Journal d’un Syrien parti à la rencontre d’Israël. « La lâcheté occidentale, épisode iranien ». Par Faraj Alexandre Rifai

La lâcheté occidentale, épisode iranien

Faut-il vraiment craindre la chute des mollahs ? L’aveuglement coupable de l’Occident se répète

Par Faraj Alexandre Rifai

En 2011, la révolution syrienne éclatait dans l’espoir, la dignité, la jeunesse.
Et l’Occident l’a abandonnée.
Aujourd’hui, alors que le peuple iranien lutte à nouveau contre un régime théocratique brutal, les mêmes discours refont surface en Occident et en France particulièrement : prudence, stabilité, peur du chaos.
À force de craindre la suite, on finit toujours par protéger ceux qui écrasent le présent.

Le précédent syrien : l’abandon d’une révolution

Il faut rappeler l’essentiel : en 2011, en Syrie, l’insurrection n’a pas commencé par l’islamisme. Elle est née dans la société civile : jeunes diplômés, enseignants, médecins, activistes, femmes.
Mais dès les premiers mois, Bachar el-Assad — soutenu par l’Iran — a joué une carte cynique : faire des djihadistes l’unique visage de la révolte, et donc, en faire un épouvantail pour dissuader l’Occident d’aider cette révolte.
Il a ouvert les prisons, libéré des islamistes, et brandi la menace d’Al-Qaïda pour effrayer l’Occident.
Et cela a fonctionné.

Plutôt que de soutenir l’opposition modérée, l’Europe et les États-Unis ont cédé à la peur.
Le résultat est connu :
– Daech a pris le contrôle de larges pans du pays.
– L’opposition démocratique a été broyée.
– Et l’Occident, après avoir refusé d’agir, a dû affronter militairement un monstre qu’il avait laissé grandir.

Les hypocrites d’hier sont les complices d’aujourd’hui

Le plus grotesque est survenu bien plus tard.
En décembre 2024, les mêmes chancelleries qui redoutaient « le chaos islamiste » ont accueilli en grande pompe les représentants des ex Al Qaida — ceux-là mêmes dont elles disaient craindre la prise de pouvoir.
Devenus maîtres de Damas, l’Europe les a financés, invités, encensés. Ils seraient pour cet Occident devenus des « modérés ».
La peur n’était qu’un prétexte. Le cynisme, une constante.

Cette volte-face n’a rien d’anecdotique.
Elle révèle une ligne constante : on ne soutient jamais les peuples au bon moment.
On préfère attendre que la situation devienne incontrôlable… ou rentable.

Iran 2025 : l’histoire se répète

Aujourd’hui, les mêmes voix s’élèvent pour s’opposer à une intervention israélienne contre le régime des mollahs en Iran.
On invoque encore une fois « le risque de chaos », « l’exemple irakien », « la nécessité de stabilité ».

Mais cette comparaison est fausse.

Ce n’est pas une invasion américaine qui se prépare. Ce n’est pas une puissance étrangère qui impose un changement de régime.
Ce sont les Iraniens eux-mêmes qui, depuis des années, se soulèvent, au prix de leur vie.
Ce sont les femmes iraniennes qui arrachent leur voile, les jeunes qui défient les bassidjis, les Kurdes, les Baloutches, les étudiants, les artistes, les ouvriers, qui crient leur soif de liberté.

Et Israël ne fait pas la guerre à un peuple : il cherche à neutraliser un régime qui finance le terrorisme, arme des milices génocidaires, et avance vers la bombe nucléaire.
Un régime qui a déjà ensanglanté le Liban, la Syrie, Gaza, le Yémen.

Faut-il attendre qu’il soit trop tard ?

Ce qu’on refuse de voir

La vraie question n’est pas : « Qui dirigera l’Iran après les mollahs ? »
C’est : que restera-t-il du Moyen-Orient si on les laisse encore dix ans au pouvoir ?

Ceux qui s’opposent à Israël aujourd’hui, au nom d’une prudence abstraite, sont les mêmes qui ont laissé tomber la Syrie hier.
Ce sont les mêmes qui ont laissé les islamistes dévaster les révolutions.
Ce sont les mêmes qui, demain, s’étonneront des conséquences de leur lâcheté.

Le Moyen-Orient n’a pas besoin d’obséquiosité envers les dictateurs. Il a besoin de courage.

Et pour conclure …

En 2011, l’Occident a sacrifié la Syrie pour ne pas déranger l’Iran.
En 2025, il est prêt à sacrifier l’Iran… pour ne pas déranger les mollahs.

Mais ceux qui refusent aujourd’hui la chute d’un régime totalitaire devront, demain, répondre des monstres qu’ils auront protégés.
La peur ne saurait être un programme politique.
Ni un alibi moral.

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2 Comments

  1. Wow Wow Wow…. je souhaite sincèrement que vous serez lu par le plus grand nombre. Vous venez d’identifier les plus gros ennemis de Trump et Netanyahou.

  2. Je sais bien qu’un format aussi court demande de ne pas entrer trop dans les détails mais reprendre ainsi le narratif israélien me semble à tout le moins hémiplégique !
    Israël a plus en commun dans son projet avec les mollahs et les islamistes de tous poils qu’avec l’idéal des Lumières… Une « démocratie » fondée sur une identité ethno-religieuse qui prend soin d’exclure tout ce qui n’est pas elle-même est dangereuse en soi.

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