Quand l’AFP sous-entend une fois de plus qu’Israël réprime la presse. Par InfoEquitable

Ce que précise InfoEquitable

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A lire:

La libération, dimanche dernier, de prisonnières palestiniennes dans le cadre de l’accord entre Israël et le Hamas. Ammar Awad / REUTERS

Des Palestiniennes libérées par Israël à la suite de l’accord avec le Hamas racontent leur détention

Par Guillaume de Dieuleveult, envoyé spécial à Ramallah

Publié le 23 janvier à 19h27, mis à jour le 23 janvier à 19h27

TÉMOIGNAGES – Perçues comme des héroïnes de la «résistance», ces femmes dénoncent des conditions d’incarcération inhumaines.

Libérée dimanche par Israël dans le cadre de l’accord avec le Hamas, Bouchra el-Taouil a retrouvé l’appartement familial d’el-Birah, en Cisjordanie, près de Ramallah. Elle vient de passer plus de huit mois dans la prison de Damon, en Israël. Telle une personnalité politique, la jeune femme, strictement voilée et vêtue d’une longue abaya, enchaîne les interviews auprès de télévisions et de médias internationaux.

Lors de la première phase de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, trois otages israéliennes ont été libérées en échange de 90 prisonniers palestiniens. Parmi eux, des hommes condamnés pour terrorisme mais aussi 70 femmes, dont certaines, comme Bouchra el-Taouil, étaient incarcérées sous le régime de la détention administrative, c’est-à-dire sans jugement et pour une durée illimitée. « Lors de mon interrogatoire, l’officier de sécurité m’a reproché d’être une provocatrice parce que je dénonçais le génocide dans la bande de Gaza », explique cette jeune femme, qui se présente comme une journaliste indépendante.

Depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque terroriste du Hamas, nombreux sont les Palestiniens de Cisjordanie ou d’Israël à avoir été incarcérés pour avoir partagé sur les réseaux sociaux des opinions favorables à la « résistance palestinienne », ou fait part d’empathie à l’égard des habitants de la bande de Gaza.

«La plupart des Palestiniens ont un proche en prison»

Pour les Palestiniens, les prisonniers tels que Bouchra el-Taouil sont des héros de la « résistance ». À l’heure actuelle, selon l’ONG israélienne Hamoked, 10.221 Palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes, parmi lesquels 3376 détenus sous le régime de la détention administrative. Un nombre auquel il faut ajouter 1886 « combattants illégaux », principalement arrêtés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Ancien négociateur du processus d’Oslo, chercheur au Washington Institute, Ghaith el-Omari estime que la question des prisonniers est « une des plus importantes politiquement pour les Palestiniens, d’abord en raison de leur grand nombre. La plupart des Palestiniens ont un proche en prison, ou ont eux-mêmes été emprisonnés : ils sont concernés directement par le problème. » 

La plupart des Palestiniens ont un proche en prison, ou ont eux-mêmes été emprisonnés : ils sont concernés directement par le problème

Ghaith el-Omari, chercheur au Washington Institute

Il poursuit : « Et puis certains des leaders politiques palestiniens les plus populaires, comme Marwan Barghouti, sont incarcérés à vie. Il en était de même pour Yahya Sinwar , le chef du Hamas dans la bande de Gaza et architecte des attaques terroristes du 7 Octobre (avant sa libération en 2011). Cela fait de la question des prisonniers l’une des rares à être transversales dans la société palestinienne. » L’insistance des islamistes du Hamas à libérer, dimanche dernier, Khalida Jarrar, figure du Front populaire de libération de la Palestine, un mouvement marxiste-léniniste ou Abla Saadat, la femme d’Ahmed Saadat, leader de ce même mouvement lui aussi incarcéré, en est un bon exemple.

Pas de célébrations

Par un effet de miroirs saisissant mais fréquent, Israéliens et Palestiniens ont une perception assez semblable de la situation, mais en inversé : comme une photo et son négatif. Aux yeux de la société israélienne, les 250 otages enlevés par les terroristes du Hamas le 7 octobre sont des symboles nationaux. De ce fait, ils ont acquis une dimension politique essentielle. Il en est de même dans la société palestinienne à l’égard des prisonniers. Partageant un point de vue répandu dans la société palestinienne, Bouchara el-Taouil refuse d’ailleurs de considérer comme tels les quelque 90 otages israéliens toujours aux mains du Hamas : « ce sont des prisonniers, eux aussi », assure-t-elle.

D’habitude, en Cisjordanie, les libérations de prisonniers sont prétextes à de grandes fêtes, qui sont aussi des manifestations politiques. Mais pas cette fois : du fait de la guerre, la retenue est de mise. Dans la famille de Bouchra el-Taouil, tout le monde a connu la prison. « Ma mère y a passé un an », affirme-t-elle. Dans le salon où elle reçoit sont accrochées deux photos : celle de son père, Jamal, « proche du Hamas », reconnaît-elle, et incarcéré lui aussi depuis novembre 2023. « En tout, il a passé dix-huit ans en prison », précise-t-elle. Au-dessus de la porte, une photo vieillie montre son cousin Dia el-Taouil. « Il est mort en martyr dans une attaque sur la colline des Français, à Jérusalem, en 2001 », explique la jeune femme.

Des conditions de détention très dures

Au cours de sa détention, la jeune femme dit avoir perdu 15 kg : « on nous donnait le minimum pour survivre, et beaucoup de choses étaient périmées », affirme-t-elle. Bien qu’âgée de 30 ans, elle dit avoir déjà été incarcérée à sept reprises dans des prisons israéliennes. Mais, en dépit de l’habitude, elle semble marquée par la dureté de sa dernière expérience. « Le jour de mon arrestation, j’ai été tirée du lit par une dizaine de soldats. Je n’ai pas pu mettre mon voile : une soldate me filmait avec son téléphone en se moquant de moi. On m’a mis dans une cellule avec une caméra et pas de cloison autour des WC. J’avais mes règles mais on m’avait attaché les mains derrière le dos et je ne pouvais pas me changer. Quand on m’a enfin libéré les mains, je me suis aperçue que j’étais couverte de bleus, sur les bras et sur les jambes. » Transférée dans la prison de Damon, elle y vivra entassée, « à six ou dix par cellule, coupée du monde, contrainte de dormir sur un matelas puant mais jamais plus de cinq heures d’affilée. Au mois d’août, on m’a signifié que ma détention était prolongée de six mois », explique-t-elle.

On nous a agenouillées dans la cour, les yeux bandés, les soldats ont chanté l’hymne national israélien, puis ils disaient : « on va brûler Gaza », « on va détruire le Hamas »

Abla Saadat

Son témoignage est au diapason de ceux recueillis, quelques mois plus tôt, par B’Tselem, une organisation israélienne de défense de droits de l’homme. Dans un document publié l’été dernier, celle-ci dénonce « une politique institutionnelle, systémique d’abus permanents et de torture de tous les Palestiniens détenus en Israël ». À partir du 7 Octobre, ce régime a été encore aggravé sous la direction d’Itamar Ben Gvir, le ministre – démissionnaire – de la Sécurité nationale, qui a la charge du système carcéral. Les témoignages recueillis par B’Tselem font état de « refus de traitements médicaux, privations d’eau, de nourriture et de sommeil en contradiction avec la loi israélienne et la loi internationale ». Très sévère, l’organisation affirme que ce système de « torture » a pour conséquence de transformer les détenus en « animaux humains » et qu’il s’agit « de l’une des manifestations les plus extrêmes du système israélien de contrôle des Palestiniens. » Elle estime qu’il s’agit de « crimes de guerre, voir de crimes contre l’humanité ».

Au cours de son incarcération, Bouchra el-Taouil a partagé pendant cinq jours la cellule d’Abla Saadat. Âgée de 69 ans, cette femme a elle aussi été libérée dimanche dernier. Pour sa part, elle dit avoir perdu 16 kg en quatre mois de détention administrative. « J’étais traitée plus mal que les autres à cause de mon mari, Ahmed Saadat », affirme-t-elle. Sur les murs de sa maison, pas de versets du Coran mais des images du Che Guevara ou de son époux menotté, entouré de militaires israéliens en armes. Le 7 octobre dernier, jour anniversaire de l’attaque terroriste, elle dit avoir été sortie de sa cellule par des chiens et du gaz au poivre. « On nous a agenouillées dans la cour, les yeux bandés, les soldats ont chanté l’hymne national israélien, puis ils disaient : “on va brûler Gaza”, “on va détruire le Hamas”. » Dimanche dernier, quand elle a cru que son nom n’était pas sur la liste des libérées, elle s’est vue mourir. Assis près d’elle, son petit-fils écoute, sans un mot.

https://www.lefigaro.fr/international/des-palestiniennes-liberees-par-israel-a-la-suite-de-l-accord-avec-le-hamas-racontent-leur-detention-20250123

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2 Comments

  1. Je ne vois pas de différence de fond entre le Monde, Liberation, l’AFP, France Inter, BFMTV, LCI, Le Point, Franc-Tireur ou L’Express.
    Bien sûr, Le Monde, Libe et le service public remportent la palme de l’abjection (c’est l’équivalent moderne de la propagande vichyste et hitlerienne) mais les autres vehiculent au fond la même idéologie, les mêmes énormités et la même inversion accusatoire. Comme par exemple qualifier les anti islamistes d’extrême-droite et les Nazis pro islamistes de gauche. Comme faire l’éloge de l’UE, de Mitterrand, Merkel, Macron, Von der Leyen ou du parti démocrate américain, c’est-à-dire de tous les criminels ayant ramené en occident les Heures sombres…Peut-être pour toujours. Sur les autres sujets (Russie-Ukraine par ex) même mensonges et même énormités. Entre par exemple Le Monde et Le Point ou L’Express il s’agit plus d’une différence de degré que de fond. Le Monde est pire et devrait même etre interdit mais ils représentent tous le camp de la barbarie islamiste à un degré plus ou moins grand : voyez pour qui ils ont fait campagne en 2017, 2022 et 2024…Et vous savez ce qu’ils sont.

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