« Comment nos cœurs vont-ils tenir 42 jours ? » La Chronique de Rachel Darmon

Ames sensibles, s’abstenir. Cardiologues du pays, aidez-nous ! Comment nos cœurs vont-ils tenir 42 jours ?

Vous avez vécu, comme moi, la journée historique du dimanche 19 janvier 2025. Vous savez de quoi je parle.

Je ne vous parlerai pas de l’attente insoutenable devant le poste de télévision.

Je ne vous raconterai pas la joie d’accueillir, dans mon salon, Daniel Hagari, plus charismatique et ému que jamais.

Ni des images insoutenables des terroristes du Hamas paradant autour de la voiture de la croix rouge: elles m’ont lacéré les entrailles.

Je ne vous raconterai pas l’effervescence dans les groupes WhatsApp. La famille, les amis du monde entier ont le souffle coupé, le cœur bat à l’unisson. On voudrait se tenir la main, faire une grande chaîne. On vit ce moment ensemble (à part Tata Esther qui choisit ce moment historique pour nous inviter à son anniversaire, dans un mois. Ou Jacqueline qui s’affole : « Je n’ai pas la T.V, que se passe-t-il ? On a enfin trouvé un vaccin contre le COVID ? je peux enlever mon masque et sortir de chez moi ? »)

Demandez-moi…

Je n’évoquerai pas les croyances naïves New-Age, relayées par des journalistes qui se prennent pour des spécialistes du développement personnel, affirmant que « nos pensées donnent forme à la réalité. Cela expliquerait le retour de ces 3 femmes, leur mère n’ont cessé d’y croire ». Demandez aux parents des 27 otages assassinés si leurs pensées n’étaient pas assez pures. Les parents d’ Eden Yéroushalmi, de Carmel Gatt, de Hersh Goldberg-Polin. Demandez-moi.

Je ne m’attarderai pas sur un évènement historique moindre, passé inaperçu : aucune publicité n’a été diffusée. Plus de trois heures sans UNE SEULE pub. Sur toutes les chaînes de télé. Du jamais vu.

Je ne m’étendrai pas sur les acclamations de joie des voisins, raisonnant dans la rue. Dans tout le pays.

Ni sur les milliers de gens réunis à « La Place des otages », respirant difficilement d’un même souffle.

Je ne parlerai pas du ministre hué par cette foule : quelques heures après avoir voté contre l’accord d’un cessez-le-feu, il est le premier à tweeter sa joie de leur libération.

Je n’évoquerai que cette seconde précieuse, ce moment intense et intime où trois mamans ont pu serrer leur fille dans leur bras. Cette seconde d’éternité. Le Bien a gagné sur le Mal absolu, sur la bestialité. Une once d’harmonie a recouvert le monde. La joie s’est mêlée à notre peine, à nos souvenirs, à nos craintes. Romi, Doron et Emily sont à la maison. Enfin.

Comment nos cœurs vont-ils tenir 42 jours ?

© Rachel Darmon

Née à Paris, Rachel Darmon vit en Israël depuis plus de 30 ans. Professeur de français, éducatrice, guide touristique, elle a toujours écrit. Lauréate du « Prix des arts et des lettres » pour sa nouvelle « Le mur du bruit », elle a publié deux romans chez Folies d’encre : « Le gâteau de Varsovie » et « Tâter le diable ».

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3 Comments

  1. Nous avons vécu cette journée le coeur battant ,les yeux rivés sur l’écran en regardant, comme si nous étions avec elle, cette foule en attente, impatiente, avec un mélange d’espoir et d’inquiétude, il y avait du retard, c’était insupportable, nous avons supporté. Et puis elles sont d’abord arrivées toutes les trois Romi Doron Emily, une foule hostile de gazaouis déchaînés qui hurlaient sur elles ,notre coeur battant encore plus vite, et un hélicoptére va les ramener en Israel et elles vont retrouver leur famille, notre coeur a tenu le coup, cette fois. 42 jours à attendre, ensemble avec Rachel Darmon.

  2. oui nous avons vécu cette journée magnifique
    hélas comment les familles vont elles supporter
    cette attente interminable
    savoir qui est vivant qui est mort
    ce sont à nos otages qu il faut penser

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