
Les siècles commencent comme ils peuvent et surtout quand ils peuvent. Le vingtième siècle n’a pas commencé en 1900 mais en 1918. La victoire des alliés contre l’Allemagne dessine les traits de son visage : disparition des empires austro-hongrois et ottomans, mainmise des vainqueurs sur le Moyen Orient, bolchevisation de la Russie, montée en puissance des États-Unis, revanchardisme allemand… ainsi débute une ère qui nous léguera les totalitarismes nazi et communistes, puis une autre guerre mondiale où seront commis les crimes de masses les plus abominables en même temps que sera créée l’arme la plus terrifiante, la bombe atomique. Sans oublier, dans cet effroyable catalogue, l’idée de guerre asymétrique dont les Werefolf (loups-garous) de Skorzeny -le SS préféré d’Hitler- sera le promoteur quand, à la fin de la guerre, il essayait de semer la terreur derrière les lignes américaines. Des techniques de combat qu’il ira ensuite dans les années cinquante enseigner aux premier feddayins, en Égypte.
Entre antisémites nazi et antisionistes virulents, on s’est toujours rapidement compris.
Mais le siècle, lui, quand commence-t-il vraiment ? Le 11 septembre 2001 ? Non. Pour spectaculaire que soit le coup de théâtre qui frappe les Twins Towers, il ne vient que parachever avec le maximum d’impact -destructif et médiatique- une procédure qui depuis la sanglante prise d’otage des Jeux Olympiques de Munich par le groupe Septembre noir en septembre 1972 a toujours fait les choux gras du terrorisme « palestinien » puis islamo-fondamentaliste, lui-même virulemment « pro-palestinien », notamment sous les oripeaux du Hamas, du Hezbollah, des Houtis, et j’en oublie… J’enlèverai les guillemets à « palestinien » le jour où je comprendrai à quoi correspond l’idée et le projet de peuple palestinien, au-delà de tuer tous les juifs afin de recréer, au lieu et place d’Israël, une terre d’islam judenrein. Mais laissons cela.
Ce qui est sûr c’est qu’en 1972 le « terrorist horror show » trouve à la fois son principe et son illustration sous une forme terriblement efficace. Ce principe est simple : couplons l’horreur et les médias ; nous parviendrons ainsi, quoique peu nombreux, mais par la simple horreur des actes que nous commettons, à terroriser le plus grand nombre d’infidèles possible sur toute la surface de la planète et donc à nous faire reconnaitre, en devenant les stars de l’horreur. Ce « terr-horrorisme » nous a offert, jusqu’au 7 octobre 2023 en Israël, le spectacle de ses abominations d’autant plus impactantes qu’elles étaient insoutenables à regarder. Un tel marketing par l’horreur -médiatisée sous forme télévisuelle d’abord, puis via les réseaux sociaux- a permis l’émergence de « marques » qui ont su se rendre inoubliables : Al Qaida, Daech, le Hamas, pour ne citer que les plus visibles. On doit à cette dernière organisation d’avoir poussé l’horror show au maximum puisque les tueurs eux-mêmes filmaient à la GoPro leurs viols, éventrements, démembrements, au Nova Festival comme dans les kibboutz frontaliers.
Nous trimbalions, depuis les années soixante du vingtième siècle, la sourde crainte d’une guerre nucléaire qui pourrait tous nous faire disparaître pour peu qu’un incident de type Folamour vienne dérégler le M.A.D. (Mutual assured destruction) sous lequel nous vivions.
À cette terreur mondiale inscrite au plus profond de chacun, -car nous sommes devenus planétairement tous redevables d’un « équilibre de la terreur » qui nous met perpétuellement en sursis-, s’ajoute une nouvelle peur qu’on pourrait qualifier de « déséquilibre du terrorisme ». Cette peur est également mondiale car les illuminés de l’Oumma ne se connaissent pas de frontières, et on bien vu qu’ils pouvaient frapper aussi bien en Inde qu’à Paris, New York, Madrid… pour ne rien dire des pays musulmans.
– « Si un instrument seul –une bombe à hydrogène seule– est en mesure de décider de l’être ou du non-être de millions d’hommes, ceux qui ont cet instrument entre les mains disposent d’une quantité de puissance qui, d’un geste terroriste, fait de la majorité de l’humanité une quantité négligeable* et du mot de « démocratie » un simple flatus vocis », écrit Gunther Anders dans le “ Temps de la Fin “ en 1981.
Nous sommes au bord de ce terrorisme illimité que décrit Anders. Et aussi dans celui des « flatus vocis », des « mots bruit de bouche », des mots vides de sens, des slogans crétins ( From the river to the sea) et des prises de positions où l’on sent la moiteur de la trouille : on l’a vu dans les atermoiements européens face à Poutine ( maman il va nous coller une bombe atomique !) comme on le voit dans l’unanime pleurniche à la fois agressive et victimaire sur les pauvres palestiniens -dont par ailleurs tout le monde se fout, à commencer par les pays arabes à continuer par le hamas qui les prend en otage dans la bande de Gaza- pleurnicheries haineuses et anti-juives, largement entretenues par les séides du frérisme musulman et les éléments pro-iraniens qui font un vacarme suffisamment entrainant pour que tour le monde oublie que pendant ce temps l’Iran se donne les moyens nucléaires et balistiques de frapper où il veut.
Voilà les cadeaux que nous a faits le 20 siècle. Ce ne sont pas les seuls, mais ce sont les plus néfastes. Ils pourrissent dans la tête apeurée de tous ceux qui dans cet Occident clément ont eu le loisir de transformer en lâcheté leurs libertés trop facilement acquises.
Qu’on ne s’étonne pas dès lors des rituels de cafés du commerce -où, sur les chaines d’infos les militaires en retraite conversent sans fin avec les experts de que dalle et les journalistes de bar d’hôtels- d’entendre sans fin la même antienne depuis qu’Israël et les États-Unis ont pris l’initiative d’en finir avec la plus redoutable convergence qui se puisse imaginer : celle du terrorisme islamiste et de la terreur nucléaire :
-« La guerre d’accord maizenfin dans quel but ? »
Je prie Pierre Servent, pour lequel j’ai le plus profond respect, de me pardonner cette saillie par avance et répondrai que le premier but d’une guerre est de la gagner -au risque toujours de la perdre- et dans le cas de celle-ci, le gain de ne se situe pas dans les perspectives qu’elle ouvre mais dans celles qu’elle ferme.
À savoir l’émergence de la double terreur absolue -inhibitrice de tout avenir possible- qui résulterait de la convergence dans le même pouvoir démentiel des armes de la terreur et de l’arme nucléaire.
Cette porte s’est fermée dans la nuit du 21 juin 2025 à 3h 30 du matin, heure de mon insomnie locale. Quand le soleil s’est levé et que je me suis dit : C’est le premier jour du 21e siècle.
© Thomas Stern

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