Réponse bien sentie aux crétins qui prétendent qu’Israël risque de déstabiliser tout le Moyen-Orient. Par Jean-Patrick Grumberg

Emmanuel Macron avec le Président Ebrahim Raisi.
The 77th United Nations General Assembly at UN headquarters.
New York. 20 septembre 2022
Photo Ludovic MARIN / AFP

Le président Macron, comme d’autres dirigeants européens, soutient l’idée que la chute du régime islamique de Téhéran pourrait déstabiliser toute la région. 

D’autres disent que l’escalade entre Israël et l’Iran menace de déstabiliser l’ensemble de la région et de conduire à un conflit généralisé. Ce sont tous des crétins qui ne connaissent ni la géopolitique, ni les rapports en puissance de la région, et qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Leçon de géopolitique pour les nuls :

Les pays du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn) ont des relations « complexes » avec l’Iran, marquées par des rivalités sectaires (sunnites vs chiites) profondes, et des intérêts économiques et sécuritaires opposés. Même si, ces dernières années, certains de ces pays ont amorcé une détente avec l’Iran, notamment via des accords comme celui signé entre l’Arabie saoudite et l’Iran en mars 2023 sous l’égide de la Chine, cette normalisation reflète une volonté de stabiliser la région pour protéger les intérêts économiques, notamment liés au pétrole et au gaz, et d’éviter un conflit régional majeur.

Dans le contexte du conflit Iran-Israël de 2025, les pays du Golfe ont adopté une posture de neutralité officielle, condamnant les frappes israéliennes tout en appelant à la retenue et à la désescalade. Mais d’une part, en coulisse, ils soutiennent la guerre préventive d’Israël, qui apportera non pas le chaos, mais la stabilité, car un Iran nucléaire représente pour eux une menace immédiate. De plus, leur implication directe en soutien à l’Iran dans un conflit armé reste peu probable en raison de leurs dépendances sécuritaires vis-à-vis des États-Unis, de leurs relations économiques, de leurs propres intérêts stratégiques, et de la faiblesse, voire l’extrême faiblesse de leurs armées.

Qui pourrait entrer dans un conflit généralisé ?

Analyse des pays du Golfe et leur position potentielle

  1. Qatar :
    • Le Qatar a une relation relativement équilibrée avec l’Iran, partageant avec lui le gigantesque champ gazier de South Pars/North Dome. Il maintient également des liens forts avec les Etats-Unis.
    • Le Qatar dépend fortement des États-Unis pour sa sécurité stratégique, principalement à travers la base aérienne d’Al Udeid, la plus grande installation militaire américaine au Moyen-Orient, qui accueille environ 10 000 militaires américains. Cette base est cruciale pour les opérations américaines dans la région (Afghanistan, Irak, Syrie) et pour la sécurité du Qatar, un petit État entouré de voisins puissants comme l’Arabie saoudite et l’Iran. Depuis 2003, le Qatar a investi plus de 8 milliards de dollars dans l’expansion d’Al Udeid, renforçant son partenariat avec les États-Unis.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : extrêmement faible. Bien que le Qatar entretienne des relations cordiales avec l’Iran, son rôle de médiateur et sa dépendance envers les bases militaires américaines, limite drastiquement sa capacité ou sa volonté de s’engager militairement aux côtés de l’Iran dans un conflit contre Israël. Tout cela l’incite à éviter une implication militaire directe. Le Qatar préférerait continuer à jouer un rôle diplomatique pour désamorcer le conflit plutôt que de s’engager militairement.
  2. Oman :
    • Oman est connu pour sa neutralité et sa diplomatie discrète dans la région. Il maintient de bonnes relations avec l’Iran et a souvent servi d’intermédiaire dans les négociations régionales, notamment entre l’Iran et les États-Unis. 
    • Probabilité de soutien à l’Iran : Très faible. La politique étrangère d’Oman est axée sur la non-intervention et la médiation. Même en cas d’escalade, Oman éviterait toute implication militaire et se concentrerait sur des efforts diplomatiques pour stabiliser la région.
  3. Arabie saoudite :
    • L’Arabie saoudite a une rivalité historique avec l’Iran, mais les tensions se sont atténuées depuis l’accord de réconciliation de 2023. L’Arabie saoudite dépend fortement des États-Unis pour sa sécurité et voit l’Iran comme une menace à long terme, surtout s’il acquiert l’arme atomique.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : Très faible. Malgré les condamnations publiques, l’Arabie saoudite soutient discrètement Israël contre l’Iran, percevant ce dernier comme une menace régionale plus importante. Une implication militaire directe en faveur de l’Iran est improbable, car cela compromettrait ses alliances avec les États-Unis et ses objectifs économiques (comme Vision 2030).
  4. Émirats arabes unis (EAU) :
    • Les EAU ont normalisé leurs relations avec Israël via les Accords d’Abraham en 2020 et ont condamné les frappes israéliennes tout en exprimant leur inquiétude face à l’escalade. Ils maintiennent des relations pragmatiques avec l’Iran, mais leur alliance avec les États-Unis et leur méfiance envers les ambitions régionales de Téhéran limitent leur soutien à l’Iran.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : Très faible. Comme l’Arabie saoudite, les EAU soutiennent discrètement Israël face à l’Iran, qu’ils considèrent comme une menace à leur sécurité. Leur implication militaire en faveur de l’Iran est improbable, surtout en raison de la présence de bases américaines sur leur sol.
  5. Koweït :
    • Le Koweït adopte une position prudente, condamnant les frappes israéliennes tout en appelant à la retenue. Il entretient des relations limitées avec l’Iran et dépend des États-Unis pour sa sécurité.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : Très faible. Le Koweït n’a ni les moyens militaires ni l’intérêt stratégique de s’engager dans un conflit en soutien à l’Iran. Il privilégiera la neutralité et la diplomatie.
  6. Bahreïn :
    • Bahreïn, proche allié de l’Arabie saoudite et hôte d’une base navale américaine, a normalisé ses relations avec Israël via les Accords d’Abraham. Il voit l’Iran comme une menace, notamment en raison des tensions avec sa population chiite.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : Nulle. Bahreïn est fermement aligné sur les États-Unis et l’Arabie saoudite, et son hostilité envers l’Iran rend tout soutien militaire impossible.

Autres acteurs régionaux susceptibles de soutenir l’Iran

Bien que les pays du Golfe membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) soient peu susceptibles de s’engager militairement aux côtés de l’Iran, d’autres acteurs régionaux, souvent qualifiés de proxies ou d’alliés de l’Iran au sein de l’« Axe de la Résistance », pourraient intervenir en défense de Téhéran :

  1. Hezbollah (Liban) :
    • Le Hezbollah, un allié clé de l’Iran, a été presque décimé par les frappes israéliennes au Liban en 2024, puis après l’assassinat de son chef, Hassan Nasrallah, et les opérations des bipers et talkies-walkies explosifs. Malgré cela, il reste un acteur qui pourrait tenter des attaques contre Israël, mais sa capacité d’action et ses moyens offensifs sont très réduits.
    • Probabilité de soutien : Élevée, mais fortement limitée par ses pertes récentes. Le Hezbollah pourrait lancer des roquettes ou des attaques transfrontalières pour soutenir l’Iran, mais son impact serait très faible. Et les Etats-Unis ont prévenu le Liban de ne pas laisser le Hezbollah intervenir dans le conflit.
  2. Milices chiites en Irak :
    • Les milices chiites pro-iraniennes en Irak, comme Kataïb Hezbollah, ont la capacité de cibler des bases américaines ou israéliennes dans la région. Elles ont été mentionnées comme une menace potentielle en cas d’escalade.
    • Probabilité de soutien : Élevée, mais sans grande capacité. Ces milices pourraient mener des attaques asymétriques contre des intérêts américains ou israéliens en Irak pour soutenir l’Iran, surtout si Téhéran subit des pertes importantes.
  3. Houthis (Yémen) :
    • Les Houthis, soutenus par l’Iran, ont déjà attaqué des cibles israéliennes et américaines, notamment via des drones et des missiles dans la mer Rouge. Pourraient-ils intensifier leurs actions ? S’ils le pouvaient, alors qu’Israël pilonne l’Iran depuis près une semaine, ils l’auraient déjà fait.
    • Probabilité de soutien : Modérée à élevée. Les Houthis pourraient lancer des attaques à longue portée contre Israël ou recommencer à perturber le trafic maritime dans le détroit de Bab el-Mandeb, mais leur impact stratégique serait limité, et ils subiraient immédiatement les réactions des Etats-Unis, lesquels, on s’en souvient, ont déjà bombardé pas loin de 1 000 cibles au Yémen en quelques jours avant que les Houthis ne demandent pitié.
  4. Syrie :
    • La Syrie, alliée de longue date de l’Iran, est devenue son ennemi régional. Le nouveau président vient même de déclarer que son espace aérien était ouvert aux avions de l’armée israélienne pour ses attaques contre l’Iran.
    • Probabilité de soutien à l’Iran : nul.

Résultat

Les proxies iraniens, bien qu’actifs, n’ont pas la capacité de déclencher un conflit régional généralisé à eux seuls. De plus, les États-Unis du président Trump ne laisseront pas une crise iranienne dégénérer, et toute la région les craint.

© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info

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4 Comments

  1. Le mot  » cretin  » correspond a beaucoup des amis actuels de la republique islamique des mollahs .
    Neanmoins , la perspective d une paix israelo arabe et d une entente entre les petrodollars saoudiens et la technologie israelienne pourrait ne pas aider certains pays europèens a maintenir leurs mains cupides dans certaines poches bien garnies .

  2. Macron semble croire ou vouloir faire croire que les imams tiennent tiennent la région à bout de bras et que sans eux, sans leur dictature, ce sera le chaos. N’est-ce pas quelque peu méprisant pour les Iraniens ? L’Iran fut un grand pays, et ce avant les Imams. Il y aura sans doute une période de flottement mais l’équilibre se rétablira et ce pauvre peuple par eux opprimé pourra enfin vivre, respirer.

  3. Vivement que ce régime de mollahs sanguinaires dégénérés soit anéanti et que le peuple iranien soit libéré de ces tyrans que les armes se taisent et la paix vienne enfin
    Comme quoi il ne faut jamais laisser une chance aux incarnations du mal ! Est-ce qu’on a négocié avec les nazis ?

  4. Crétins ET collabos !
    La façon dont les Vichystes macronistes et leurs chiens de garde médiatiques (c’est-à-dire 95% des médias) inversent toujours le réel me semble un cas presque unique dans notre histoire. Macron représente un danger mortel pour sa population, qu’il massacre par procuration, et le reste du monde : soutien à la terreur islamiste au Proche-Orient et soutien à la terreur militaire en Ukraine.
    On se demandera d’ailleurs pourquoi ceux qui ont bombardé les civils du Kosovo en 1999 a la suite d’une campagne d’intox, détruit la Libye sous un prétexte fumeux puis financé le régime ultra-nationaliste et mafieux de Kiev (avec des centaines de milliers de tués et blessés à la clef) n’ont jamais été sanctionnés. Et comment ils osent donner des leçons à Israël qui s’attaque à un régime terroriste et sanguinaire en visant des installations militaires. C’est le monde a l’envers !

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