Les Editions PUF renoncent à publier Sonya Zadig: La peur comme ligne éditoriale?

La liberté d’expression pour les apostats, un enjeu crucial dans nos sociétés démocratiques? Le cas de Sonia Zadig révèle une forme de censure ou d’autocensure éditoriale liée à la peur de représailles, au climat de pression idéologique, en tout cas à un manque de courage des Editions PUF fort décevant. Honneur à Fayard qui publiera Sonya Zadig à la rentrée

Nul n’ignore qu’alors que l’apostasie est un droit fondamental dans un État laïque, les apostats qui prennent la parole sont souvent réduits au silence, menacés, ostracisés, lorsqu’ils ne sont pas attaqués, non seulement par des fanatiques mais aussi parfois par des institutions frileuses craignant la polémique, des éditeurs, médias, ou universités qui renoncent à publier leurs témoignages et participent de fait à leur invisibilisation.

Chacun a en tête le nom de ces apostats ayant pris la parole, de Ayaan Hirsi Ali – Ex-musulmane somalienne, ancienne députée néerlandaise, auteure de « Infidèle« , engagée pour les droits des femmes, et qui a dû vivre sous protection policière, à Waleed Al-Husseini, Palestinien ex-musulman, réfugié en France après avoir été emprisonné pour blasphème, auteur de « Blasphémateur !« , et duquel nous n’entendons plus la voix, en passant par la militante iranienne Maryam Namazie , ex-musulmane engagée pour la laïcité et les droits humains, notamment via le mouvement Council of Ex-Muslims of Britain ou encore le Germano-égyptien Hamed Abdel-Samad , politologue, auteur de « La chute du monde islamique » et menacé de mort, mais encore à notre ami Salman Rushdie, lequel, s’il ne se revendique pas comme apostat, a été victime d’une fatwa pour avoir publié Les Versets sataniques et fut l’objet d’une tentative d’assassinat.

Aujourd’hui c’est de Sonia Zadig qu’il s’agit, et du renoncement indigne des Editions Puf à la publier.

Sonya Zadig, auteur de cet édito qu’elle nous envoya dès le 7 octobre, « Not in my name », et qu’elle eut tant de mal à faire signer par ses soeurs de pensée, Sonya Zadig qui se heurte ici à la capitulation des Editions PUF qui renoncent de publier son livre, malgré l’engagement qui fut fait.

Or le droit au témoignage, pilier de la liberté d’expression, ne se négocie pas, et empêcher un apostat de parler, c’est prolonger sa mise au silence initiale par le groupe qu’elle a quitté.

Outre que la peur des « réactions » ne peut justifier la censure, – sinon la menace deviendrait un levier légitime dans l’espace public -, la société doit entendre la voix de Sonya Zadig pour comprendre davantage les ressorts de l’emprise religieuse, du patriarcat, de la violence morale ou physique. PUF Editions, en renonçant à publier ce livre-enquête consacré aux Apostats, n’ont-ils pas abdiqué, trahi, renoncé à une part capitale de leur mission démocratique?

Pour rappel, les Editions PUF avaient donné un accord à l’auteur: le travail de correction avait été effectué et le directeur éditorial avait programmé la sortie en septembre. Mais entre temps, PUF ayant fusionné avec Albin Michel qui en est devenu le principal actionnaire, il fallut attendre … l’accord d’Albin Michel, accord qui fut signifié par mail à l’auteur en janvier sans qu’une signature de contrat ait été concrétisée: en somme un contrat innommé et surtout moral attesté par les dits mails. Et in fine … une trahison, puisque 8 mois plus tard , par un revirement au goût de lâcheté , Sonia Zadig est informée que la publication ne serait pas possible car « le livre dérange, voire rebute » ( sic ) 

Que s’est-il passé entre le « oui » initial de l’éditeur et ce « non » final, discret mais brutal ? Ce qui arrive trop souvent à celles et ceux qui osent parler après avoir quitté une religion — et tout particulièrement l’islam : des menaces implicites, des pressions, des appels au calme déguisés en appels à la prudence. Et des institutions qui cèdent, par peur ou confort.

8 mois d’attente , 8 mois de promesses non tenues, et voilà les Editions PUF rejouant la même pièce nul n’a oublié l’outrage fait à Xavier Laurent Salvadore, maître de conférences et cofondateur de l’Observatoire du décolonialisme, pour son ouvrage collectif sur le wokisme, sans justification publique solide. Deux renoncements, deux sujets brûlants — l’apostasie et le wokisme — deux occasions manquées de faire vivre le débat intellectuel.

Le fait que les Editions PUF aient renoncé à publier deux ouvrages pour des raisons manifestement liées à des pressions idéologiques ou à la peur de la controverse dessine un schéma préoccupant où explose la tendance à l’autocensure éditoriale déguisée en prudence intellectuelle.

Ainsi, l’univers académique et éditorial, censé être le cœur battant de la liberté d’expression, se bunkerise face à la complexité : certains thèmes seraient-ils devenus si sensibles que les éditeurs préfèreraient s’en détourner plutôt que de risquer des polémiques. Une maison aussi prestigieuse que fut PUF est donc en train de participer à l’étouffement des controverses légitimes, trahissant sa mission qui fut au contraire de les accueillir.

Ce double renoncement — à Sonia Zadig, sur l’apostasie, et à Xavier-Laurent Salvador, sur le wokisme — dessine les contours d’une dérive : la ligne éditoriale des maisons d’édition ne semble plus se définir en fonction des arguments ou de la rigueur intellectuelle, mais en fonction de ce qu’il est « opportun » ou « inoffensif » de publier.

Voilée et identitaire, Sonia Zadig aurait-elle été personna grata chez PUF, et dévoiler les arcanes de l’islam de France est-il une no go zone … 

Nous appelons les éditeurs à retrouver le courage intellectuel qui fit jadis la force des grandes maisons : celui de publier ce qui dérange, non pour provoquer, mais pour faire vivre la liberté.

« L’affaire » se termine bien: Sonia Zadig sera bien publiée par Fayard à la rentrée.

A relire: « Not in my name »




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1 Comment

  1. Ce n’est pas nouveau. Ni étonnant. Dans les universités, les « sciences sociales » (qui n’ont généralement rien de scientifique) sont aux mains des Islamonazis racistes et antisémites de la mouvance indigéniste. Une large partie du monde éditorial est également touchée et a servi de porte-voix aux Islamo-nazis (ex parmi beaucoup d’autres Annie Ernaux) : la nazification ou islamonazification de la France va de pair avec son effondrement littéraire et intellectuel. Les origines du phénomène remontent en fait aux années 50-60, sous la double influence de Sartre et de la « French Theory ». D’abord timide, il est progressivement devenu massif. Et d’autres pays francophones (Québec, Suisse…) sont autant touchés que la « France ». En Algérie, ils ont déjà commencé à enfermer les écrivains. Pour l’instant, on n’en est pas encore là dans l’Hexagone mais l’omniprésence de la censure, des tabous et de la novlangue orwellienne constitue une prison intellectuelle.

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