
Paris, le 6 mai 2025. Il y a des jours où la colère se mêle à la nausée. Des jours où la France, patrie des droits de l’homme, trahit ses principes en déroulant le tapis rouge à un responsable des malheurs de mon peuple : un djihadiste, ancien chef d’Al-Qaïda en Syrie, désormais en costume, jurant être modéré. Demain, 7 mai, l’Élysée s’apprêterait à accueillir Ahmad al-Charaa, président autoproclamé du gouvernement islamiste de Damas, toujours recherché par Interpol et impliqué dans des crimes terroristes en Syrie et en Irak.
Ce serait une gifle aux minorités massacrées en Syrie, aux victimes du terrorisme, et à tous ceux qui ont cru en la parole de la France. Un passé indéfendable Depuis la chute du dictateur Assad, Emmanuel Macron prépare l’intégration diplomatique de son remplaçant, sous couvert de « réintégration des forces modérées » et de « lutte contre Daech ».
Une farce
Al-Charaa n’a rien d’un modéré. Il incarne l’islamisme radical soutenu par la Turquie et le Qatar, qui a ravagé la Syrie et continue d’écraser les minorités.
Son bilan récent est accablant, rien que depuis mars 2025 :
– Massacres d’Alaouites, enlèvements de femmes, menaces d’extermination.
– Attaques contre les Druzes depuis le 30 avril, avec appels publics au meurtre.
– Manifestations antisémites, tolérées ou encouragées par ses milices.
– Révision autoritaire de la Constitution, imposant la charia sans aucun vote démocratique.
Dans une vidéo publiée quelques heures avant son arrivée à Damas, il jurait : « Après Damas, ce sera la libération de Jérusalem »
C’est à ce type de président que le nôtre, Emmanuel Macron, s’apprête à donner sa bénédiction. Recevoir al-Charaa, c’est comme recevoir son cousin idéologique, Yahya Sinwar du Hamas. C’est légitimer la violence, la haine, l’idéologie djihadiste et l’impunité.
Une hypocrisie internationale
Pourquoi la France se précipite-t-elle ? Pourquoi l’Europe s’apprête-t-elle à financer un régime qui nomme à des postes clés des figures comme Ahmed al-Hays (alias Abou Hatim Shaqra), impliqué dans des exécutions, des trafics de femmes yézidies, et l’assassinat de la militante kurde Hevrin Khalaf ? La France sanctionne certains régimes mais récompense celui-ci ? Ce deux poids, deux mesures trahit les principes universels de justice. Pourquoi cette obsession macroniste ? Oui, la diplomatie exige parfois de maintenir des canaux de contact — même avec un régime islamiste. Mais cela doit se faire à la manière des Américains et des Israéliens : en maintenant la pression, et en imposant des conditions préalables à toute reconnaissance. Alors pourquoi cette urgence à le recevoir à l’Élysée ? Cette obsession d’être le premier pays occidental à lui dérouler le tapis rouge ? Pourquoi ne pas exiger, d’abord, des garanties claires pour la protection des minorités syriennes ? Pourquoi honorer un président islamiste, autoproclamé, sans aucune légitimité démocratique ?
Une trahison française
Je suis franco-syrien. Je n’attendais pas que la France sauve la Syrie. Mais j’espérais qu’elle reste fidèle à ses valeurs : justice, pluralisme, dignité des opprimés. En recevant Ahmad al-Charaa, Emmanuel Macron ne trahit pas seulement la Syrie. Il trahit les morts, les minorités, et la mémoire de ceux qui espéraient un autre avenir pour le Levant. Il est encore temps de dire non à cette infamie. Pour la mémoire des victimes de mon peuple.
© Alexandre Rifai Auteur Franco Syrien Fondateur de Ashteret_Forum

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