comme il faut. La liberté, ce n’est pas le confort de ceux qui pensent juste. C’est le droit de dire ce qui dérange, dans le cadre de la loi, sans être puni dans sa vie personnelle.
On peut ne pas être d’accord avec Éric Tegner. On peut même critiquer son ton, son média, ses choix éditoriaux. Mais refuser qu’il puisse exister économiquement et socialement est indigne d’une République digne de ce nom.
Aujourd’hui, il est visé. Demain, ce sera peut-être quelqu’un d’autre. À force de faire du soupçon une méthode de gouvernement et du fichage idéologique une règle de gestion, nous risquons de tuer ce qu’il reste d’un vrai pluralisme français.
Et il n’est pas trop tard pour le rappeler : la liberté, ce n’est pas un luxe pour les bien-pensants. C’est la condition de la vérité, du débat et, au fond, de la paix civile.
© David Duquesne
Plusieurs personnes influentes et ayant critiqué Macron ont récemment été « suicidées » dans des circonstances pour le moins douteuses. D’autres ont été arrêtées de manière totalement arbitraire (et ensuite relâchées, mais tout de même). De nombreux autres régimes politiques éliminent des opposants politiques mais sans pour autant être d’une nature aussi abominable que la France islamiste, indigéniste et européiste. « La dictature parfaite serait une dictature ayant les apparences de la démocratie » Cette citation apocryphe attribuée (de manière abusive mais peu importe) à Aldous Huxley est l’une des plus profondes jamais écrites : la dictature parfaite, comme celle régnant en Europe de l’ouest; n’a presque aucune révolte à craindre puisqu’elle s’est autoproclamée démocratique et progressiste. Elle n’a pas besoin de se maintenir par la force : l’embrigadement 24 h sur 24, la lobotomie de masse, l’inversion des valeurs et la novlangue sont des outils bien plus efficaces.