La boule à facettes disco qui se prenait pour le Trump français. Par Liliane Messika

La boule à facettes comme métaphore

Les boules à facettes sont des ballons recouverts d’une mosaïque de mini-miroirs en plastique. Cette coquetterie visuelle les distingue de leurs homologues simples, qui se contentent de tournoyer au bout d’une ficelle : on regarde les ballons rouges, alors que pour les boules disco, le spectacle se résume aux éclairages qu’elles reflètent. 

Les boules disco sont une métaphore cruelle, mais pertinente, de l’existence d’une certaine classe politique vouée au paraître et à l’erreur perpétuelle.

Métaphore tournante

Monsieur Toulemonde croit que la vie d’un politicien est un long fleuve tranquille, sur lequel des péniches languides gondolent sous le poids des fastes de la république.

Monsieur Toulemonde (comme sa femme et le p’tit prince, d’ailleurs) se trompe lourdement.

Quand les urnes délivrent enfin un verdict favorable, alors seulement commence la lourde tâche : il ne s’agit pas de prévoir, de gouverner, de peser le pour du bien commun contre l’intérêt particulier, mais de durer. C’est la fin pour laquelle tous les moyens sont bons.

Tous les candidats ne sont pas coureurs de fond et nombre de sprinters s’épuisent sur une distance qui demande plus de tête que de jambes. Beaucoup d’appelés, peu d’élus cortiqués.

Irruption du réel

Quand aujourd’hui est un lendemain contraire aux oracles des mânes de Trotski, les Cassandre révolutionnaires doivent se renouveler dans l’urgence.

Prenons l’exemple d’un politocard dont la chaise à porteur, bon an mal an, allait son train de sénateur sur le large boulevard de l’antisémitisme menant aux lendemains qui chantent l’Internationale. 

Il se trouva fort dépourvu quand fut venue la victoire du David israélien, allié au Grand Satan, contre le Goliath mollahcrate, qui était cul-et-djellaba avec son frère bolivarien.

Le voilà privé de sa claque brun-vert antisionisto-palestiniste, de son public rouge vertueux, de ses alliés Khmer verts et en butte au ridicule-qui-ne-tue-plus, mais qui fait mal à l’ego. Or d’ego, Politocard avait pléthore.

Sur quel élément de langage appuyer sa communication, maintenant que toutes ses prévisions avaient été démenties par les faits et que les Français rechignaient de moins en moins à accréditer le réel ?

Politocard ordonna à ses soumis de lui trouver un angle d’attaque imparable dans la demi-heure, faute de quoi… Inutile de préciser : la meute des esclaves savait que la réalité dépasserait les sévices déjà endurés sous ses yeux par d’autres renégats.

Les fourmis se plongèrent dans la contemplation des replays du Lider Malissimo… Enfin, un petit malin cocoricota : « Euréka ! La créolisation ! »

  • Déjà fait ! Mettez-moi ce crétin aux fers ! 200 coups de fouets et du sel sur les plaies !
  • Non, grand Mamamouchi, pitié ! La première fois, vous parliez de la population, DES Français. Aujourd’hui, vous allez grand-remplacer la langue : LE français !

C’est ainsi que, le 24 juin 2025, Politocard Mineur obtint un entrefilet au milieu des Trumpettes de la renommée, grâce à la conjugaison d’un précédent élément de langage : « la créolisation rend possible la Nouvelle-France ».

© Liliane Messika

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