Petit manuel du Juif moderne pour survivre en Europe (sans trop de bruit). Par L’Étoile de David

On ne parle pas ici d’un guide spirituel. Ni d’un traité talmudique. Non. Voici un manuel bien plus modeste : celui du juif du XXIe siècle qui tente, entre deux alertes attentat, trois débats télévisés sur Gaza et une invitation à dîner où il faut expliquer pourquoi il mange kasher « mais pas trop », de survivre – dignement – sur le vieux continent.

1. La mezouza amovible, ton meilleur ami

Autrefois, ton pote juif te confiait ses plantes pendant les vacances. Aujourd’hui, il te demande de garder sa mezouza. Plus discret. Moins risqué. Ça ne fane pas, et ça évite les graffitis. Bientôt, Ikea proposera une version détachable à ventouse.

2. La kippa caméléon

Ce petit accessoire liturgique est devenu un problème d’ingénierie. Trop visible ? Risqué. Pas visible ? Trahison. Alors on opte pour la kippa-casquette, la version sport pour échapper aux regards trop affûtés dans le métro. Bonus : elle existe en édition « Tour de France » pour ne pas alerter les riverains.

3. Le shabbat silencieux

On évite d’inviter trop de monde. On baisse le ton sur les chants. Et surtout, on n’explique plus pourquoi on ne prend pas l’ascenseur. « Je fais un stage de pleine conscience », tu dis. Ça passe crème.

4. Le GPS de la cachérisation sécuritaire

Nouvelle appli indispensable : Kosher & Safe. Elle indique non seulement les restos cachères, mais aussi le degré d’antisémitisme par arrondissement. Spoiler : évite certains quartiers après 16h. Et certains débats télévisés tout court.

5. Répondre à la question : « Tu es juif mais tu es contre Israël, hein ? »

Réponse 1 : souriez.

Réponse 2 : respirez.

Réponse 3 :Tout à fait. D’ailleurs, j’ai demandé à être déjudaïsé par courrier recommandé. J’attends la confirmation de l’Élysée, je suis confiant.

Réponse 4 :« Absolument. J’ai même remplacé ma mezouza par une clochette à vent. C’est feng shui, ça protège contre les sionistes et les courants d’air. »

Réponse 5 :« Oui, et je milite activement pour que le prochain Yom Kippour soit remplacé par une raclette géante et inclusive. »

Réponse 6 « Tout à fait. Je soutiens un Israël imaginaire, flottant, sans frontière, sans peuple, sans armée, et surtout sans Juifs. Le projet plaît beaucoup à certaines ambassades. »

Réponse 7 :« Je suis contre Israël, contre moi-même, contre mon ADN, et même contre mon compte bancaire. Je fais un jeûne identitaire. »

Réponse 8 :« Oui. Mon psy m’a dit que ça s’appelait la dissociation performative et qu’en 2025, c’était très tendance chez les intellectuels en promo de livre. »

6. Les valises prêtes, mais pas trop visibles

On n’est pas parano. On est organisé. Un peu comme un pompier qui connaît la sortie de secours. Un passeport valide, une valise pas loin, et un ami à Ashdod. Ce n’est pas de la fuite. C’est de la prospective.

7. Apprendre à dire « je ne suis pas d’accord » avec élégance

Car dans les dîners où l’on débat de Gaza, mieux vaut être armé, mais pas armé de colère. Un bon argument vaut mieux qu’un bon coup de fourchette. (Sauf si la fourchette est en plastique et que c’est un buffet végan, auquel cas, fuyez.)

8. Rester drôle, même quand c’est grave

Parce que rire, c’est résister. Parce que l’humour juif, ce n’est pas une stratégie de survie : c’est un ADN millénaire. Et tant qu’on rit, c’est qu’on est encore vivant. Un peu inquiet, parfois. Mais vivant.

9. Le prénom de secours

Toujours utile d’avoir un prénom passe-partout pour commander un Uber ou réserver au restaurant. Moïshe devient « Maxime ». Sarah devient « Sophie ». Ne dis pas que c’est mentir : c’est un acte de diplomatie linguistique. Et parfois, ton Uber arrive plus vite.

10. Le désinvité professionnel

Tu connais ce pote non-juif que tu adorais ? Celui qui partageait les plats et les idées ? Eh bien aujourd’hui, il partage les posts de Rima Hassan. Apprends à désinviter sans te justifier : « Oh non, vendredi soir j’ai… euh… des prières de groupe ». Il comprendra. Ou pas. Peu importe.

11. Le mot magique pour survivre en réunion : “complexité”

Quand le débat sur Israël débarque dans une réunion RH, ne panique pas. Dégainer le mot “complexité”, c’est la meilleure arme. Ça évite les explications. Ça évite les clashs. Tu passes pour un penseur subtil. Et tu gardes ton job. Mazel tov.

Le problème, évidemment, c’est qu’on pourrait en écrire une centaine. Une centaine de règles absurdes, de stratégies de survie discrète, de petites gymnastiques mentales pour ne pas trop déranger.

Alors je laisse à chacun le soin de prolonger cet article, sur le ton de l’humour. Parce que rire, au moins, parfois, ça soulage.

Allez encore un peu c’est ma tournée 

12. Investis dans un stock de houmous multi-usages.

À la base, c’est pour l’apéro. Mais en cas de besoin, c’est aussi masque hydratant, lubrifiant diplomatique, et projectile défensif. Un bon houmous peut t’éviter bien des discussions. Et s’il est fait maison, tu passeras pour un résistant culturel.

13. Apprends à dire “je suis végétarien” en 14 langues.

Pas parce que tu l’es, mais parce que c’est devenu plus facile que d’expliquer pourquoi tu ne manges pas de porc. Tu verras, le mot “religion” crispe. Le mot “digestion”, ça passe mieux.

14. Installer un détecteur de micro-agressions dans ton salon.

C’est comme une alarme incendie, mais pour les phrases du type : « Toi, tu dois avoir un avis sur Gaza, non ? »

Quand il se déclenche, tu as trois choix : fuir, faire semblant d’étouffer ou réciter une recette de kugel à voix haute.

15. Change ton prénom en Jean-Michel Temporis.

Rien de juif, rien d’arabe, rien de politique, rien de trop vivant. Tu passeras inaperçu dans n’importe quelle mairie, club de sport ou dîner chez des amis très ouverts tant que tu restes discret sur 2000 ans d’histoire.

16. Loue une mezouza NFT.

Tu ne la poses pas sur la porte, tu la stockes sur la blockchain. Tu restes connecté à la tradition, sans déclencher de regards suspicieux dans la cage d’escalier. Et en cas de contrôle, tu peux toujours dire que tu collectionnes les jpeg ésotériques.

Hâte de lire les vôtres

© L’Étoile de David


A propos de l’auteur:

« Je ne savais pas encore …
J’ai choisi une photo de moi, enfant.
Parce qu’à cet âge-là, on ne sait pas encore.
On vit porté par la douceur, les rêves, les bras aimants.
On ne se pose pas de questions.
On est juif comme on est vivant : libre, sans le savoir.

Aujourd’hui, j’ai 50 ans.
Je vis en France.
Et je sais.
Je sais ce que l’on nous dit, ce que l’on nous refuse, ce que l’on attend que l’on taise.
Mais je ne me tairai pas.

Je vais me battre, avec vous, pour que cette liberté — celle de l’enfance, celle de vivre sans se cacher —
revienne.
Et qu’elle n’ait plus d’âge

© l’étoile de David

Contact:  heysibonnesidees@gmail.com

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5 Comments

  1. pourquoi vous battre en France, alors que tout indique que ce pays est perdu ?
    vous etes membre du peuple juif : vous avez une terre, des frères, un avenir.

  2. On a envie de rire et de pleurer en même temps, comme souvent quand on est – pauvre Goy – en face de l’humour juif. Actuellement, j’ai plutôt tendance à pleurer. Quoi vous dire ? Il y a encore des non-juifs qui vous soutiennent. J’attend avec impatience une manif pour la libération des otages, pour Israël, avec des drapeaux israéliens. Je viendrai, avec ma canne, mais je viendrai.

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