
Antoine est un jeune homme admirable. Il vit dans un bel appartement en pierre blonde du côté des Chartrons, à Bordeaux. Il aime les brunchs bio, les podcasts sur l’écologie régénérative et les débats France Culture sur l’Europe fédérale. Antoine est un électeur centriste. Il a voté Macron, bien sûr. Deux fois. Et avec une ferveur quasi eucharistique.
Il croit au « vivre-ensemble », mais surtout à condition que chacun reste bien à sa place, c’est-à-dire loin de son quartier. Il rêve d’un monde sans frontières, mais sans squatteur dans l’entrée de son immeuble, car Antoine est un homme de principes, pas un fou.
Antoine ne connaît pas la banlieue, mais il en parle avec autorité. Il sait que les quartiers sont « stigmatisés » et que s’il y a des problèmes, c’est à cause du manque de subventions, du racisme structurel, ou d’un petit bug colonial de 132 ans qu’on n’a pas encore assez exorcisé.
L’internationale de la vertu
Antoine est mondialiste. Mais pas à la sauce turbocapitaliste, non. Plutôt façon Erasmus sous quinoa : une Europe joyeuse, fluide, polyglotte, où l’on réglerait les tensions interethniques en inventant un plurilinguisme bienveillant sponsorisé par la Commission.
Son rêve ultime ? Une République universelle peuplée de végans multicolores parlant espéranto et partageant le même panier bio coopératif. Il a d’ailleurs signé une pétition contre les frontières — depuis son canapé « Roche Bobos. »
La France, ce pays de vieux aigris
Antoine n’aime pas trop la France. Elle est, dit-il, réactionnaire, xénophobe, égocentrée, et surtout trop « blanche » à son goût. Il voudrait la rendre plus diverse, plus fluide, plus métissée — mais sans bouger lui-même. La diversité, il l’apprécie surtout en stage humanitaire à Barcelone ou dans un documentaire Arte.
Il méprise ces Français qui parlent de sécurité, d’identité ou de souveraineté : des termes sales, démodés, presque vulgaires. Pour lui, ce sont les mots de la peur. Or Antoine n’a pas peur. Il a même posté un selfie avec un badge “Refugees Welcome” lors de la dernière manif Place Pey-Berland. Ce jour-là, il a pleuré en entendant un slameur évoquer la mer Méditerranée comme un tombeau.
Solidaire, mais pas trop près
Antoine appelle à la solidarité. C’est sa baguette magique. Moins de police, plus de médiateurs. Moins de frontières, plus de tolérance. Moins d’État-nation, plus d’ONG. Il pense que si tout le monde faisait un pas vers l’autre, les barres HLM deviendraient des coliving partagés et les kalachnikovs des ukulélés.
S’il fallait un slogan pour résumer Antoine :
« Je suis pour l’ouverture des frontières, mais pas de ma porte ».
© David Duquesne
Infirmier, David Duquesne est l’auteur de « Ne fais pas ton Français! Itinéraire d’un bâtard de la République », paru chez Grasset en 2024, récit de sa douloureuse assimilation en tant que fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un français.

« Je suis né dans le Nord, à Lens, au coeur d’un quartier populaire. Ma mère Houria, d’origine kabyle, dut se battre pour s’arracher au traditionalisme familial. Elle rencontra mon père à l’usine, à la fin des années 1960. Je suis le fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un Français.
J’ai grandi avec ce double héritage, voyant mon quartier changer, les positions identitaires se crisper, le désir d’intégration se désintégrer, le communautarisme s’emparer des familles, la défiance et la violence s’installer, l’islamisme gagner du terrain…
Éduqué par la République, je partageais et défendais farouchement ses valeurs universalistes. Aux yeux de la communauté d’origine de ma mère, j’étais un traître ; aux yeux de certains Français, soit un métèque à jamais incarcéré dans ses origines, soit un provocateur « islamophobe ».
Pour sortir de cet étau, j’ai décidé de raconter l’histoire de ma douloureuse assimilation, qui témoigne du déchirement vécu par tant de « transfuges identitaires » dans une France en mutation ». David Duquesne

Je connais un tas d’Antoine. Ce sont des fascistes représentant le Mal Absolu, au même titre que ceux des années 30, mais en outre atteints du syndrome de Stockholm (haine de soi) et persuadés de représenter le camp du bien. Ce qui n’a jamais existé dans les siècles passés et n’existe nulle part en dehors du monde dit occidental (Amérique du Nord + Europe de l’ouest + Australie).
L’aboutissement d’un long processus de crétinisation, de lobotomisation de masse, d’inversion des valeurs et de déshumanisation dont Emmanuel Macron est l’un des plus parfaits représentants.