Cannes 2025 : tapis rouge ou rideau noir pour les consciences juives ?

L’actrice française et présidente du jury du 78e festival de Cannes Juliette Binoche rend hommage à la photoreporter palestinienne Fatima Hassouna tuée à Gaza. Cannes, le 13 mai 2025

Le Festival de Cannes a toujours été un théâtre d’images, d’engagements, de symboles. Mais cette année, ce qui s’annonce n’est plus seulement un rendez-vous cinématographique. C’est une scène de plus en plus investie par des postures politiques, où l’antisionisme militant flirte dangereusement avec un antisémitisme décomplexé.

Et dans cette atmosphère pesante, une question s’impose : où sont les voix juives du cinéma ? Où sont nos réalisateurs, nos actrices, nos producteurs, capables de prendre la parole — non pour défendre une ligne politique, mais pour rappeler leur attachement à une culture, à une histoire, à une communauté, à un pays qui traverse une épreuve terrible ?

Il ne s’agit pas ici de transformer Cannes en tribune politique. Mais si certains se permettent de s’indigner bruyamment contre Israël, pourquoi ceux qui y sont attachés se taisent-ils avec tant d’insistance ? Pourquoi les mêmes qui, en privé, célèbrent Tel-Aviv, ses plages, ses hôtels, ses falafels, ses festivals, se réfugient-ils dans un silence stratégique dès qu’il s’agit de dire, en public : « Oui, j’aime Israël. Oui, je suis juif, et je ne m’excuserai pas de l’être »?

À l’exception notable de quelques personnalités comme Arthur, qui a su assumer avec courage ses positions et sa fidélité à sa communauté, le monde du spectacle semble frappé par une forme de prudence lâche. Une prudence d’autant plus douloureuse qu’elle tranche avec la flamboyance affichée sur les tapis rouges.

Cette situation interroge aussi l’influence de figures médiatiques comme Delphine Horvilleur, dont la récente tribune contre Israël a marqué un tournant. En s’érigeant en conscience morale, elle a, peut-être malgré elle, ouvert un boulevard à ceux qui voudraient se parer d’une posture « progressiste » en attaquant leur propre camp. La lumière qu’elle cherche à capter, d’autres pourraient bien la suivre — non pour éclairer le débat, mais pour justifier leur silence ou leur reniement.

Alors que Cannes s’apprête à devenir une nouvelle scène de tensions symboliques, la communauté juive attend. Pas des discours dogmatiques. Pas des déclarations de guerre culturelle. Mais des gestes simples. Des mots de vérité. Du courage.

Car le cinéma, s’il a souvent été du côté de la liberté, peut aussi, par son silence, devenir complice de renoncements. Et dans cette édition 2025, on guettera moins les films en compétition que ceux  qui auront encore le cran d’assumer qui ils sont.

Alors, réalisateurs, producteurs, acteurs juifs du cinéma français : ne vous étonnez pas, un jour, si le tapis rouge que vous espérez fouler à Tel-Aviv pour flatter votre narcissisme, ou le Mur de Jérusalem que vous touchez du bout des doigts en quête de spiritualité, deviennent à leur tour des symboles de contradiction — non plus des lieux d’amour et de fierté, mais les reflets silencieux d’une honte que vous aurez contribué à installer.

Demain, ce n’est pas seulement avec le cinéma que vous avez rendez-vous. C’est avec votre conscience — si toutefois il vous en reste une part éveillée.

Demain à Cannes, ce ne seront pas des Césars que vous recevrez, mais peut-être le regard d’un peuple trahi — car à force de vouloir plaire à l’empire, on oublie que le nom de César, pour beaucoup, reste celui du pouvoir qui a détruit le Temple.

© David Sibony

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3 Comments

  1. Rien d’étonnant de la part d’un milieu cinématographique ayant très massivement soutenu le mouvement BLM, des suprémacistes noirs racistes, antisémites et pro-Hamas. Et d’une manière générale toutes les causes les plus nauséabondes qu’il soit possible de trouver sur cette terre. Lorsque le racisme et l’antisémitisme, voire l’apologie de crimes contre l’humanité et du terrorisme, sont institutionnalisés au point d’être diffusés par les médias publics (voir les articles sur France Inter et France 5), les universités et le monde « culturel » (qui n’est aujourd’hui qu’un outil de propagande au service de l’idéologie dominante), cela porte un nom :

    LE NAZISME.

    Ensuite, il existe 4 types de personnes :
    _ celles qui adhèrent a ce régime politique : les Nazis.
    _ celles qui n’y adhèrent pas mais ne s’intéressent pas à la politique (pour X ou X raison) et s’en fichent
    _ celles qui s’y opposent mais n’ont en réalité quasiment rien compris à ce qui passe sous leurs yeux (elles croient encore que nous vivons en démocratie)
    _ celles, rarissimes, qui s’y opposent, ont compris sa nature et nomment les choses par leur nom.

  2. Cannes le festival, je ne regarde plus; mais il y a cette photo de Juliette Binoche son hommage à une journaliste « palestinienne », evidemment pas un mot pour les victimes du festival de musique du 7 octobre, c’est pourtant une artiste, cette actrice…en robe blanche presque voilée.

  3. Et l’Eurovision, Yuval Raphael survivante du festival nova en 2023, cachée pendant 8 heures sous les cadavres des jeunes participants à la fête; « New day will rise » une chanson d’amour et d’espoir pour la Vie pour Israel, elle a chanté merveilleusement bien, Yuval.

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