Les fabricateurs de haine, par Raphaël Jerusalmy


« Combien de fois dois-je écouter les balivernes des ex-ceci et ex-cela ? Toutefois, ce qui me turlupine le plus, c’est la quantité de fiel que cette bande de nuls déverse sur Israël et le peuple juif »

Ils portent veste et cravate ou bien un tee-shirt vintage troué, elles portent un tailleur ou un chemisier brodé à l’orientale. Ils et elles se pavanent sur des plateaux lors de panels télévisés, se présentant comme experts, spécialistes, consultants. Ils et elles s’expriment à tour de rôle, tels des écoliers sages, pour réciter le petit laïus qu’ils ont préparé avec ChatGPT puis répété devant le miroir de la maquilleuse, juste avant d’entrer en studio. Ils et elles ont pour fonction de remplir les blancs entre les reportages et les pubs. Ils et elles sont supposés vous informer, vous éclairer, vous faire comprendre les derniers développements de l’actualité. Certains le font. Ils sont un infime minorité. Les autres, c’est du cirque.

Ces gens-là, je les fréquente depuis des années passées à expliquer et défendre la position d’Israël. Depuis l’offensive de Tsahal et du Mossad contre le régime des mollahs et des Gardiens de la révolution, je me frotte à eux matin et soir. Leur niveau intellectuel n’a jamais été aussi médiocre, leurs sources et références aussi douteuses, leurs analyses aussi obsolètes. Ils n’ont, pour la plupart, pas changé de ritournelle depuis vingt ans ou plus, comme l’a montré ma récente altercation avec monsieur Hubert Védrine, sorti des oubliettes de l’histoire pour l’occasion. En échangeant avec lui, j’ai eu la nette impression de voyager dans le temps et d’atterrir dans la France gaulliste des embargos et autre « peuple dominateur ». Il faut dire qu’ils n’ont pas dépoussiéré le quai d’Orsay depuis Daladier. Ne parlons pas de mes fructueux et constructifs dialogues avec les furies de la propagande qatari et autres idiots utiles.

Que ces intervenants disent des insanités à longueur d’émission ne m’importune que modérément. Je trouve juste dommage pour la chaîne qui les reçoit d’abaisser le niveau du débat à ce point. Et dommage pour moi de gaspiller un précieux temps d’antenne à contrecarrer des insultes et des mensonges, plutôt que d’offrir au public un compte-rendu avisé de la situation. Combien de fois dois-je écouter les balivernes des ex-perts, ex-ceci et ex-cela, tandis que les missiles pleuvent au-dessus de ma tête ? Toutefois, ce qui me turlupine le plus, c’est la quantité de fiel que cette bande de nuls déverse sur Israël et le peuple juif. Le venin jaillit de leurs propos telles les flammes de la gueule d’un dragon. Ensemble, sur toutes les ondes, ils constituent aujourd’hui une véritable industrie de la haine.

Ils sont pires que les gugusses des manifs de rue et leur pitoyable folklore de keffiehs achetés aux Puces. Ils sont plus rongés encore que les « islamopithèques » par le dépit de soi et la haine antisémite qui en découle. C’est parce que leur dépit à eux est celui d’un passé qui les gêne : celui du colonialisme, celui de la collaboration, celui des guerres d’Indochine et d’Algérie. Celui de la pleutrerie qui abandonne aujourd’hui Boualem Sansal à son sort. Sans compter que l’avancée spectaculaire de Tsahal et les coups d’éclat du Mossad les mortifient au plus haut point. Ils sont envieux, comme on l’a vu au Bourget. Et ça les rend grincheux. Je m’étonne cependant de tant de platitude, de banalité, d’obséquiosité, dans les rangs des antisémites médiatisés. Qu’ils soient des vedettes, des intellos, des artistes, des profs de fac, ils nous chantent tous la même ritournelle de génocide, d’apartheid, de colons, de rivière à la mer. Difficile de prendre au sérieux ces fabricateurs de haine. N’y a-t-il donc pas d’antisémites brillants, spirituels, éloquents ? Pas de Léon Bloy, de Barrès qui, à défaut de génie, aient au moins un peu d’allure ?  

Auprès de ces éminents spécialistes, j’ai tout appris que le droit international avait pour tache de protéger les tyrans, et non les démocraties que ces tyrans menacent ouvertement de détruire. J’ai appris que faire tomber un régime totalitaire est trop risqué. A ce titre, il n’y aurait jamais eu de chute de l’URSS, de printemps de Prague et, pour tout dire, de Révolution française. Assez des cours d’histoire et des comparaisons à deux sous avec l’Ukraine ou la Libye. Israël est un cas à part, unique. Il est le seul peuple dont l’histoire n’a pas eu raison.

Je salue donc les journalistes qui, par conscience professionnelle et amour de leur métier, tiennent encore le coup face à la déferlante actuelle de bêtise et de haine qui s’abat sur nos écrans. Je tiens à rendre hommage aux panélistes qui préservent leur intégrité intellectuelle et morale face à des intervenants de plus en plus racistes et minables. Et enfin, je remercie du fond du cœur, toutes celles et ceux qui, dans les coulisses, les régies, les postes de production, de rédaction, les couloirs, me gratifient d’un bref « bon courage », d’un simple « faites attention à vous », entre deux émissions, entre deux alertes. Leurs paroles sont de petites étoiles qui scintillent au milieu de tant d’obscurité. Et me rendent tout bonnement ma foi en l’homme et en l’avenir.

© Raphaël Jérusalmy

Ancien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d' »Evacuation » chez Acte Sud, Analyste politique et Chroniqueur sur i24News, Raphaël Jérusalmy a écrit avec Mohamed SIFAOUI « Tribunes de guerre », essai consacré à la tragédie du 7 octobre et à ses conséquences.

Paru le 20 juin 2025. Éditions David Reinharc

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1 Comment

  1. Raphael, un peu de reconnaissance, je vous en prie

    Cher Raphael Jérusalmy, dans votre dernier article publié par nos amis de Tribune juive, quel plaisir de vous voir dénoncer en des termes aussi colorés les guignols des plateaux TV. Encore plus jouissif que vous ayez croisé le fer avec Hubert Védrine. J’aimerais tant vraiment voir le lien de cette joute. J’espère que le Védrine, comme disent les jeunes, vous l’avez « éclaté ». Et je vous en suis gré et vous en félicite de tout mon cœur.

    On souhaiterait tant que vous soyez sollicité plus souvent pour ces débats TV et que vous leur lanciez au visage leurs quatre vérités comme vous le faites si bien dans cet article.

    Or cher Raphael, il y a un hic, pendant de longs mois vous avez fait exactement comme eux, non pas à l’encontre de l’Etat d’Israël, mais à l’encontre du Gouvernement d’Israël et de celui qui le dirige, M. Netanyahou. C’était pratiquement systématique chez vous, comment vous les avez conspués que ce soit sur i24news où vous souhaitiez/prédisiez que Netanyahou ne ferait pas long feu et que son gouvernement de droite avec lui, même bien avant le 07/10 et après aussi.

    Au cours de l’année 2023, lors de la présentation de votre livre au Bnei Brit en Suisse, un ami présent choqué m’a fait part par la suite comment lors de cette rencontre vous avez cassé du sucre sur le dos de ce Gouvernement et de celui qui le dirige.

    C’est ce même Gouvernement Netanyahou qui a sur prendre la grave et dramatique décision sans précédent dans l’Histoire d’Israël – décision dont vous vous félicitez aujourd’hui. Vous ne mentionnez pas ce Gouvernement, ni dans cet article ni dans aucune de vos interventions ces derniers jours. Ce démantèlement du dispositif exterminateur iranien se serait fait tout seul? Tsahal et le mossad auraient pris l’initiative Deus ex nihilo, sans qu’un Gouvernement n’en n’y consacre d’interminables concertations avec l’Administration Trump et d’interminables réunions pour peser le pour et le contre???!!!

    Doit-on vous souffler les noms de ces preneurs de décision du Cabinet gouvernemental restreint ? Même si politiquement, vous le affectionnez pas, ne pouvez-vous pas exprimer votre gratitude en les citant nommément : le Premier ministre Binyamin Netanyahou, le ministre de la Défense Israël Katz, le ministre de la sécurité interne Itamar Ben Gvir, le ministre des finances Betsalel Smoutritch, le dirigeant du parti Shass Arieh Derhi, le ministre des affaires étrangères Gidon Saar, le ministre du Logement Grosskopf?! Ce serait tout à votre honneur que de le faire.

    Aujourd’hui cher Raphael, vous vous réjouissez avec nous tous de ce qui a été réalisé de façon extraordinaire contre le programme nucléaire iranien. Or non seulement vous n’en rendez pas hommage à l’architecte de cette offensive sur l’Iran, le Premier ministre Netanyahou, mais c’est à peine si vous mentionnez son nom en lien avec ce chapitre unique et inouï de l’Histoire d’Israël. Quant à son gouvernement, il est transparent pour vous.

    Ce serait comme raconter la Sortie d’Egypte en occultant Moshé Rabbénou ou la Conquête d’Eretz Israël sans mentionner Yéhoshoua Bin Noun ou la Déclaration d’Indépendance le 14 mai 1948 sans même faire référence à David Ben Gourion.

    En juillet 1976, immédiatement avec la libération des otages d’Entebbé, le Chef de l’Opposition Menahem Rabin rendait un vibrant hommage à son rival, le Premier ministre Itzhak Rabin. Ceci alors que 28 ans auparavant en juin 1948, Rabin commandait le détachement de la Hagana qui avait tiré sur Begin et sur l’Altalena et qui avait fait tuer 16 militants du Betar, des volontaires pour la Guerre d’Indépendance. Et dans le sillage de Begin, tout le peuple d’Israël quels que soient les clivages ainsi que tout le peuple juif en exil rendaient hommage au Premier ministre Rabin et le portaient aux nues après Entebbé.

    A quand une grandeur d’âme comme le mefaked du Bétar, premier dirigeant du Likoud et Premier ministre Begin, noblesse juive oblige?!

    D’autre part, il y a quelques mois, sur la question des otages, le ministre de la sécurité interne prônant la fin de l’aide humanitaire et la pression militaire maximale pour faire céder le hamas à les libérer, Raphael vous avez affirmé sur Radio J que Ben Gvir était indifférent au sort de ces malheureux et qu’il avait totalement oublié les valeurs juives. Quel mauvais procès !

    Si déjà on se réfère aux valeurs juives, l’une d’entre elles consiste à ne pas prêter de mauvaise intention à autrui s’il n’a pas la même opinion que vous sur un problème spécifique. En l’occurrence la question des otages.

    Si, comme beaucoup en Israël dont des familles d’otages toujours en captivité, on estime qu’il ne faut pas céder au hamas pour les faire libérer – comme lors des prises d’otages des années 70 où les gouvernements de la gauche sioniste à cette époque (Munich, Ma’alot, Hotel Savoy, Entebbé, etc.) n’ont jamais cédé aux chantages des terroristes, cela ne signifie aucunement que les valeurs juives sont oubliées, bien au contraire. Mais c’est déjà un autre débat.

    Shabbat shalom cher Raphael Jérusalmy
    Meïr Ben Hayoun, représentant francophone du parti Otzma yehoudit.

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